L'Aisne avec DSK

08 avril 2007

Au pain et à l'eau.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai animé hier un café philo à Guise sur le thème: l'enfant doit-il être roi? Un participant a évoqué la polémique de la semaine, ces enfants réduits au pain et à l'eau parce que leurs parents n'ont pas payé la cantine. Je m'attendais à ce que l'intervention fustige la dureté de la mesure, souligne l'innocence des enfants, suggère une solution plus décente. Quelle ne fut pas ma surprise! Au contraire, la punition semblait normale, et choquantes les réprobations! Le monde à l'envers, en quelque sorte.

Les arguments du monsieur étaient les suivants: il faut réagir face aux mauvais payeurs, le pain et l'eau ce n'est pas si grave, que ces enfants s'estiment heureux d'avoir eu de quoi manger, il y a tant d'enfants à travers le monde qui rêvent d'un peu de pain et d'eau... L'assistance n'a pas désapprouvé ces propos tout de même surprenants.
J'ai essayé, c'est mon boulot d'animateur, de nuancer timidement la dureté du jugement, de laisser entrevoir que donner du pain et de l'eau à des enfants devant d'autres enfants qui, eux, mangent normalement n'était peut-être pas le meilleur exemple dans une cantine scolaire. Non, rien n'y a fait. Je me suis même vu répondre que les enfants gâchaient énormément, que ça ne pouvait pas leur faire de mal de se mettre un jour au pain et à l'eau!

Les gens du café philo sont de braves gens, gentils, ouverts, généreux, souvent progressistes. Mais ils sont aussi capables d'exprimer de telles "idées". Ce qui confirme ce que je pense depuis longtemps et qui me semble évident: la conversion de toute une partie de la population aux valeurs d'ordre et d'autorité, c'est à dire sa droitisation, y compris chez des personnes qui ont une culture de gauche. Attention, les lecteurs de ce blog le savent: le respect et l'application de la loi (que je défends) n'a rien à voir avec le désir d'ordre et d'autorité (que je condamne).

Mes amis, il nous reste quinze jours avant le 1er tour. Il nous faut résister à cette tentation illusoire de l'ordre et de l'autorité qui a gagné notre propre camp, une partie de nos électeurs. Battons nous sur les questions économiques et sociales, là où nous sommes les plus forts. Nous avons une bonne candidate, qui a compris les évolutions de notre société, qui a entrepris de moderniser la gauche. Très bien. Maintenant, il faut gagner. Amis, ce ne sera pas facile, le vent qui souffle ne va pas toujours dans notre direction. Mais c'est possible. Les indécis sont nombreux. Chacun d'entre vous en connait au moins un ou deux. Alors, allons y, gentillement et fermement. Le 22 avril, il n'y a qu'un seul vote: Ségolène Royal.

Bon week-end de Pâques.