L'Aisne avec DSK

26 juin 2007

Désir d'Europe.

Bonjour à toutes et à tous.

A l'image de bien des socialistes, je suis embarrassé par le nouveau traité européen. Il a pour lui le mérite d'exister, il relance la construction européenne qui était bloquée après le rejet de la Constitution, il était indispensable de trouver une solution. Mais une fois que cela a été dit, c'est la déception. Ce traité est minimaliste, purement fonctionnel, dicté par la nécessité. Rien de fondamentalement nouveau, rien d'ambitieux. Si je me laissais aller, et peut-être le faut-il, je rejetterais ce traité, je le condamnerais. Pourquoi ne pas aller jusque là? Parce que la politique doit être réaliste et raisonnable. Je ne vais pas refuser un petit mieux au nom d'un grand bien.

Qu'est-ce qui disparait dans le nouveau traité? La fameuse troisième partie qui avait focalisé en 2005 toutes les obsessions. Mais c'est une pure hypocrisie, les traités antérieurs demeurent (alors que la Constitution les remplaçait par la partie III). Disparaissent aussi les symboles de l'Europe, ce qui est tout de même incroyable: en quoi le drapeau ou l'hymne européens peuvent-ils gêner, sauf quand on est anti-européen? Mais qu'on le dise ouvertement et que là aussi on cesse l'hypocrisie. Car quand on veut décapiter un projet, on attaque ses symboles. La Charte des Droits Fondamentaux, à laquelle tenait tout homme de gauche, n'est pas reprise dans sa totalité, ce qui est une nouvelle régression par rapport à la Constitution.

Le plus drôle (c'est à dire le plus triste), c'est que la "concurrence libre et non faussée", qui avait tant fait parler d'elle, est effacée. Grâce, sans doute, à un antilibéral très hostile à la Constitution? Non, grâce à notre Nicolas national, en lequel les antilibéraux et autres "nonistes" ont trouvé un efficace porte parole!

Après ce qui disparait et qui justifierait qu'on s'oppose à ce traité, ce qui reste et qui justifie qu'on le soutienne malgré tout: la présidence portée à deux ans et demi, l'extension de la majorité qualifiée à de nombreux domaines, le droit de pétition d'un million de citoyens. A quoi il faut ajouter, et s'en réjouir, un protocole sur les services publics.

Voilà donc où a conduit le rejet de la Constitution européenne en 2005: un mini traité, un petit réglement intérieur. Sarkozy est content, à sa place je ne serai pas fier. C'est la France qui a enterré la Constitution européenne alors que de nombreux pays y croyaient et continuent d'y croire. Je ne désespére pas que notre pays retrouve un jour le souffle, l'ardeur, la volonté qui l'ont animé lorsqu'il était un grand pays européen, lorsque son désir d'avenir était un désir d'Europe.

Bonne matinée.