Dérisoire résistance.
Bonsoir à toutes et à tous.
Au milieu des publicités qui jonchent mon entrée, je découvre le journal de campagne de Jean-Luc Tournay, candidat communiste dans la 2ème circonscription de l'Aisne. Jean-Luc pose fièrement, sa belle tête d'ouvrier barre la première page, et juste en dessous, une petite photo, celle du terrible Maxime Gremetz, qui lui apporte son soutien. Un slogan en rouge et noir, comme un cri de colère et de révolte, traverse cette une: "A gauche toute! Résistons". L'essentiel du quatre pages est condensé dans ce mot d'ordre.
Je connais bien Jean-Luc, et sa suppléante, Corinne Bécourt. J'ai envie de vous dire que je les aime, avec tous leurs défauts, qui sont pourtant grands pour le social-démocrate que je suis. Je les aime parce qu'ils sont les héritiers de celles et ceux qui ont constitué en France un véritable parti ouvrier, alors que les socialistes recrutaient dans la petite bourgeoisie issue du peuple, notamment les instituteurs. Je les aime aussi parce que ce sont de vrais militants, qui ne comptent pas leur temps ni leurs efforts. Il y a chez les communistes une authentique fraternité que je ne retrouve pas chez mes camarades socialistes.
Mais si les sentiments sont une belle chose, la vérité en est une plus grande encore. Et la vérité, c'est que mes amis communistes se trompent de combat et d'époque. "A gauche toute"? Pourquoi le PCF se met-il à copier la LCR et son "100% à gauche", sous une autre version? Les résultats de l'élection présidentielle montre au contraire que les tenants de cette ligne, "A gauche toute", Bové, Laguiller, Chivardi, Buffet ont été désavoués, sauf peut-être Besancenot, qui ne s'en sort pas trop mal. "A droite toute", voilà ce qu'ont voulu, hélas, les français en votant Sarkozy. "A gauche toute!", je ne le sens pas comme un cri d'espoir mais une fuite en avant, non pas comme un appel à la mobilisation mais un désespérant sauve-qui-peut.
Et puis, il y a le "Résistons". Quand le présent vous échappe, on se réfugie dans le glorieux passé. La mémoire communiste, celle que Sarkozy, comble de la dérision, a voulu s'approprier avec la référence à Guy Môquet, est tout entier tournée vers et soudée par la Résistance française de 1940 à 1944. Sauf que Sarkozy, même affublé de petites moustaches carrés comme sur ses affiches détournées, n'est pas Hitler, sauf que les français l'ont massivement et démocratiquement choisi, sauf que la résistance, pour le coup, ne sert strictement à rien, sinon peut-être à le renforcer encore plus (rappelez vous l'effet contraire de sa diabolisation juste avant le 1er tour).
J'entends aussi des socialistes préconiser la "résistance" à Sarkozy, demander à ce que les français érigent un contre-pouvoir. C'est peine perdu. Cette stratégie est vaine. En démocratie, ce n'est pas un contre-pouvoir qu'il faut dresser face à la droite (la République n'admet qu'un seul pouvoir, celui que le suffrage universel a légalement désigné), mais c'est d'un contre-projet dont nous avons besoin. En démocratie, on ne résiste pas, on critique et on prépare l'alternative. Nicolas Sarkozy doit se frotter les mains de voir la gauche "résister". Qu'elle résiste tant qu'elle voudra, lui dispose du pouvoir, et en politique, c'est la seule position qui importe.
Bonne soirée.
Au milieu des publicités qui jonchent mon entrée, je découvre le journal de campagne de Jean-Luc Tournay, candidat communiste dans la 2ème circonscription de l'Aisne. Jean-Luc pose fièrement, sa belle tête d'ouvrier barre la première page, et juste en dessous, une petite photo, celle du terrible Maxime Gremetz, qui lui apporte son soutien. Un slogan en rouge et noir, comme un cri de colère et de révolte, traverse cette une: "A gauche toute! Résistons". L'essentiel du quatre pages est condensé dans ce mot d'ordre.
Je connais bien Jean-Luc, et sa suppléante, Corinne Bécourt. J'ai envie de vous dire que je les aime, avec tous leurs défauts, qui sont pourtant grands pour le social-démocrate que je suis. Je les aime parce qu'ils sont les héritiers de celles et ceux qui ont constitué en France un véritable parti ouvrier, alors que les socialistes recrutaient dans la petite bourgeoisie issue du peuple, notamment les instituteurs. Je les aime aussi parce que ce sont de vrais militants, qui ne comptent pas leur temps ni leurs efforts. Il y a chez les communistes une authentique fraternité que je ne retrouve pas chez mes camarades socialistes.
Mais si les sentiments sont une belle chose, la vérité en est une plus grande encore. Et la vérité, c'est que mes amis communistes se trompent de combat et d'époque. "A gauche toute"? Pourquoi le PCF se met-il à copier la LCR et son "100% à gauche", sous une autre version? Les résultats de l'élection présidentielle montre au contraire que les tenants de cette ligne, "A gauche toute", Bové, Laguiller, Chivardi, Buffet ont été désavoués, sauf peut-être Besancenot, qui ne s'en sort pas trop mal. "A droite toute", voilà ce qu'ont voulu, hélas, les français en votant Sarkozy. "A gauche toute!", je ne le sens pas comme un cri d'espoir mais une fuite en avant, non pas comme un appel à la mobilisation mais un désespérant sauve-qui-peut.
Et puis, il y a le "Résistons". Quand le présent vous échappe, on se réfugie dans le glorieux passé. La mémoire communiste, celle que Sarkozy, comble de la dérision, a voulu s'approprier avec la référence à Guy Môquet, est tout entier tournée vers et soudée par la Résistance française de 1940 à 1944. Sauf que Sarkozy, même affublé de petites moustaches carrés comme sur ses affiches détournées, n'est pas Hitler, sauf que les français l'ont massivement et démocratiquement choisi, sauf que la résistance, pour le coup, ne sert strictement à rien, sinon peut-être à le renforcer encore plus (rappelez vous l'effet contraire de sa diabolisation juste avant le 1er tour).
J'entends aussi des socialistes préconiser la "résistance" à Sarkozy, demander à ce que les français érigent un contre-pouvoir. C'est peine perdu. Cette stratégie est vaine. En démocratie, ce n'est pas un contre-pouvoir qu'il faut dresser face à la droite (la République n'admet qu'un seul pouvoir, celui que le suffrage universel a légalement désigné), mais c'est d'un contre-projet dont nous avons besoin. En démocratie, on ne résiste pas, on critique et on prépare l'alternative. Nicolas Sarkozy doit se frotter les mains de voir la gauche "résister". Qu'elle résiste tant qu'elle voudra, lui dispose du pouvoir, et en politique, c'est la seule position qui importe.
Bonne soirée.
1 Comments:
"Et la vérité, c'est que les communistes se trompent de combat et d'époque." comme d'habitude malheureusement. Le drame pour eux, c'est qu'ils ne s'en rendent pas compte. Et ils ont accepté de tuer des gens pour imposer leur folie à travers le monde, et c'est pour cela qu'ils n'ont pas d'amis.
By Anonyme, at 12:19 AM
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