Des questions fondamentales.

Je reviens sur cet important ouvrage, Effondrement, dont je vous ai ici recommandé la lecture. Jared Diamond développe quelques points qui ont retenu mon attention et que je soumets à votre réflexion:

- 80% de la population planétaire vit sous l'antiquité ou au moyen âge, dans la faim, la misère, la guerre ou l'esclavage. Combien de temps les 20% pourront ignorer tous les autres? Tout projet politique ne peut être que mondial. La gauche doit retrouver son internationalisme initial.

- Si les 80% adoptaient les modes de vie des 20%, la Terre deviendrait invivable, les ressources seraient immédiatement épuisées, la nature n'y survivrait pas. Pourtant, cette émancipation des 80% ne serait-elle pas légitime? Et ne se dirige-t-on pas lentement dans cette voie? Il y a dans cette situation une tragique contradiction. Comment les sociétés pourront-elles la surmonter?

- Les peuples sont naturellement expansifs, guidés par un désir de conquête. Les polynésiens venus d'Asie se sont répandus à travers les îles du Pacifique, bravant un océan aux dimensions gigantesques. Les vikings, partis du nord de l'Europe, sont allés jusqu'en Amérique du nord. A chaque fois, les conditions sont très hostiles mais la volonté de découverte est la plus forte. Que sont les modernes explorations? La conquête de l'espace, depuis juillet 1969?

- Les civilisations contribuent à leur propre disparition en s'investissant dans des entreprises grandioses, inutiles et dangereuses, dont l'économie aurait été bienfaisante. Quand les habitants de l'ile de Pâques sculptent de magnifiques statues qui font la splendeur de leur société, ils signent leur acte de mort. La déforestation nécessaire à ce travail a exténué les ressources naturelles et humaines de ce monde isolé, que plus rien alors ne pouvait sauver. Aujourd'hui, à quelles oeuvres de prestige faudrait-il renoncer?

- Une note optimiste pour terminer: Diamond nous demande de prendre exemple sur les Pays-Bas, condamnés à disparaitre sous les eaux, mais dont les choix politiques et économiques ont sauvé du déluge. La planète doit réagir de même, face aux problèmes qui sont les siens.

Bonne soirée.