Le regret et le respect.
Bonsoir à toutes et à tous.
J'ai un peu suivi à la radio, pendant le repas, la passation de pouvoir et la cérémonie d'investiture de Nicolas Sarkozy. Depuis une semaine, mes sentiments ont évolué de la tristesse au regret. Regret de ne pas voir Ségolène Royal dans cette automobile qui remonte les Champs Elysées, regret de constater qu'une partie de la population et des plus modestes ont glissé à droite, regret que le PS n'ait pas investi DSK, qui aurait peut-être pu fixer à gauche l'électorat qui a filé chez Bayrou.
Mais ne vous inquiétez pas: on ne fait pas de bonne politique avec des regrets et je ne vais pas me morfondre dans ce sentiment. Simplement, je me laisse aller à mon imagination et à la mélancolie, le temps de cette retransmission radiophonique. Le passé est déjà terminé, balayé. Il faut vivre dans le présent et pour l'avenir.
Autre sentiment qui m'a gagné à l'écoute du reportage: l'émotion. Je ne suis pas d'un naturel très sentimental (il ne faut pas l'être quand on fait de la politique) mais cette cérémonie, le palais de l'Elysée, l'Arc de triomphe, le bois de Boulogne, tout cela était prenant. La politique et le pouvoir y sont honorés, ritualisés, purifiés et grandis. Alors, la politique cesse d'être les petites ambitions, les grosses combines, les médiocres manipulations, la mesquine recherche d'un pouvoir factice. Elle devient une mission grave, pétrie d'Histoire, qui s'adresse aux vivants et qui n'oublie pas les morts, la charge d'un peuple, la fonction de le représenter, d'agir sur son destin. Elle dépasse, écrase et élève tout à la fois celles et ceux que le peuple lui a donnés.
Si je n'étais pas laïque et républicain, je serais presque tenté de dire que la politique est sacrée, et que le genre de cérémonie que nous avons aujourd'hui vécu est là pour nous le rappeler. En tout cas, si j'aime tant et depuis toujours la politique, malgré ses coups bas, ses déceptions, sa dureté et sa fréquente médiocrité, c'est qu'elle est, pour moi, la dernière grande aventure de notre temps. Elle a quelque chose à voir avec le destin, la grandeur, le tragique, l'éternité.
A compter de ce jour, Nicolas Sarkozy n'est plus totalement, seulement Nicolas Sarkozy. Il est quelqu'un d'autre qui le dépasse et qui l'oblige, il est le président de la République, désigné en conscience, librement et après plusieurs mois de débats, par une majorité de citoyens. Pour cela, c'est un sentiment de respect que je lui exprime en ce jour, respect républicain envers ce qu'il représente désormais. Il n'empêche que ses idées, je continuerai plus que jamais à les combattre, car c'est aussi cela la République: la majorité gouverne, l'opposition critique, et l'une aussi bien que l'autre doivent accomplir leur tâche avec intelligence et discernement.
Il n'est pas exclu que Nicolas Sarkozy, pour lequel je n'éprouve aucune admiration, ne soit pas touché par la grâce de l'Etat, ne s'élève pas au dessus des forces sociales qui le portent, au dessus des idées qui sont les siennes, comme de Gaulle en son temps. Permettez moi, au moins ce soir, de croire aux miracles...
Bonne soirée.
J'ai un peu suivi à la radio, pendant le repas, la passation de pouvoir et la cérémonie d'investiture de Nicolas Sarkozy. Depuis une semaine, mes sentiments ont évolué de la tristesse au regret. Regret de ne pas voir Ségolène Royal dans cette automobile qui remonte les Champs Elysées, regret de constater qu'une partie de la population et des plus modestes ont glissé à droite, regret que le PS n'ait pas investi DSK, qui aurait peut-être pu fixer à gauche l'électorat qui a filé chez Bayrou.
Mais ne vous inquiétez pas: on ne fait pas de bonne politique avec des regrets et je ne vais pas me morfondre dans ce sentiment. Simplement, je me laisse aller à mon imagination et à la mélancolie, le temps de cette retransmission radiophonique. Le passé est déjà terminé, balayé. Il faut vivre dans le présent et pour l'avenir.
Autre sentiment qui m'a gagné à l'écoute du reportage: l'émotion. Je ne suis pas d'un naturel très sentimental (il ne faut pas l'être quand on fait de la politique) mais cette cérémonie, le palais de l'Elysée, l'Arc de triomphe, le bois de Boulogne, tout cela était prenant. La politique et le pouvoir y sont honorés, ritualisés, purifiés et grandis. Alors, la politique cesse d'être les petites ambitions, les grosses combines, les médiocres manipulations, la mesquine recherche d'un pouvoir factice. Elle devient une mission grave, pétrie d'Histoire, qui s'adresse aux vivants et qui n'oublie pas les morts, la charge d'un peuple, la fonction de le représenter, d'agir sur son destin. Elle dépasse, écrase et élève tout à la fois celles et ceux que le peuple lui a donnés.
Si je n'étais pas laïque et républicain, je serais presque tenté de dire que la politique est sacrée, et que le genre de cérémonie que nous avons aujourd'hui vécu est là pour nous le rappeler. En tout cas, si j'aime tant et depuis toujours la politique, malgré ses coups bas, ses déceptions, sa dureté et sa fréquente médiocrité, c'est qu'elle est, pour moi, la dernière grande aventure de notre temps. Elle a quelque chose à voir avec le destin, la grandeur, le tragique, l'éternité.
A compter de ce jour, Nicolas Sarkozy n'est plus totalement, seulement Nicolas Sarkozy. Il est quelqu'un d'autre qui le dépasse et qui l'oblige, il est le président de la République, désigné en conscience, librement et après plusieurs mois de débats, par une majorité de citoyens. Pour cela, c'est un sentiment de respect que je lui exprime en ce jour, respect républicain envers ce qu'il représente désormais. Il n'empêche que ses idées, je continuerai plus que jamais à les combattre, car c'est aussi cela la République: la majorité gouverne, l'opposition critique, et l'une aussi bien que l'autre doivent accomplir leur tâche avec intelligence et discernement.
Il n'est pas exclu que Nicolas Sarkozy, pour lequel je n'éprouve aucune admiration, ne soit pas touché par la grâce de l'Etat, ne s'élève pas au dessus des forces sociales qui le portent, au dessus des idées qui sont les siennes, comme de Gaulle en son temps. Permettez moi, au moins ce soir, de croire aux miracles...
Bonne soirée.
2 Comments:
Pour ma part j'aurai tendance à espérer pour une fois que notre nouveau président ne tienne pas ses promesses...
Paul
http://paulunmuscadet.over-blog.com/
By Anonyme, at 10:07 AM
Oui, moi aussi, mais les français ont fait un choix, et rien ne m'irrite plus que le sempiternel "les politiques ne tiennent pas leurs promesses". Il faut responsabiliser les citoyens. Il y a une pédagogie du réel infiniment plus efficace que la pédagogie du discours. Sarkozy fera ce qu'il a dit, à coup sûr. Mais à qui la faute? Où est la responsabilité?
By Emmanuel Mousset, at 4:14 PM
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