L'Aisne avec DSK

06 mars 2007

Bobo Bayrou.

Bonjour à toutes et à tous.

Libération du 2 mars donnait la parole à ces électeurs de gauche qui ont l'intention de voter Bayrou. J'y reviens parce que ce n'est pas banal, être de gauche et voter à droite. Je prends l'exemple de Nora, jeune femme intelligente, inspectrice des impôts, l'un de ces "bobos" tentés par Bayrou dont nous parle Libé et que je cite: "Si je me faisais plaisir, je voterais Besancenot, mais là, je me dis qu'avec Bayrou au second tour de la présidentielle, j'élimine Sarko et Ségo d'un seul coup."

Oui, vous avez bien lu, chaque mot a son importance et l'argument mérite commentaire. Nora va voter Bayrou mais le candidat de son coeur (de son "plaisir"), c'est... Besancenot. Ce qui signifie qu'une sympathisante trotskyste va donner son suffrage à un démocrate-chrétien (car il faut appeler un chat un chat et utiliser mots et étiquettes précis et adéquats). Première contradiction.

Nora a manifestement choisi le devoir et pas le "plaisir". Quel devoir? "Eliminer Sarko et Ségo d'un seul coup". Si je comprends bien, son vote n'est pas de conviction mais d'élimination. A la limite, notre bobo vote Bayrou sans être nécessairement d'accord avec lui puisque l'objectif est autre. Deuxième contradiction. Le vote doit exprimer un point de vue, incomplet, insatisfait, relatif certes, mais un point de vue, une option, un choix.

Bien sûr, tout engagement politique est aussi un refus, et si je suis de gauche, c'est en partie parce que je rejette la droite. Mais Nora, en refusant "d'un seul coup" Sarkozy et Royal, rejettant la droite et la gauche, ne manifeste pas un véritable refus politique, qui est toujours le prélude, la cause, la condition d'un vrai choix. Tout refuser, c'est ne rien refuser vraiment. Nora n'est pas dans une opposition raisonnée et ciblée, elle est dans une élimination (c'est le verbe qu'elle emploie) systématique, une pure et simple contestation, je dirais même une forme de nihilisme. Troisième contradiction.

Et ce n'est pas fini. "Bayrou au second tour de la présidentielle"? Qu'en sait-elle? Même si le candidat de l'UDF obtient aujourd'hui 20% dans un sondage, il reste loin derrière Sarkozy et Royal. De plus, ces mêmes sondages signalent l'extrême volatilité du vote Bayrou. Nora, qui se veut avant tout tacticienne, calcule bien piètrement. En tant que femme de gauche et possible électrice de Besancenot, je suppose qu'elle veut surtout éliminer Sarkozy. Eh bien, en votant Bayrou, elle affaiblit la seule candidate capable réellement de le battre, Ségolène Royal. Quatrième contradiction.

A Nora, je dis que la politique ne consiste pas à se faire plaisir (elle a donc raison de ne pas voter Besancenot) ni à manipuler ou instrumentaliser les candidats (elle a tort de voter Bayrou).La politique, c'est faire des choix en cohérence avec des convictions. Si Nora est sincèrement de gauche, réformiste, socialiste, elle doit être logique avec elle-même et voter, comme je le souhaite, Ségolène Royal.

Bonne matinée.

2 Comments:

  • Sans croissance, DSK l'a bien précisé, impossible d'appliquer le moindre programme quel que soit le candidat.

    Il faut faire une politique sociale de gauche, avec une politique d'investissement et de création d'entreprise beaucoup plus ambitieuse que ce que propose la droite. Mais ce dernier point fait peur à la gauche. Ce n'est qu'en ayant de la richesse que l'on peut la distibuer. Il faut donc enrichir le pays, l'Europe par extension. Donc d'avoir une politique économique concertée, et là tout le monde est d'accord. Pour la gauche, cela implique de quitter le logiciel de la réclamation permanente, et d'avoir une force de proposition et de dialogue. C'est la sociale démocratie. En rajoutant une économie industrielle performante de start-up, à l'image californienne, on se donne une chance dans la mondialisation. On peut alors devenir un modèle pour le monde entier. Tous les démocrates sont d'accord sur de dernier point, sauf que jouer au monopoly avec des euros n'est pas habituel comme cela se pratique avec des dollars. Il y a donc une révolution culturelle à faire, et un séisme à prévoir.

    Il manque une grosse dose de capital risque venant des États européens pour que de nouvelles entreprises innovantes puissent arriver à contrer sur le marché mondial celles se montant en Californie. Pour développer un projet tel que:


    href="http://jeanpierre.becker.free.fr/theboat/index.html"> http://jeanpierre.becker.free.fr/theboat/index.html


    il faut disposer d'un minimum de cinq millions d'euros pour démarrer. Cela ne peut être fait que dans un cadre parfaitement défini. On est toujours dans le cadre de PME, mais ayant la capacité de devenir leader sur le marché mondial, et donc de rapporter la richesse nécessaire pour rembourser la dette, et la capacité de créer de nouveaux emplois à haute valeur salariale.

    By Anonymous Anonyme, at 11:43 AM  

  • C'est la très grosse lacune du projet présidentiel de Ségolène Royal. L'innovation est découplée de la recherche car c'est lié au monde de l'entreprise, et pour éviter les doublons en Europe, il faut disposer d'une capitale économique et culturelle centralisant au niveau européen ces énergies:

    http://jeanpierre.becker.free.fr/Schuman/index.html

    Le crédit public suppose un remboursement. Le capital risque implique que si l'idée ne marche pas, les fonds sont perdus. Mais c'est avec cette méthode que Google a réussi a obtenir 100 000 $ puis 25 millions de dollars de capital risque pour valoir à l'introduction en bourse 23,1 milliards de dollars:

    http://www.journaldunet.com/diaporama/0603google-story/1.shtml

    Imagine Emmanuel ce que l'inventivité des Européens et plus particulièrement des Français pourrait faire si elle n'était pas freiné par la difficulté d'obtenir les fonds nécessaires pour effacer la dette et tirer l'ensemble des salaires par le haut.

    Le problème est éminemment sérieux et mérite mieux qu'une demie ligne dans un programme.

    J'ai donc un bon programme présidentiel, mais malheureusement aucune possibilité de me présenter. Je me rabat donc sur le plus apte à comprendre et à le défendre, et mon anlyse me porte à défendre DSK. Patatras, il s'est fait doubler par Ségolène Royal...
    Nullement découragé, je développe les idées de mon programme, comme tu peux le constater, et l'offre à qui veut bien s'en saisir.

    J'espère qu'au final, il sera intégré dans l'action du prochain président. Peu importe la couleur du chat, pourvu qu'il attrape la souris.

    By Anonymous Anonyme, at 11:47 AM  

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