L'Aisne avec DSK

26 mai 2007

Café philo.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai animé hier deux cafés philo dont le compte rendu sera instructif pour ce blog politique. Un café philo, ou café citoyen, comme vous voulez, est un lieu où chacun vient librement pour écouter ou parler de sujets importants. Ce genre de lieux se multiplient depuis quelques années parce qu'ils conjuguent la liberté, la convivialité et une certaine gravité. Il en est fini de la conférence classique ou de la réunion-débat dans laquelle la parole est confisquée par quelques spécialistes. Au café philo, il y a certes un animateur, mais ce n'est surtout pas un leader ou un guide! J'irai presque jusqu'à dire que ces cafés où l'on cause réinventent la démocratie, car sa première manifestation est l'expression de la parole. Dans le silence, pas de démocratie.

Hier après-midi, au Centre social de Guise, avec un public de femmes rmistes, nous discutons autour de la question: L'enfant doit-il être roi? Toutes me disent que non, que la société actuelle a gâté et donc pourri l'enfant, qu'il faudrait revenir à plus de sévérité. Fort bien. Mais lorsque nous approfondissons la réflexion, que constatons-nous? Que plusieurs dames présentes ont installé dans la chambre de leurs jeunes enfants... l'internet et la télévision!

Je me permets de leur souligner la contradiction entre un discours répressif et une pratique laxiste. Extraordinaire duplicité ou plasticité de la nature humaine: elles me répondent que c'est pour soustraire l'enfant aux programmes regardés dans le salon par les adultes, et que de toute façon, à 21h00, l'enfant est couché et ne regarde pas la télé. Mon oeil! On n'installe pas un poste dans une chambre pour qu'il ne soit pas regardé.

Dans la même conversation, une ancienne soixante-huitarde, et fière de l'être, vante son côté rebelle hérité du fameux mois de Mai. Fort bien. Mais que pense-t-elle de l'Ecole d'aujourd'hui? Que plus rien ne va, autorité, respect, apprentissage des savoirs, depuis, je vous le donne en mille... Mai 68! La révolution dénoncée par ses supporters! Là encore, je lui fais remarquer la "petite" contradiction. Elle me répond que 1968 a été un progrès en toute chose... sauf en matière d'éducation. Je lui réplique que 68 est un tout comme Clémenceau disait de 89 que c'était un "bloc", et j'argumente sur les bienfaits d'une Ecole qui a changé, qui s'est ouverte dans les collèges et lycées aux classes populaires, qui a autorisé les élèves à participer et qui a mené une réflexion sur la pédagogie.

Ce que je retiens de ce café philo, ce sont deux choses, politiquement significatives:
- Nos concitoyens sont pris dans des contradictions où il est difficile, pour l'homme politique, d'y voir clair et de trancher. Jadis, l'idéologie refoulait ou assimilait ces contradictions, qui aujourd'hui s'expriment sauvagement.
- Mai 68 est l'objet fréquent d'un rejet, chez ceux-mêmes qui s'en réclament en partie. La droite a gagné sur ce point décisif une bataille culturelle, en introduisant ses idées au sein même de l'électorat de gauche. Alors que le laxisme est beaucoup plus la conséquence du néolibéralisme et de la société de consommation que du mouvement utopiste de Mai!

Bon après-midi.