Que le débat commence!
Bonjour à toutes et à tous.
Le Nouvel Observateur lance un appel à contributions pour réfléchir à la refondation de la gauche (textes à envoyer à : parole@nouvelobs.com) . Libération ouvre ses colonnes à des intellectuels sur le même thème. Je m'en félicite. Il faut commencer par la bataille des idées pour préparer les victoires politiques. Le chemin sera long et difficile mais la gauche n'a pas le choix. C'est ça ou dix ans de Sarkozy!
Dans Libé de ce matin, je vous recommande la tribune d'Alain Lipietz, un penseur original, un économiste de renom, un écologiste éclairé dont je suis les travaux depuis une vingtaine d'années. J'avais apprécié en son temps, au milieu des années 80, son ouvrage "L'audace ou l'enlisement". Pour Lipietz, la défaite aux présidentielles procède d'une illusion, celle du rejet du Traité constitutionnel européen:
"Le non de 2005, reconduction de l'Europe ultralibérale existante, annonçait la "non-alternance" de 2007".
Je me souviens alors, en 2005, de l'enthousiasme de mes camarades socialistes qui avaient voté contre la Constitution européenne. Pour eux, un "boulevard" s'ouvrait sous nos pieds pour 2007, pourvu que le PS ait la sagesse de désigner à cette élection un "noniste", comme ils aimaient à se qualifier. A leurs yeux, les temps étaient mûrs pour "l'antilibéralisme". Erreur de perspective, confusion des genres, incompréhension de la société moderne, aveuglement idéologique, toujours est-il que la réalité est venue briser le rêve.
Alors, que propose Lipietz pour une "nouvelle gauche"?
"Inventer une version plus chaleureuse de la protection sociale: sécurité contre la solitude et les peurs de la vieillesse. Car le sentiment d'insécurité ne peut être combattu que par un resserrement des liens sociaux. Cela passe par une relance de l'activité associative, du tiers secteur d'économie sociale et solidaire, des régies de quartiers, tout autant que par une police de proximité".
Cette réflexion rejoint celle d'Edgar Morin, dont je vous avais entretenu il y a quelque temps, et aussi, à sa façon, celle de Philippe Val dans Charlie-Hebdo de cette semaine, dont je vous reparlerai. Oui, la protection sociale doit être au coeur des préoccupations de la gauche, à condition de rompre avec sa tradition étatique, non par principe, mais d'expérience: l'étatisme a ses limites. Regardez ce qui s'est passé durant la canicule de 2003: le "meilleur système de santé au monde" a été tragiquement mis en échec, non pas faute de moyens, mais parce qu'il lui a manqué une organisation, une culture, des réflexes qui lui auraient permis d'anticiper et de gérer la crise.
Un socialiste, c'est le mot qui le dit, est quelqu'un qui croit en la société, en l'action collective sous toutes ses formes pour résoudre les problèmes et améliorer les situations. C'est le socialisme que nous devons repenser, non pas l'étatisme.
Bon après-midi.
PS: Christophe Grébert m'annonce "un blog pour suivre l'actualité sociale démocrate", www.socialetdemocrate.com , que je vous invite à consulter.
Le Nouvel Observateur lance un appel à contributions pour réfléchir à la refondation de la gauche (textes à envoyer à : parole@nouvelobs.com) . Libération ouvre ses colonnes à des intellectuels sur le même thème. Je m'en félicite. Il faut commencer par la bataille des idées pour préparer les victoires politiques. Le chemin sera long et difficile mais la gauche n'a pas le choix. C'est ça ou dix ans de Sarkozy!
Dans Libé de ce matin, je vous recommande la tribune d'Alain Lipietz, un penseur original, un économiste de renom, un écologiste éclairé dont je suis les travaux depuis une vingtaine d'années. J'avais apprécié en son temps, au milieu des années 80, son ouvrage "L'audace ou l'enlisement". Pour Lipietz, la défaite aux présidentielles procède d'une illusion, celle du rejet du Traité constitutionnel européen:
"Le non de 2005, reconduction de l'Europe ultralibérale existante, annonçait la "non-alternance" de 2007".
Je me souviens alors, en 2005, de l'enthousiasme de mes camarades socialistes qui avaient voté contre la Constitution européenne. Pour eux, un "boulevard" s'ouvrait sous nos pieds pour 2007, pourvu que le PS ait la sagesse de désigner à cette élection un "noniste", comme ils aimaient à se qualifier. A leurs yeux, les temps étaient mûrs pour "l'antilibéralisme". Erreur de perspective, confusion des genres, incompréhension de la société moderne, aveuglement idéologique, toujours est-il que la réalité est venue briser le rêve.
Alors, que propose Lipietz pour une "nouvelle gauche"?
"Inventer une version plus chaleureuse de la protection sociale: sécurité contre la solitude et les peurs de la vieillesse. Car le sentiment d'insécurité ne peut être combattu que par un resserrement des liens sociaux. Cela passe par une relance de l'activité associative, du tiers secteur d'économie sociale et solidaire, des régies de quartiers, tout autant que par une police de proximité".
