La valeur argent.
Bonjour à toutes et à tous.
La France zarkozienne a un mot d'ordre, un principe, une morale: "Travailler plus pour gagner plus". Elle érige en vertu ce qu'elle appelle la "valeur travail". Or qu'apprenons-nous ce matin? Que la Caisse d'Epargne va sortir une carte de crédit pour les enfants de 12 ans! Je sais, Nicolas Sarkozy n'y est pour rien. Mais la coïncidence est intéressante: La "valeur travail" est exaltée dans les discours, portée au pinacle et au pouvoir par une majorité de français, et dans le même temps, une institution bancaire de renom développe la "valeur argent" auprès des plus jeunes.
Et qu'il s'agisse de la Caisse d'Epargne est lourdement symbolique. L'Ecureuil représentait ce qu'il y avait de plus laborieux, de plus patient, de plus sage dans l'épargne, à rebours de la consommation immédiate que ne manqueront pas de pratiquer les enfants munis de leur carte. Je me souviens que ma première incursion dans le monde de l'argent, c'est lorsque ma grand-mère m'a ouvert un compte à la Caisse d'Epargne, établissement qui avait alors implicitement une mission quasi-éducative. La tirelire en cochon de la petite enfance était remplacée par le coffre-fort de la Caisse d'Epargne. J'entrais dans la grande enfance et j'étais intrigué, impressionné par ce monde de l'argent. Mais il fallait attendre l'âge adulte pour que le petit trésor amassé devienne utilisable.
Vous me direz sans doute que la carte de crédit pour enfants ne fera que remplacer l'argent de poche, que ce sont les parents qui approvisionneront le compte. Je ne suis pas d'accord (mais j'ai peut-être tort, allez savoir!). Donner de l'argent de la main à la main, ce n'est pas la même chose que d'aller retirer le même argent au distributeur de billets. Les enfants sont sensibles aux gestes, influencés par les symboles, formés par une éducation. Avec leur carte de crédit, ils accèderont au statut d'adulte, feront comme eux. Et je ne crois pas que ce soit très bon. Qu'on le veuille ou non, notre société va ainsi forger des esprits consommateurs, pour lesquels l'argent va prendre une valeur considérable. Valeur travail, valeur argent, cherchez l'erreur!
Bon après-midi.
La France zarkozienne a un mot d'ordre, un principe, une morale: "Travailler plus pour gagner plus". Elle érige en vertu ce qu'elle appelle la "valeur travail". Or qu'apprenons-nous ce matin? Que la Caisse d'Epargne va sortir une carte de crédit pour les enfants de 12 ans! Je sais, Nicolas Sarkozy n'y est pour rien. Mais la coïncidence est intéressante: La "valeur travail" est exaltée dans les discours, portée au pinacle et au pouvoir par une majorité de français, et dans le même temps, une institution bancaire de renom développe la "valeur argent" auprès des plus jeunes.
Et qu'il s'agisse de la Caisse d'Epargne est lourdement symbolique. L'Ecureuil représentait ce qu'il y avait de plus laborieux, de plus patient, de plus sage dans l'épargne, à rebours de la consommation immédiate que ne manqueront pas de pratiquer les enfants munis de leur carte. Je me souviens que ma première incursion dans le monde de l'argent, c'est lorsque ma grand-mère m'a ouvert un compte à la Caisse d'Epargne, établissement qui avait alors implicitement une mission quasi-éducative. La tirelire en cochon de la petite enfance était remplacée par le coffre-fort de la Caisse d'Epargne. J'entrais dans la grande enfance et j'étais intrigué, impressionné par ce monde de l'argent. Mais il fallait attendre l'âge adulte pour que le petit trésor amassé devienne utilisable.
Vous me direz sans doute que la carte de crédit pour enfants ne fera que remplacer l'argent de poche, que ce sont les parents qui approvisionneront le compte. Je ne suis pas d'accord (mais j'ai peut-être tort, allez savoir!). Donner de l'argent de la main à la main, ce n'est pas la même chose que d'aller retirer le même argent au distributeur de billets. Les enfants sont sensibles aux gestes, influencés par les symboles, formés par une éducation. Avec leur carte de crédit, ils accèderont au statut d'adulte, feront comme eux. Et je ne crois pas que ce soit très bon. Qu'on le veuille ou non, notre société va ainsi forger des esprits consommateurs, pour lesquels l'argent va prendre une valeur considérable. Valeur travail, valeur argent, cherchez l'erreur!
Bon après-midi.
posted by Emmanuel Mousset at
3:43 PM
3 Comments:
J'ai toujours ma tirelire en forme de cochon. Je me suis toujours demandé à quoi cela pouvait bien servir, glisser des pièces dans la fente. En fait le seul rapport que j'ai avec l'argent, c'est pour creer des entreprises, pour fabriquer des biens, pour améliorer la vie. Je suis un mauvais consomateur, n'achetant que ce dont j'ai besoin. J'ai donc une question existentielle, j'en fais quoi du nourin ?
By
Anonyme, at 5:00 PM
Je suis d'accord avec toi concernant la dématérialisation de l'argent. C'est d'ailleurs une cause essentielle du surendettement et des découverts bancaires.:(
La relation à l'argent n'est plus qu'une relation à la consommation. La valeur du labeur qui a généré ces ressources n'existe plus.
Il y a plus fort puisque la taxation des plus values boursières n'est qu'une taxation d'une idée que l'on se fait. Ce n'est que parce qu'il y a plus d'acheteurs que de vendeurs qu'une action monte et donc génère une plus values. L'entreprise est-elle plus efficace pour autant? Les salariés qui en assurent la production ont-ils démérité?
Dans le cadre de mon activité professionnelle de conseiller en gestion de patrimoine j'ai nécessairement une relation avec l'argent et ici, selon mes clients, c'est encore plus fort puisque c'est l'argent qui doit travailler (c'est même le support de certaines pub de banque ou de compagnie d'assurance, dormez braves gens, l'argent travaille pour vous!!).
On est loin du troc qui permettait à tout un chacun de vivre de son travail ou de sa production! :)
Michel D
By
md, at 7:04 PM
Mais c'est quoi, le "nourin", cher JPB?
A Michel: les réflexions d'un conseiller en gestion du patrimoine me semblent fort utiles sur ce blog. Sarkozy vante la valeur travail alors que l'argent devient une réalité de plus en plus abstraite (ce que tu appelles la "dématérialisation"). Mais que faire? Nous n'allons tout de même pas en revenir au troc!
By
Emmanuel Mousset, at 10:03 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home