L'Aisne avec DSK

27 juin 2007

Refondation

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans Socialisme et Démocratie n°114, le bulletin de liaison strauss-kahnien, je lis cette réflexion de l'excellent Bergougnioux:

"Que peut faire le socialisme dans la mondialisation? Que doit-il faire dans une société individualisée? Comment doit-il se comporter dans une démocratie d'opinion? Des réponses qui seront faites dépendra notre identité politique aujourd'hui passablement brouillée."

On ne saurait mieux dire. Tout est là. Je réponds brièvement aux trois interrogations d'Alain:

1- La mondialisation, il faut l'accepter positivement, volontairement, ne pas la considérer comme une sinistre fatalité à combattre (ça, c'est l'ancienne gauche) mais un progrès planétaire dont nous devons nous servir pour nous renforcer et vivre mieux.

2- L'individualisme, il faut le revendiquer. La gauche de toujours travaille à l'émancipation individuelle (et non pas à l'abrutissement collectif engendré par le communisme). En n'oubliant pas de rappeler aussi que l'individu ne peut se libérer que dans une société qui favorise cette libération (on ne se libère pas tout seul dans son coin).

3- L'opinion, il faut lui donner la parole à travers de nouveaux modes d'expression. Il faut surtout que cette parole débouche sur du pouvoir, des responsabilités. Ce qu'il ne faut pas, c'est condamner l'opinion au nom du citoyen éclairé, rationnel et républicain, un idéal qui ne renvoie à aucune réalité, un chevénementisme bon pour le discours mais pas pour l'action politique.

Alain Bergougnioux fait une proposition de méthode, qui rejoint ma troisième réponse: abandonnons le système des motions lors de nos congrès, donnons directement la parole et le droit de vote aux adhérents sur des points très précis. Les motions sont des textes dans lesquels on se perd, qui ont un objectif tactique. Mettons un terme à cela qui ne nous fait pas avancer, d'où il ne sort aucun projet sérieux.

Dans ce même bulletin, Pierre Moscovici nous parle du nouveau traité européen. Vous connaissez mon point de vue là dessus. Mais je veux aller ce soir plus loin. Le pur réalisme politique invite les députés socialistes à adopter ce texte. Je me demande au contraire s'il ne faudrait pas le rejeter, mettre en échec Sarkozy, ce pseudo-européen. Un traité, soit dit en passant, qui réintroduit les héritages religieux que la Constitution avait bannis! Et puis, songeons à tous ces pays, "amis de la Constitution", songeons à Prodi, Juncker qui dénoncent le mini traité. A tous ceux qui ont dit non à la Constitution, répondons leur par un non à ce traité rabougri!

Pour finir, j'en reviens au PS et à sa refondation. Nous, sociaux-démocrates, nous avons eu un tort, un grand tort: celui de tourner la page de la Constitution européenne, de réconcilier les "ouiistes" et les "nonistes". Il aurait au contraire fallu crever l'abcès. La clarification, c'est autour de l'Europe qu'elle se serait faite, au couteau, si j'ose dire. L'effacement du clivage, auquel Ségolène a beaucoup participé en faisant venir à ses côtés l'anti-européen Chevènement, a été une grave erreur. Maintenant que les échéances électorales sont passées, que l'intérêt supérieur du Parti n'est plus en cause, retournons le fer dans la plaie et croyez moi, la refondation se fera, et à grand pas, avec de très saines clarifications. Il faut "cliver", comme diraient les lambertistes, et d'abord sur l'Europe, à grands coups de serpe.

Bonne nuit.

4 Comments:

  • Je ne sais pas si Ségolene a effacer le clivage entre les partisans du oui et les partisans du non. Cet effacement du clivage me parait en tout cas plus apparent que réel et plus superficiel que profond.
    En revanche il n'y a plus de clivage entre toi et la droite.Tu es dans une parfaite logique d'accompagnement de la mondialisation et du libéralisme.
    le mariage est consommé entre le socialisme à l'eau de rose et le socialisme à l'eau bénite.
    FV

    By Anonymous Anonyme, at 11:24 PM  

  • La mondialisation est un fait, comme le courant d’un cours d’eau, on peut toujours tenter de remonter le courant, mais ça fatigue. Le problème est de s’insérer dedans, mais en faisant la course en tête, d’un point de vue social et économique. Comment disposer d’entreprises innovantes, en très grand nombre pour ne pas être submergé par celles des autres blocs économiques continentaux ? J’attends...

    Les communistes ne font plus partie de la gauche à vous lire ? Bonne nouvelle... Bon d’accord, Chevènement est pote avec les communistes, mais avec Ségolène aussi. Le clivage est fait.

    Si une vision claire et précise se détache de la masse, portée initialement par quelques personnes, la génération spontanée des idées n’existant pas, les adhérent pourront l’approuver plus facilement. Il faut un corpus d’idées s’enchaînant logiquement les unes avec les autres. La critique peut-être collective, mais je doute qu’il en soit de la conception. Ce sont les individus qui sécrètent les idées, à la hache. ;-)

    By Blogger jpbb, at 11:35 PM  

  • Depuis le début du XXème siècle, la social-démocratie est calomniée: fausse gauche, trahison du socialisme, alliée de la droite, j'en passe et des pires. Quand je vois le bilan de la social-démocratie, quand j'observe ses ennemis, je suis fier d'appartenir à cette grande tradition politique européenne et je souhaite de toutes mes forces qu'elle l'emporte définitivement au sein du PS.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:00 AM  

  • C'est la voie de la raison.

    By Blogger jpbb, at 7:51 PM  

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