Les 2 secrets de la politique.
Bonjour à toutes et à tous.
Quelques lignes de Jean-Marie Rouart pour la mise en forme intellectuelle de ce début de matinée:
"Juppé croit que le mérite s'impose et que le meilleur décroche le diplôme, là où Sarkozy sait que la réussite en politique n'est pas décrétée par des examinateurs mais par ce coefficient extravagant échappant à toute rationalité et à toute supputation raisonnable: le sentiment de légitimité qu'on inspire à l'opinion." (Mes fauves, page 35)
Grande question: qu'est-ce qui fait qu'on réussit en politique? Terrible réponse: il n'y a pas de rationalité du pouvoir, on est porté par l'humeur de l'opinion. Et pourquoi tel homme politique s'impose-t-il, et pas tel autre? Pourquoi à droite Sarkozy et pas Juppé, qui était pourtant le meilleur? Pourquoi à gauche Ségolène Royal et pas DSK, qui était pourtant le meilleur? Mystère de la démocratie, ou plutôt logique de la politique: les meilleurs sont les perdants (je vous laisse nuancer mon propos, j'avoue être un peu pessimiste, par ce matin pluvieux sur Saint-Quentin).
Qu'est-ce qui est récompensé en politique? L'intelligence, l'imagination, la volonté, l'audace, la ruse, ...? Je vous laisse choisir ou compléter la liste. Prenons la classe politique française dans les années 1985-1995. Quels sont alors les hommes politiques, à droite, promis à un bel avenir? Michel Noir, maire de Lyon, qui a le courage de dénoncer l'alliance avec le Front national. Il a fait un beau mariage et semble taillé pour l'habit présidentiel. Un scandale mettra fin à sa carrière politique. Il fait aujourd'hui du théâtre, bonne reconversion pour un homme politique.
Philippe Séguin, dans un autre style, est l'étoile montante. Il y a du de Gaulle en lui, une intelligence, une épaisseur politiques remarquées par un expert, François Mitterrand, qui choisit de débattre avec lui dans le cadre du référendum sur le traité de Maastrich. Mais Séguin est trop franc, trop entier pour réussir en politique. Il lui manque un côté anguille. Il est devenu, ce qui n'est pas mal non plus, premier président de la Cour des Comptes, à défaut d'être celui de la République.
François Léotard fait rêver toute la droite et les jeunes filles à la fin des années 80. Il est jeune, beau, dynamique, intelligent, libéral, modéré, apprécié, tout pour plaire. Surtout, il a terriblement envie de devenir président de la République, une qualité fortement recommandée pour accéder à ce poste. A l'époque, Sarkozy range les chaises à la fin des meetings. Vous connaissez la suite. Léotard va abandonner, devenir écrivain (à ce qu'on dit) et Sarkozy va continuer à ranger les chaises, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une, à la tribune, la sienne, où il va s'installer.
Voilà le secret de la politique: il faut ranger des chaises et tenir bon. Sarkozy n'était pas plus doué, plus intelligent, plus à droite, moins à droite qu'un autre. Il était plus déterminé et un peu plus chanceux, parce que le hasard tient aussi sa place en politique.
Je termine avec la vie politique locale, celle de Saint-Quentin. Je serai candidat pour les élections municipales, je l'ai annoncé depuis bien longtemps. Mais quel nom sortira du chapeau, quel camarade choisiront les adhérents pour les représenter et mener campagne? Je n'en sais strictement rien, je n'ai même aucune probabilité ou hypothèse sérieuses à vous proposer. Pourtant, la décision sera prise dans trois ou quatre mois, ce qui est court, et l'élection a lieu en mars prochain. Mais c'est ainsi. Devant tant d'incertitudes, j'ai cependant une certitude absolue, qui rejoint la réflexion de Jean-Marie Rouart: celui ou celle qui aura été choisi par la section socialiste de Saint-Quentin sera à son image, son pur reflet, et c'est la raison pour laquelle celui-là ou celle-là aura été finalement choisi. Voilà le second secret de la politique.
Bonne matinée.
