L'Aisne avec DSK

25 mai 2007

Vite, vite, vite.

Ca n'arrête pas. Pas un seul jour qui passe sans qu'on apprenne au moins une nouvelle mesure gouvernementale. Les ministres sont à l'image de leur président: hyperactifs. Les français semblent apprécier. Enfin ça bouge, enfin quelqu'un qui agit et qui va faire changer les choses. Permettez moi d'être perplexe et de casser un peu l'ambiance. Les hyperactifs sont des euphoriques qui deviennent assez vite des dépressifs. Car combien de temps ce train d'enfer va-t-il durer? Je vous invite à méditer ces quelques réflexions:

- La politique n'est pas la mise en scène perpétuelle d'une action incessante. Ou bien alors nous avons affaire à des activistes et des aventuriers, pas des politiques dignes de ce nom. En politique, les grandes actions sont précédées de grands moments de méditation et de solitude. Nicolas Sarkozy en semble incapable. Si c'est le cas, il ne fera rien de très grand.

- La politique s'inscrit dans la durée. L'action importe moins que ses conséquences. Il faut savoir gérer le long terme, prendre son temps, être patient. On ne peut pas inventer chaque jour quelque chose de nouveau. Il faut attendre les effets de ce qu'on a entrepris. Nicolas Sarkozy est un homme pressé, obsédé par l'instant. Si cela se confirme, il ne fera rien de très durable.

- La République française est parlementaire. C'est par l'Assemblée que s'exprime la souveraineté nationale. Or nous nous orientons vers une hyperprésidentialisation, où tout se concentre entre les mains du chef de l'Etat. Les élections législatives de juin sont vécues quasiment comme une formalité. Sarkozy nous dit: donnez moi les moyens de gouverner. Comme s'il ne les avait pas déjà! Cette dérive institutionnelle promet bien des déconvenues. La représentation parlementaire est reléguée au second plan, le Premier ministre voit son rôle réduit. En cas de crise, le président sera au premier rang et rendu directement responsable. Si cette tendance perdure, l'équilibre institutionnel sera fragilisé.

Bonne fin d'après-midi.


PS: un socialiste a-t-il le droit d'applaudir Nicolas Sarkozy? Oui. Alors bravo pour la fin de cette inique et hypocrite tradition d'amnistie présidentielle des infractions routières.

2 Comments:

  • Vous venez de comprendre comment fonctionne un banal chef d’entreprise. Ce n’est donc pas propre à Sarkozy. Il est devenu le PDG de la France, et face à la faillite économique qui nous menace il essaie de faire repartir la machine à fabriquer de la richesse, celle que l’on peut ensuite distribuer pour que chacun puisse avoir sa part et que tous baignent dans le bien-être. L’esprit fonctionnaire est beaucoup plus calme, on laisse les choses venir, il y a des fois où cela ne suffit pas.

    By Anonymous Anonyme, at 10:33 AM  

  • Le président de la République est-il le PDG de la France?
    A quinze jours du bac de philo, ce pourrait être un intéressant sujet de philosophie politique, à soumettre à mes élèves.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:45 PM  

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