L'Aisne avec DSK

21 juillet 2007

Histoire de salope.

Bonjour à toutes et à tous.

Vous vous souvenez de Patrick Devedjian traitant il y a quelques temps Anne-Marie Comparini de "salope", la quasi affaire d'Etat qui s'en est suivie et la réprobation unanime de la classe politique, avec intervention du président de la République en personne. A l'époque, j'étais à Paris, au congrès de la Ligue de l'enseignement, je ne suis donc pas intervenu immédiatement sur ce blog. Mais il y avait une autre raison... je n'ai pas osé, mon opinion tranchait avec le consensus ambiant. Vous vous souvenez de mon billet d'hier, la méfiance toute libérale que j'exprimais à l'égard de la société entravant l'épanouissement individuel. C'est un exemple, appliqué à ma personne (qui se veut pourtant très libre!).

Qu'est-ce qui m'amène aujourd'hui à revenir sur cette affaire et à enfin exprimer mon point de vue? Le fait que ce cher Philippe Val, encore et toujours lui, écrit dans Charlie de cette semaine des choses très sensées qui correspondent parfaitement à mes propres pensées d'alors:

"Faut-il se réjouir de cette unanimité politique pour réprouver Devedjian? Non. C'est au contraire catastrophique. La gauche aurait dû le défendre bec et ongles (...) Cette violation d'une conversation intime qui laisse à penser que l'injure proférée par Devedjian devant son copain a la même valeur que s'il l'avait dite volontairement en public est une escroquerie et un scandale (...) L'adversaire victime d'un manquement au respect de l'intimité auquel il a droit doit être secouru. C'est fondamental. Même s'il s'agit de Devedjian."

Ce que la gauche aurait dû défendre lors de cet incident, c'est d'abord le principe de laïcité, qui amène à la distinction absolue entre vie publique et vie privée, propos publics pour lesquels nous sommes éventuellement conduits à nous justifier et propos privés pour lesquels nous n'avons pas à rendre de comptes.

C'est ensuite le principe de liberté qui fait que chacun est libre de s'exprimer comme il l'entend, avec les mots qui sont les siens. Ce n'est pas la forme qui importe, c'est le fond. Si je n'aime pas une personne, je suis en droit de l'appeler "salope", et si elle me déteste, c'est son droit de me traiter de "connard", ces deux termes étant autorisé par les meilleurs dictionnaires. Vous me direz que l'élégance n'est pas au rendez-vous? Et alors, croyez-vous que la politique soit un concours d'élégance?

Enfin, et la deuxième remarque me conduit à la troisième, c'est le principe de politesse qu'il faut aussi défendre. Oui, j'ai bien dit le principe de politesse, car l'impolitesse n'est pas dans l'emploi de gros mots (ça s'appelle plutôt la vulgarité) mais dans le fait d'écouter aux portes et de rendre publique, par l'intermédiaire d'une caméra, une conversation strictement privée.

J'ajouterai une dernière chose, dont Val ne parle pas: vous vous souvenez de Sarkozy employant les mots de "racaille" et "kärscher" et la polémique déclenchée. Pour se justifier, il avançait l'argument de vouloir désormais parler comme tout le monde. Mais n'est-ce pas ce qu'a fait Devedjian?

Hier, j'ai proposé le socle politique du socialisme (liberté-égalité-fraternité) puis son socle philosophique (marché-Etat-individu). Je vous propose aujourd'hui son socle moral: intelligence-indépendance-vérité. Un socialiste ne doit pas hurler avec les loups, même quand le mouton est UMP. Il doit en toute indépendance d'esprit faire fonctionner son intelligence, avec un seul objectif en vue, la vérité.

Bon après-midi.