L'Aisne avec DSK

05 juin 2007

Refonder le PS.

La refondation du socialisme ne devra pas seulement concerner notre projet et nos alliances. Elle devra aborder nos structures, notre organisation. Un projet social-démocrate a besoin d'un parti social-démocrate de masse, à l'image de ce qui existe ailleurs en Europe, un parti de militants, d'électeurs et de sympathisants.

Autant dire que nous en sommes actuellement très loin. Qu'est-ce aujourd'hui que le PS? Essentiellement un regroupement d'élus, de notables et de leurs partisans. Ce parti est donc largement coupé de la société. Cette situation favorise le clientélisme électoral, les rapports d'allégeance et de subordination. Tout nouvel adhérent, quand on veut bien l'accepter, devient la proie des clans, qui se présentent sous la fausse apparence de courants de pensées. Où sont les ouvriers, les employés, les jeunes? Souvent, une section socialiste se réduit à la petite bourgeoisie de la Fonction Publique. Que faire pour changer tout ça? Je soumets trois propositions au débat:

1- Interdire les pétitions. Dans le cadre des Congrès, là où s'instaurent les rapports de force et se décident la ligne et la direction du Parti, les textes proposés au vote des militants (les motions, dans notre langage) sont accompagnés, au niveau national comme fédéral, d'impressionnantes listes d'élus qui font ainsi acte de soutien. C'est à la motion qui aura la plus longue! Ce procédé est ridicule. C'est vouloir montrer qu'on est fort avant que les adhérents en aient ou pas décidé. C'est vouloir influencer, non par la qualité des propositions, mais par le nombre des supporters. C'est enfin embrigader les élus afin de s'assurer de leur soutien. Non, ce système est mauvais, peu démocratique, il doit être aboli.

2- Interdire aux "grands" élus (députés, sénateurs, maires, adjoints, ...) de siéger dans les bureaux de section et de fédération. Seuls les simples conseillers municipaux auraient droit. Tous en revanche pourraient faire partie du Conseil Fédéral et du Conseil National (parlement local et national du Parti). Pourquoi cette sévère restriction? Parce que les "grands" élus, au sein de l'appareil et de ses exécutifs, ont un poids politique prépondérant contre lequel un simple militant de base ne peut rien. Or c'est la base qu'un parti moderne doit écouter, pas le sommet ou les cadres intermédiaires. Un député, un maire, un président de région ou de conseil général peuvent aisément se constituer un réseau de fidèles qui ne sont en réalité que des obligés, quand ce ne sont pas parfois des employés territoriaux ou des adhérents à qui l'on règle leur cotisation.

Qu'on me comprenne bien: le Parti doit soutenir ses élus et préparer, former ses adhérents à devenir de futurs élus. Mais le Parti doit pouvoir débattre librement, exprimer sans tabou les revendications de la société et ne pas se sentir entravé par la présence certes bienveillante mais influente des élus d'importance. Un socialiste authentique devrait développer au maximum la démocratie dans son propre Parti et limiter les pressions inévitables du pouvoir, même quand celui-ci est socialiste.

3- Réduire la cotisation à une participation symbolique. Si nous voulons être ce que nous devrions être, d'abord le Parti des ouvriers, des employés, des catégories modestes, ce n'est pas en réservant l'accès à la petite bourgeoisie intellectuelle. L'argent est un frein à l'adhésion, et un intrument politique qui génère des obligés serviles. Il faut absolument que nous soyons le Parti du salariat. "L'émancipation des travailleurs se fera par les travailleurs eux-mêmes", disait Karl Marx. Il y a d'anciennes formules qui ont toujours du bon.

J'admets que mes trois (premières) propositions ont quelque chose de radical, mais nous devons y réfléchir. Il n'est plus possible de prétendre représenter des couches de la population qui sont quasiment absentes de nos rangs, alors qu'elles devraient nous rejoindre massivement, puisque nous sommes censés défendre leurs intérêts. Sinon, il y a absurdité.

Bon après-midi.

3 Comments:

  • Que du bon sens ton approche Emmanuel. J'espère que tes propositions seront reprises et qu'elles s'imposeront lucidement, sinon c'est le déclin assuré.

    By Anonymous Anonyme, at 4:49 PM  

  • Voilà une réponse concise de jpb qui fera plaisir à certains lecteurs de ce blog!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:19 PM  

  • Bonsoir je suis d'accord avec toi sur tes propositions dignes de bon sens. En effet le PS se meurt de se couper de sa base comme un arbre à qui on a coupé les racines. De surcroît ce qui nuit au débat ce sont les luttes intestines de pouvoir. Les éléphants se préoccupent plus de leur ascension que d'écouter les plus humbles. Les courants tels qu'ils existent maintenant sont des couloirs pour ambitieux. Le retrait des pétitions et la diminution des cotisations sont en effet un bon remède à ce mal qui cangrène le PS.
    Propose nous encore de bonnes idées comme cela.
    Michel D

    By Blogger md, at 10:12 PM  

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