L'Aisne avec DSK

05 mai 2007

Un jeune de 86 ans.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est demain le grand jour. En attendant, lisez donc le supplément du Monde daté de ce jour. Edgar Morin s'entretient avec Luc Ferry sur la présidentielle. Un vrai régal. Morin m'épate. Cet homme de 86 ans a un esprit d'une étonnante jeunesse. Il pense l'avenir comme s'il lui restait l'éternité à vivre. En ces jours où l'on évoque Mai 68, Edgar Morin est à mes yeux ce que 1968 a fait de mieux: un hédoniste, un libertaire, un cosmopolite. Morin est d'autant mieux soixante-huitard qu'il l'était avant le mois de Mai. Ses écrits montrent qu'il avait pressenti ce qui se tramait.

J'ai rencontré personnellement Edgar Morin il y a une dizaine d'années. Je travaillais à l'époque pour un syndicat enseignant, il préparait avec Philippe Meirieu la réforme des lycées et m'avait invité à sa table. J'ai retenu alors ce que je retrouve encore aujourd'hui en lui, son imagination, son enthousiasme, sa gourmandise intellectuelle. Lisez ceci dans Le Monde:

" Il nous faut apprendre à vivre dans l'incertitude, ce qui n'est possible que si l'on peut vivre pleinement de façon poétique, dans l'amour, la fraternité, la communion... Selon moi, ce qui pourrit véritablement les vies, ce sont les choses "prosaïques" que l'on est obligé de faire sans joie et sans intérêt, pour survivre. Or vivre, c'est vivre poétiquement, d'amour, de jeu, de communion."

Ou encore ceci:

"Je crois malgré tout qu'il existe au niveau de la France la possibilité d'une politique de civilisation. Cette politique passerait par la revitalisation des campagnes, l'humanisation des villes, la restauration de la qualité de la vie, la création d'institutions de solidarité."

Mais aussi:

"Il faudrait créer (...) par exemple un observatoire permanent pour traiter des inégalités extrêmes, un service civique de la fraternité pour inciter les jeunes à rendre service à autrui... La fraternité, c'est la forme suprême de la solidarité".

J'arrête là, tant il est vrai que je pourrais tout citer. S'il reste un soixante-huitard, un vrai, ce sera Edgar Morin.

Bonne soirée.