Quelques lignes de Jean-Marie Rouart pour la mise en forme intellectuelle de ce début de matinée:
"Juppé croit que le mérite s'impose et que le meilleur décroche le diplôme, là où Sarkozy sait que la réussite en politique n'est pas décrétée par des examinateurs mais par ce coefficient extravagant échappant à toute rationalité et à toute supputation raisonnable: le sentiment de légitimité qu'on inspire à l'opinion." (Mes fauves, page 35)
Grande question: qu'est-ce qui fait qu'on réussit en politique? Terrible réponse: il n'y a pas de rationalité du pouvoir, on est porté par l'humeur de l'opinion. Et pourquoi tel homme politique s'impose-t-il, et pas tel autre? Pourquoi à droite Sarkozy et pas Juppé, qui était pourtant le meilleur? Pourquoi à gauche Ségolène Royal et pas DSK, qui était pourtant le meilleur? Mystère de la démocratie, ou plutôt logique de la politique: les meilleurs sont les perdants (je vous laisse nuancer mon propos, j'avoue être un peu pessimiste, par ce matin pluvieux sur Saint-Quentin).
Qu'est-ce qui est récompensé en politique? L'intelligence, l'imagination, la volonté, l'audace, la ruse, ...? Je vous laisse choisir ou compléter la liste. Prenons la classe politique française dans les années 1985-1995. Quels sont alors les hommes politiques, à droite, promis à un bel avenir? Michel Noir, maire de Lyon, qui a le courage de dénoncer l'alliance avec le Front national. Il a fait un beau mariage et semble taillé pour l'habit présidentiel. Un scandale mettra fin à sa carrière politique. Il fait aujourd'hui du théâtre, bonne reconversion pour un homme politique.
Philippe Séguin, dans un autre style, est l'étoile montante. Il y a du de Gaulle en lui, une intelligence, une épaisseur politiques remarquées par un expert, François Mitterrand, qui choisit de débattre avec lui dans le cadre du référendum sur le traité de Maastrich. Mais Séguin est trop franc, trop entier pour réussir en politique. Il lui manque un côté anguille. Il est devenu, ce qui n'est pas mal non plus, premier président de la Cour des Comptes, à défaut d'être celui de la République.
François Léotard fait rêver toute la droite et les jeunes filles à la fin des années 80. Il est jeune, beau, dynamique, intelligent, libéral, modéré, apprécié, tout pour plaire. Surtout, il a terriblement envie de devenir président de la République, une qualité fortement recommandée pour accéder à ce poste. A l'époque, Sarkozy range les chaises à la fin des meetings. Vous connaissez la suite. Léotard va abandonner, devenir écrivain (à ce qu'on dit) et Sarkozy va continuer à ranger les chaises, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une, à la tribune, la sienne, où il va s'installer.
Voilà le secret de la politique: il faut ranger des chaises et tenir bon. Sarkozy n'était pas plus doué, plus intelligent, plus à droite, moins à droite qu'un autre. Il était plus déterminé et un peu plus chanceux, parce que le hasard tient aussi sa place en politique.
Je termine avec la vie politique locale, celle de Saint-Quentin. Je serai candidat pour les élections municipales, je l'ai annoncé depuis bien longtemps. Mais quel nom sortira du chapeau, quel camarade choisiront les adhérents pour les représenter et mener campagne? Je n'en sais strictement rien, je n'ai même aucune probabilité ou hypothèse sérieuses à vous proposer. Pourtant, la décision sera prise dans trois ou quatre mois, ce qui est court, et l'élection a lieu en mars prochain. Mais c'est ainsi. Devant tant d'incertitudes, j'ai cependant une certitude absolue, qui rejoint la réflexion de Jean-Marie Rouart: celui ou celle qui aura été choisi par la section socialiste de Saint-Quentin sera à son image, son pur reflet, et c'est la raison pour laquelle celui-là ou celle-là aura été finalement choisi. Voilà le second secret de la politique.
Bonne matinée.
1 Comments:
Un maire philosophe, c'est bien, cela relativise les choses.
By jpbb, at 10:14 AM
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