L'Aisne avec DSK

23 juillet 2007

Responsable et irresponsable.

Bonjour à toutes et à tous.

La tragédie de l'accident de car polonais en Isère me conduit à deux remarques préalables:

1- A entendre plusieurs commentaires, la responsabilité relève des pouvoirs publics, coupables de laisser perdurer des endroits dangereux à la circulation. Jean-Louis Borloo a incliné en ce sens, demandant à ce que ces endroits soient repérés, mieux signalés, mieux surveillés et mieux contournés.

2- A entendre d'autres commentaires, moins nombreux, la responsabilité relève du chauffeur de car, qui a emprunté une voie interdite aux poids lourds non équipés du système de freinage adéquat. François Fillon est allé dans ce sens, indiquant qu'on ne pouvait pas mettre un gendarme à l'entrée de chaque passage dangereux.

Il faut bien sûr attendre les résultats de l'enquête, mais en l'état des connaissances, je donne entièrement raison à François Fillon contre Jean-Louis Borloo. La société individualiste dans laquelle nous vivons a tendance à exonérer les individus de toute responsabilité et accabler au contraire les institutions, les collectivités, les pouvoirs publics. C'est le règne du citoyen contre l'élu, de la base contre les représentants. Je n'accepte pas ce privilège accordé à "ceux d'en bas" contre "ceux d'en haut", j'y vois de la pure démagogie (qu'on appelle aujourd'hui "populisme").

Jean-Louis Borloo, soucieux de plaire à l'opinion, finit par tenir des propos stupéfiants: faut-il attendre qu'une tragédie ait lieu pour s'enquérir des points dangereux en France et songer à les neutraliser? Si la réponse est oui, le ministre est parfaitement irresponsable. Faire de la politique, c'est prévoir les problèmes, ce n'est pas attendre qu'ils arrivent pour commencer à agir. Borloo le sait parfaitement, il n'ignore pas que les endroits périlleux sont déjà répertoriés et neutralisés, mais il veut aller dans le sens de l'opinion, il veut dédouaner les individus de toute responsabilité, il se laisse aller à soupçonner des pouvoirs publics dont il a pourtant la charge. Il est irresponsable et masochiste.

Bonne matinée.

3 Comments:

  • tu as raison ! Mais
    le responsable est peut être aussi:
    - le constructeur qui n'a pas équipé le bus de freins suffisamment performants.
    - le mécano qui n'a pas anticipé l'usure des freins.
    - les pélerins qui n'avaient qu'à rester chez eux.
    - la DDE qui a fourni du mauvais goudron et peut être mal relevé les virages.
    - L'usine de béton qui n'a pas prévu, pour le parapet, du béton suffisamment résistant pour arréter un bus.
    - La vierge qui n'a pas assuré de son soutien les pélerins ( pourtant vue trois fois)
    A force de chercher des responsabilités, on se noie dans le flou! C'est peut être tout simplement pas de chance! Agir c'est prendre des risques qu'il faut savoir assumer
    MD

    By Blogger md, at 10:56 AM  

  • C'est le problème philosophique très compliqué de la causalité. Le philosophe Leibniz ne disait-il pas qu'un battement d'ailes de papillon en Chine pouvait déclencher un cyclone en Europe? C'est une image bien sûr, mais propre à faire réfléchir.

    Je crois que notre société ne supporte plus trois choses: le malheur, le hasard et la fatalité. En un sens, c'est un progrès, mais en un autre sens, c'est un manque de sagesse, car ces trois choses-là existent hélas.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 3:42 PM  

  • Il y a 5000 morts par an sur les routes, que l'on pourrait économiser avec l'usage du monorail bi-tube transfrontalier. C'est juste une question de financement, d'étude, de mise au point et de développement. On trouve le projet sur Internet, Google est votre ami.
    Mais le politique n'aime pas prendre de risques inutiles, et méfiant se réfugie derrière ses mots. Il ne s'engage que quand le gros de la troupe est courant devant lui, sauf exception.

    Pour le battement de l'aile de papillon, c'est un effet des système chaotique instables voir Edward Lorenz toujours

    chez notre ami Google. Selon les conditions initiales, on ne sais pas ce que l'on peut obtenir. C'est donc réinjecter une part de hasard dans le déroulement des choses, et donc l'impossibilité de prévoir l'avenir, ce qui met à plat toute prétention marxiste à écrire l'histoire à priori et à excécuter un scénario précis. Désolé d'être si brutal avec vous. Je relis la biographie de Marx, celle de Jacques Attali. On pouvait être socialiste et marxiste, mais tout est à refaire, le corpus des idées, les objectifs, et les moyens de les atteindre. Mais je suis là... ;-)

    By Blogger jpbb, at 9:42 AM  

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