Le fossoyeur de l'Europe.
Bonsoir à toutes et à tous.
Le billet de ce soir aura quelque chose d'inhabituel. Ce sera la première fois, depuis l'ouverture de ce blog en septembre 2006, que je manifesterai une divergence d'opinion avec DSK. Ne vous inquiétez pas, je reste un militant discipliné, et sur le fond je partage avec Dominique la même conception de l'Europe. Car c'est de l'Europe dont il s'agit, plus précisément de ce traité européen dont je suis de plus en plus enclin à penser qu'il faut le rejeter, alors que DSK estime que c'est un bon compromis, les choses étant ce qu'elles sont, et qu'il faut saluer le travail de Sarkozy en la matière.
C'est ce que j'appelle le réalisme politique. Toute avancée est bonne à prendre, et il y a des avancées dans ce traité, si on le compare à celui de Nice. Mais entendre aujourd'hui Sarkozy à Strasbourg se présenter comme le sauveur de l'Europe m'est insupportable. Il en est le fossoyeur! Le traité élimine les symboles de l'Europe politique, il a été négocié par les Etats alors que la Constitution s'adressait aux peuples en toute transparence, il est un gros amendement aux traités précédents, il est inexistant par lui-même. La Constitution en appelait à l'Histoire, ce misérable traité flatte les égoïsmes nationaux. Qui le soutient avec ferveur? La Grande Bretagne et la Pologne, c'est à dire les pays les moins européens.
Non, je crois qu'il faut rompre, en matière européenne, avec "l'Europe des petits pas", stratégie qui nous a fait perdre le référendum de 2005. Les "nonistes" vont certes critiquer le nouveau traité (critiquer sans rien proposer est dans leur nature) mais ils vont s'en satisfaire. Leur plan B, le voilà, ils le tiennent. Laurent Fabius le dit entre les lignes, dans Le Monde du 23 juin. A la question "Approuverez-vous ce traité quand il sera soumis aux parlementaires?", Laurent répond: "Il est beaucoup trop tôt pour porter un jugement (...) En tout cas, il est clair que le "non" a déjà été utile puisqu'il a permis de corriger certains aspects du traité initial." Bref, Fabius est prudent mais plutôt satisfait.
Nous, sociaux-démocrates, véritables européens, nous devons porter l'Europe comme une ambition, une grandeur, une espérance, et à ce titre rejeter le traité minus qu'on veut nous revendre. Les "nonistes" ont plongé l'Europe dans la crise en 2005, qu'ils en assument les conséquences et qu'ils n'essaient pas de se racheter avec un traité croupion. Il faudrait avoir le courage et l'audace de créer en France et en Europe des clubs des amis de la Constitution européenne. Car allons-nous laisser bafouer la décision des Parlements ou des peuples qui ont dit oui à la Constitution? Je sais, il y a le réalisme politique. Mais qu'avons-nous à en faire? Ce que l'Europe attend, c'est autre chose, le lyrisme politique, et une forme d'utopie.
Bonne nuit européenne.
Le billet de ce soir aura quelque chose d'inhabituel. Ce sera la première fois, depuis l'ouverture de ce blog en septembre 2006, que je manifesterai une divergence d'opinion avec DSK. Ne vous inquiétez pas, je reste un militant discipliné, et sur le fond je partage avec Dominique la même conception de l'Europe. Car c'est de l'Europe dont il s'agit, plus précisément de ce traité européen dont je suis de plus en plus enclin à penser qu'il faut le rejeter, alors que DSK estime que c'est un bon compromis, les choses étant ce qu'elles sont, et qu'il faut saluer le travail de Sarkozy en la matière.
C'est ce que j'appelle le réalisme politique. Toute avancée est bonne à prendre, et il y a des avancées dans ce traité, si on le compare à celui de Nice. Mais entendre aujourd'hui Sarkozy à Strasbourg se présenter comme le sauveur de l'Europe m'est insupportable. Il en est le fossoyeur! Le traité élimine les symboles de l'Europe politique, il a été négocié par les Etats alors que la Constitution s'adressait aux peuples en toute transparence, il est un gros amendement aux traités précédents, il est inexistant par lui-même. La Constitution en appelait à l'Histoire, ce misérable traité flatte les égoïsmes nationaux. Qui le soutient avec ferveur? La Grande Bretagne et la Pologne, c'est à dire les pays les moins européens.
Non, je crois qu'il faut rompre, en matière européenne, avec "l'Europe des petits pas", stratégie qui nous a fait perdre le référendum de 2005. Les "nonistes" vont certes critiquer le nouveau traité (critiquer sans rien proposer est dans leur nature) mais ils vont s'en satisfaire. Leur plan B, le voilà, ils le tiennent. Laurent Fabius le dit entre les lignes, dans Le Monde du 23 juin. A la question "Approuverez-vous ce traité quand il sera soumis aux parlementaires?", Laurent répond: "Il est beaucoup trop tôt pour porter un jugement (...) En tout cas, il est clair que le "non" a déjà été utile puisqu'il a permis de corriger certains aspects du traité initial." Bref, Fabius est prudent mais plutôt satisfait.
Nous, sociaux-démocrates, véritables européens, nous devons porter l'Europe comme une ambition, une grandeur, une espérance, et à ce titre rejeter le traité minus qu'on veut nous revendre. Les "nonistes" ont plongé l'Europe dans la crise en 2005, qu'ils en assument les conséquences et qu'ils n'essaient pas de se racheter avec un traité croupion. Il faudrait avoir le courage et l'audace de créer en France et en Europe des clubs des amis de la Constitution européenne. Car allons-nous laisser bafouer la décision des Parlements ou des peuples qui ont dit oui à la Constitution? Je sais, il y a le réalisme politique. Mais qu'avons-nous à en faire? Ce que l'Europe attend, c'est autre chose, le lyrisme politique, et une forme d'utopie.
Bonne nuit européenne.
2 Comments:
Mais vous êtes fou mon ami, à force de tout jeter par dessus bord, il ne restera plus dans le navire.
Le lyrisme et l’utopie réalisable, portez au moins cela à mon crédit. Nicolas est en charge de la France, laissons le alors mener une politique de petits pas. Vous savez mon ambition, mais pas plus que Rome, Schuman-Kanfen ne se fera en un seul jour.
By jpbb, at 11:39 PM
J allais relever cette contradiction entre DSK et toi mais tu l'as fait avant moi et tout seul.Mais pourquoi tant de haine à l'egard de ceux qui ont voté non. Lorsque tu dis:"Allons nous laisser bafouer la décision des parlements et des peuples qui ont dit oui à la constitution"est ce qu'il ne te vient pas à l'esprit que l'on peut inverser la proposition. Est ce qu'on va bafouer ceux qui ont dit non? En vérité ceux qui ont dit ,comme les partisans du oui, que l'attitude des nonistes n'était pas responsable;que l'Europe était quasi morte;qu'il n'y avait pas de plan B;etc....
ET bien le plan B il existe, mais le problème c'est que c'est Sarkosy qui l'a trouvé et de quelle maniere! Tous les sociaux démocrates le reconnaissent, meme Jean Daniel parle d'un parfum mendésien dans cette affaire,c'est dire. et meme les autres Védrine, Lang.... Je te sens désespérément seul sur ce coup là.Désolé.
En plus le titre"le fossoyeur"on dirait la mauvaise foi de ce pauvre Laurent Joffrin(le sauveur de la gauche)dans Libé au meilleur moment de la campagne.
By Anonyme, at 9:59 PM
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