L'Aisne avec DSK

02 mai 2007

Le PS de demain.

Henri Emmanuelli appelle à la création d'un "parti progressiste" rassemblant les réformistes et les antilibéraux, que rien d'essentiel ne sépare, dit-il. La proposition est à la fois intéressante et étrange. Etrange parce que Henri s'adresse à l'extrême gauche (car l'antilibéralisme, c'est elle) au moment où celle-ci prouve son immaturité politique, sa désunion chronique et son reflux électoral (du moins par rapport à la précédente présidentielle). Etrange parce que l'électorat que nous devons aujourd'hui capter, ramener à nous, c'est l'électorat de centre gauche, fondu dans le vote Bayrou. Bref, le problème politique qui est posé au PS, ce n'est pas l'existence de Bové mais celle de l'UDF.

Je m'explique cette étrangeté par une façon de conjurer la tendance actuelle . Emmanuelli sent que quelque chose lui échappe, dérive vers ce qu'il redoute, le rapprochement avec les centristes. D'où l'étrange proposition qui tombe de façon on ne peut plus incongrue. En même temps, l'analyse n'est pas inintéressante puisqu'elle admet que le PS doit changer, que la question de ses alliances se pose désormais, que le bon score socialiste du premier tour est limité par le mauvais score global de la gauche.

Ce n'est pas d'un parti progressiste dont nous avons besoin, du moins tel que le définit Emmanuelli, c'est d'un véritable parti social-démocrate qui rassemble toutes les sensibilités authentiquement réformistes de la gauche, socialistes, communistes, radicaux, républicains, écologistes, altermondialistes et, pourquoi pas, centristes.

Mais avec l'extrême gauche trotskyste, Besancenot, Laguiller et Schivardi, j'avoue être sceptique. Ils ont toujours manifesté leur profonde hostilité au PS en particulier et aux réformistes en général. Contrairement à Emmanuelli, je crois fermement au clivage idéologique et politique entre la gauche réformiste et la gauche antilibérale, qu'on appelait il n'y a pas si longtemps anticapitaliste et révolutionnaire.

Et ce n'est pas parce que Laguiller a appelé à voter Royal les yeux fermés que cela me fait changer d'avis. Au contraire, cette rapidité prouve que l'extrême gauche demeure dans un rapport purement instrumental à l'égard du PS. Ce qui ne nous empêche pas de nous retrouver dans la rue, dans les manifs, pour des combats bien ciblés. Mais ensemble dans un même parti, non.

A Henri, je rappelle que l'idée d'un parti de toute la gauche a été lancée il y a environ un an par... DSK.

Bonne fin d'après-midi.

6 Comments:

  • On ne peut pas ménager la chèvre avec le choux. Les communistes font partie de l’extrême gauche, en attente du grand soir, l’internationale avec le poing levé. Ce n’est pas compatible avec le centre démocrate, à moins d’envisager un montage bâtard, genre courants antagonistes dès le départ qui finiront par faire éclater l’amalgame.

    C’est à partir d’un manifeste clair que l’on peut rassembler. Pas en récupérant tout et n’importe quoi juste pour faire masse. Et je me questionne toujours sur comment faire pour monter des entreprises innovantes sans capitaux.

    Encore un dogme à laisser aux oubliettes de l’histoire cher ami.

    By Anonymous Anonyme, at 7:16 PM  

  • ce sarko quel roquet mais bien mouché par segoléme et tres impoli envers une femme il se croit deja à la téte du pays qu il n oublie pas qu il à dit toutes les femmes du monde battues doivent venir en france et lui contre l immigration clandestine vive sego a bas le roquet

    By Anonymous Anonyme, at 3:23 AM  

  • Révolutionnaires dans le discours, les communistes sont depuis longtemps réformistes dans leurs pratiques. Consulter sur ce sujet les réflexions d'Alain Bergougnioux.
    En 1968, les pires adversaires de l'extrême gauche, c'était le PCF. Bon, il y a 39 ans, mais enfin...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:59 AM  

  • Le mur du réel comme celui de Berlin a réduit le discours marxiste à une coquille vide. Il reste la continuité historique. Si on remonte au congrès de Tours en 1920, qui prôna pour les socialistes la conquête des armes sans le recours à la violence, alors que les communistes firent couler abondamment le sang tout au long de leur règne, quand on entend Arlette prôner le troisième tour dans la rue, on comprend, sans ambiguïté, que les structures mentales perdurent à gauche. Compte tenue de l’évolution de la mondialisation, c’est son échec annoncé.

    Mon pronostic est donc Nicolas Sarkozy entre 53 et 57 % à l’élection présidentielle. Et le votre cher Emmanuel ?

    By Anonymous Anonyme, at 1:40 PM  

  • Je me refuse à tout pronostic, étant avant tout militant. Mon seul pronostic, c'est le résultat de mon désir: la victoire de Ségolène Royal.
    Un pronostic sérieux ne pourrait que résulter d'un calcul de type mathématique. Comme les résultats électoraux sont des chiffres, de savantes estimations sont possibles. Pour peu qu'on s'y prête, et c'est un jeu d'enfant, le pronostic est clair: Sarkozy va gagner.
    Sauf que la politique a plus à voir avec la physique qu'avec l'arithmétique. 2+2 peuvent faire 3 ou bien 5. Les forces, poussées et autres énergies qui travaillent le corps électoral conduisent à des dynamiques insoupçonnées. On a vu des candidats logiquement battus l'emporter politiquement.
    La politique, c'est le désir et l'action, pas le calcul.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:31 PM  

  • Une seconde avant son décès, le mort était encore vivant.

    Prendre son désir pour une réalité n'est pas opératoire.

    Sans plan, sans idées, sans vision, juste avec une méthode qui se contente d'amalgamer, c'est l'échec assuré. Désolé.

    By Anonymous Anonyme, at 4:54 PM  

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