L'Aisne avec DSK

22 juin 2007

Physique politique n°2.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je parlais cet après-midi de physique politique, rapprochant la politique des lois de la nature telle que la science physique les décrit, je ne croyais pas si bien dire. En effet, j'apprends qu'il y a sept candidats socialistes pour la présidence du groupe parlementaire et trois candidats pour la présidence de la commission des finances, que la droite concède à l'opposition. Le PS est entré dans un processus d'atomisation accélérée.

Car la physique n'explique pas seulement les lois d'agrégation mais aussi celles de désagrégation, qui en politique sont inverses des premières, selon le principe suivant: si la force du pouvoir est un facteur d'unité, la faiblesse du pouvoir est un facteur de division. Qui dirige encore à ce jour le PS? Officiellement François Hollande, mais c'est un sursis avéré. Ségolène Royal dispose d'un poids moral incontestable qui la fait recevoir par le président de la République il y a quelques heures, mais elle a bien peu de partisans au sommet de l'appareil. Alors qui a le pouvoir?

Ma vision de la politique peut vous paraitre trop déterministe et ainsi pessimiste. Je ne pense pas. La physique est aussi une matière merveilleuse et pleine d'étonnements. Je prends l'exemple tout de même stupéfiant de René Dosière, dont je vous ai déjà parlé. Ce camarade est député depuis de longues années, bien implanté, parlementaire qui s'est fait connaitre par ses travaux et un récent ouvrage. Rien à redire, le député parfait, vice-président de l'Assemblée nationale. On en rêverait! Une règle non écrite, une réaction de bon sens veulent que les députés socialistes sortants sont quasi automatiquement réinvestis. C'est une formalité, sauf faute grave de l'élu. Là, c'est tout le contraire, le député est digne d'éloge.

Résultat: il se fait battre d'une voix lors de la désignation interne. Pourquoi? Mystère. Mais il y a toujours une explication. Si on applique ma théorie de physique politique, un pouvoir vient toujours en contrarier et contrecarrer un autre. Dans le cas de figure de la 1er circonscription de l'Aisne, Dosière est strauss-kahnien, la fédération socialiste et le Conseil général sont NPS, tout comme l'adversaire interne de René, Fawas, au demeurant un type très sympathique. Vous m'avez compris: un pouvoir veut certainement en supplanter un autre, plus faible. Car qu'est-ce que pèse un député face à un Conseil général, ses financements et son administration? Bien peu de choses.

Attendez, l'histoire n'est pas terminée. On pourrait penser que le député va s'incliner, qu'une voix est une voix, que la règle est la règle, que de toute façon on ne s'oppose pas à un Conseil général. Erreur: René tient bon, il présente malgré tout sa candidature et se fait exclure automatiquement du PS. Je m'inquiéte, je me dis que tout est perdu pour lui et une fois de plus j'ai tort. Je ne raisonne pas assez en terme de physique politique. Dosière a du pouvoir, incontestablement. Va-t-il, doit-il renoncer à ce pouvoir? Ce serait contre-nature. Quand on dispose d'un pouvoir, on le garde, on le défend, surtout lorsque des camarades veulent vous le subtiliser.

Bref, Dosière maintient sa candidature. Il est bien seul, exclu, dissident et normalement battu par le candidat officiel qui dispose de puissants soutiens. Croyez-vous qu'il arriva? Dosière bat non seulement Fawas Karimet au premier tour mais il est réélu et se paie le luxe de faire le meilleur score d'un élu de gauche dans l'Aisne! Moralité: la physique politique est pleine de surprises, d'imprévus, de retournements. C'est une physique non déterministe, aléatoire, pour le plus grand plaisir de la démocratie.

Bonne nuit.

4 Comments:

  • On en est à discuter de la représentativité du réel, des outils permettant de le faire, les mots, les signes graphiques, les sons. Pour la politique, on reste sur une analyse du réel qui doit permettre de dégager un modèle que l’on appliquera systématiquement pour faire évoluer le réel. Patatras, cette belle méthode a échoué avec le marxisme, et plus récemment avec Ségolène et sa politique calquée sur les études d’opinion. Autrement dit l’étude du réel ne peux pas déterminer une méthodologie neuve qui soit meilleure que celle du moment. Dans le domaine de la peinture, une suite d’écoles a exploré l’univers pictural, le pointillisme, le cubisme, le surréalisme et l’hyper-réalisme pour ne citer que les plus importants. Augmenter la combinatoire de base par des éléments neufs, limites, accueillis sans rejet idéologique, et mis en application expérimentale pour voir ce dont on peut en tirer. Une méthode identique est appliquée avec de nouvelles molécules chimiques pour en faire des médicaments, on teste tout ce qui peut se trouver, et de temps en temps, bingo. Il semblerait donc que le hasard donne de temps en temps un gagnant.
    Pour la politique, on peine à la faire. DSK et la SD affirment qu’il faut créer la richesse avant de la distribuer, et que donc selon vos dires, il faut passer un accord avec les “bons patrons”. C’est toujours un raisonnement linéaire, sans grande surprise. En fait c’est reconnaître l’efficacité d’une politique de droite, et d’y greffer la justice sociale. Ce n’est pas révolutionnaire. Trouver et dire comment on peut jouer sur la création de richesse pour passer d’un smig à 1500 euros à 4000 euros le serait. Mais il faut alors sortir des schémas habituels, et tout l’archaïsme d’un vieux partis en place ne le permet guère. Il faut donc soit une mutation, soit une création. Un Big Bang en quelque sorte...;-)

    By Blogger jpbb, at 12:45 PM  

  • J'aborde la politique en physicien et jpb en astronome, avec son big bang créateur d'énergies. Pourquoi pas. Au pays des métaphores et des analogies, nous sommes tous rois!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:50 PM  

  • Un astronome est un physicien. ;-)

    Mon ambition est de dégager la méthodologie permettant de créer le maximum de richesses en fonction des circonstances du moment. Comment optimiser le bien-être pour tous. C’est de l’hyper-politique.

    Il faut de l’imagination, de la créativité, et le sens de l’expérimentation. Ça tombe bien, ce sont en toute modestie mes qualités de base. Le plus dur, c’est ensuite d’expliquer et d’entraîner, et là, c’est pas gagné d’avance.

    By Blogger jpbb, at 10:49 PM  

  • Un astronome est aussi un physicien mais un physicien n'est pas nécessairement un astronome.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:16 AM  

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