L'Aisne avec DSK

12 février 2007

Questions de morale.

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans les années 80, à la suite des succès de SOS-Racisme, on a beaucoup parlé d'une "gauche morale", souvent de façon péjorative. En regardant hier sur internet Nicolas Sarkozy à la Mutualité devant ses comités de soutien, je me demandais s'il n'y a pas maintenant une "droite morale". Le candidat de l'UMP a dit en effet que sa campagne serait celle des "valeurs". Fort bien, la morale est une très jolie chose, mais de quelle morale et de quelles "valeurs" s'agit-il? Car le problème avec la morale, avec toute morale, c'est qu'elle se prétend universelle, ce qui interdit de la contester, mais il est flagrant que chacun a la sienne.

Donc, quelle est la morale de Monsieur Sarkozy? Elle s'appuie essentiellement sur la "valeur travail". Voilà les leçons principales qu'elle administre:

- Au rmistes, elle dit que ce n'est pas bien d'être un assisté, qu'il faut une activité contre une allocation. Mais justement, le rmiste recherche le plus souvent une activité, qu'on appelle un emploi, et qu'il ne trouve pas. Alors, comment faire? Inventer une activité, n'importe quoi, pour que le rmiste paie son dû à la société? Et si la société était un peu responsable de la situation du rmiste? (il faut penser à tout quand on choisit de s'intéresser à la morale).

- Au chômeur, la morale de Monsieur Sarkozy demande de retrouver assez vite un emploi, et de ne surtout pas refuser celui qu'on lui propose. Mais le chômeur a-t-il le droit d'avoir des exigences? Et surtout, l'économie ne devrait-elle pas créer pour lui des emplois conformes à sa formation? Au lieu de commencer par la morale, ne faudrait-il pas commencer par l'économie?

- Au smicard, la morale du candidat de la droite conseille vivement de travailler plus et même dur pour gagner un peu plus d'argent. Mais si le smicard travaille déjà beaucoup, ou simplement normalement, correctement, est-il normal (et moral) qu'il soit obligé d'en faire plus qu'un autre pour vivre décemment?

Voilà ce qui arrive, Monsieur Sarkozy, lorsqu'on s'aventure sur le terrain vertueux mais vermoulu de la morale.

Une dernière chose: votre morale, pourquoi la réservez-vous à ceux d'en bas? Oh bien sûr, vous avez une fois parlé des "patrons voyous". Moi, je parle de ceux qui gagnent énormément d'argent sans que cela soit vraiment justifié par leur travail. Je n'ai rien contre eux mais je vous prends à votre propre jeu: pourquoi, à eux, vous ne faites jamais la morale?

Bonne nuit, et faites de beaux rêves... moraux.