L'Aisne avec DSK

18 février 2007

L'oeil du net.

Alain Duhamel, chroniqueur politique de longue date et de renom, est sanctionné pour avoir dévoilé, au cours d'une conférence en novembre devant des étudiants, qu'il voterait Bayrou. Je ne veux pas exagérer l'incident. Duhamel lui-même a reconnu son erreur (mais juge, avec raison, disproportionnée la réaction des media). Il continuera d'être présent sur RTL, mais sous une autre forme que la chronique politique.

Cependant, nous ne sommes pas devant un fait divers ou une pure erreur professionnelle. L'affaire a été révélée sur internet, en diffusant la parole incriminée (trois mois après!). L'oeil du net (on parlait jadis de l'oeil de Moscou) devient le juge suprême. Plus personne n'a droit à l'erreur, à la phrase malheureuse, à la confidence personnelle. En termes scolaires, nous dirions que le professeur Duhamel a été "sacqué".

Un néopuritanisme apparait: l'obsession de la perfection. La plus petite faute est impitoyablement traquée et dénoncée. Le net est d'ailleurs bien nommé: faire place nette, règne de la netteté, de la transparence, avec l'hypocrisie qui accompagne toujours cette mentalité. On accuse Alain Duhamel, honnête homme, journaliste compétent et consciencieux, on ne dit pas un mot de tous ceux, individus et media, qui travaillent souterrainement pour tel ou tel candidat.

La classe politique, si prompte à défendre la liberté, est restée étrangement silencieuse sur ce qui est arrivé à Duhamel. DSK le premier et le seul (Bayrou est intervenu après, mais il est bien sûr partie prenante) a dénoncé fort justement le "délit d'opinion" dont Duhamel est la victime.

Bon après-midi.