Cette réflexion rejoint celle d'Edgar Morin, dont je vous avais entretenu il y a quelque temps, et aussi, à sa façon, celle de Philippe Val dans Charlie-Hebdo de cette semaine, dont je vous reparlerai. Oui, la protection sociale doit être au coeur des préoccupations de la gauche, à condition de rompre avec sa tradition étatique, non par principe, mais d'expérience: l'étatisme a ses limites. Regardez ce qui s'est passé durant la canicule de 2003: le "meilleur système de santé au monde" a été tragiquement mis en échec, non pas faute de moyens, mais parce qu'il lui a manqué une organisation, une culture, des réflexes qui lui auraient permis d'anticiper et de gérer la crise.
Un socialiste, c'est le mot qui le dit, est quelqu'un qui croit en la société, en l'action collective sous toutes ses formes pour résoudre les problèmes et améliorer les situations. C'est le socialisme que nous devons repenser, non pas l'étatisme.
Bon après-midi.
PS: Christophe Grébert m'annonce "un blog pour suivre l'actualité sociale démocrate", www.socialetdemocrate.com , que je vous invite à consulter.
3 Comments:
Avant l’action, la réflexion.
S’il est plus facile avec un qui tient le pot de colle et l’autre le balai de coller des affiches que tout seul, la méthode n’est pas transposable avec un qui pose les questions et le second qui trouve les bonnes réponses.
Cela pour dire que les idées, les bonnes, ne sont pas d’essence collective mais issues de la réflexion essentiellement personnelle. Il faut disposer d’un esprit ayant ingurgité suffisamment de matière pour trier logiquement les éléments significatifs, les combiner entre eux et envisager les différents scénario possibles tout en modifiant le modèle intellectuel en ajoutant au besoin les éléments manquant pour déterminer une solution pertinente face à un problème spécifique.
Je crois qu’ensuite le plus dur, c’est d’arriver à convaincre la masse populaire qui ne perçoit pas directement le sel de la solution proposée, et se contente de suivre soit la majorité, soit le leader du moment.
Appliqué à la situation actuelle du PS:
Peut-on le réformer ? Non.
Pourquoi ? à cause de sa constitution en courants antagonistes.
Est-ce grave ? Oui et non. Un parti se déclare pour un projet de société, donc ce n’est pas difficile d’en créer un nouveau si le besoin se fait sentir. C’est difficile pour les anciens militants qui assistent à l’agonie de leur investissements. C’est d’autant plus grave que l’équipe gagnante s’empare des idées fortes et les mets en pratique, limitant le champ possible d’une reconquête. C’est également signe que les mentalités ont évoluées et que derrière l’intransigeance de façade, le compromis est toujours possible. La société existe de fait, ce n’est pas un acte de croyance, ensuite que des idées personnelles soient reprises pour la collectivité et améliore la situation générale en tirant l’ensemble vers le haut satisfait tout le monde. Reste un deuil à faire.
By Anonyme, at 6:22 PM
La réflexion de JPB me fait songer à un café philo que j'ai animé sur le thème: y a-t-il une intelligence collective? Il est vrai que les grandes pensées sont le produit d'efforts individuels et solitaires.
Mais la pensée a aussi une dimension collective. Le philosophe est en dialogue avec d'autres philosophes, s'entoure parfois de disciples, fonde une école. Il y a incontestablement des communautés de pensée, au sein de milieux tout de même très choisis.
Une pensée collective, militante, populaire est plus difficile à concevoir. Autant le travail solitaire favorise l'intelligence, autant les phénomènes de groupe génèrent de la bêtise. Brassens, philosophe à sa façon, ne disait-il pas qu'à plus de deux, on devenait une bande de cons? Et même à deux, je me demande si l'intelligence y trouve totalement son compte...
Le problème, c'est que la démocratie à laquelle nous adhérons tous postule l'existence d'une intelligence collective, une opinion éclairée qui décident des choix politiques par le biais des élections.
Dans les partis politiques, cette croyance républicaine doit aussi être entretenue. Et à force d'y croire, l'objet de notre croyance finit par prendre corps... ou plutôt âme, en l'occurrence. C'est un peu comme le pari de Pascal: au calcul des probabilités, mieux vaut croire en Dieu, le joueur y gagne. Un républicain doit faire le pari d'une intelligence populaire, un socialiste doit croire en l'intelligence collective de son Parti.
By Emmanuel Mousset, at 8:21 PM
Le charbonnier socialiste doit croire.... ;-)
Mais où va-t’on mon bon monsieur si tout le monde développe sa pensée dans son coin et qu’elle devient inconciliable avec celle de son voisin ? On crée un nouveau courant. :-)
La démocratie ne suppose pas l’intelligence. C’est une simple règle de bon sens qui s’applique, au lieu de s’affronter physiquement pour voir quel est le camps le plus fort, au lieu de s’étriper on rend l’opération virtuelle en comptant le nombre de combattants de chaque camps, avec la même règle que le plus grand nombre impose sa loi à la minorité. Cela permet à cette dernière de survire et d’espérer l’emporter un jour. On diminue de ce fait la violence faite aux individus et cela permet à la société de devenir civile et de prospérer.
Pour l’intelligence du PS d’avoir cédé à l’opinion que la majorité avait six mois avant une élection, on peut dire au final qu’elle fût fatalement faible.
Pour ma part dans le concept d’intelligence collective, je verrais un moyen de faire croire que le parti ne peut pas se tromper, ce qui permet de manipuler les consciences. Donc une église sans dieu mais disposant d’une madone des sondages et un dogme fondamental.
J’ai comme l’impression de virer hérétique... ;-)
By Anonyme, at 11:47 PM
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