L'homme nouveau.
Au siècle dernier, le communisme et le fascisme ont voulu créer un homme nouveau et leur utopie, progressiste pour l'un, réactionnaire pour l'autre, ont échoué dans la tragédie. L'idéal d'un homme nouveau est mort? Non, il se réalise sous nos yeux, sans qu'on s'en rende compte, et ce sera le grand événement, avènement du XXIème siècle: l'homme nouveau de la société de consommation, libérale et technologique. Quelles seront, quelles sont déjà ses caractéristiques?
- Ce sera un être sans pieds ni mains, à peine aura-t-il un corps. Ce n'est pas du délire ou de la science-fiction. Les gens, avec l'automobile ou les escalators, marchent de moins en moins. Mes élèves, pourtant jeunes et robustes, sont vite fatigués après quelques centaines de mètres à pieds. Les portes s'ouvrent devant nous sans les toucher, seuls les doigts servent encore, pour appuyer sur les boutons ou les touches, la technologie se chargeant du reste. Bientôt, c'est la voix qui commandera aux machines. La voix sera le seul organe actif du corps (j'excepte l'organe du plaisir et de la reproduction).
- Ce sera, en conséquence, un être essentiellement cérébral. Je ne crois pas du tout en une société devenant de plus en plus "matérialiste", cliché plein de ressentiment envers le monde moderne. Nous sommes tous condamnés à devenir des "intellectuels". Il y a 30 ans, un manoeuvre ne sachant ni lire, ni écrire, ni compter avait sa place dans la société. Aujourd'hui, le moindre job exige des capacités intellectuelles. Le monde tend inexorablement vers l'abstraction. L'argent en espèces sonnantes et trébuchantes disparait au profit de la monnaie électronique, par exemple.
- Ce sera donc un être de langage. Les faits auront moins d'importance que les mots. La réalité n'aura plus guère de valeur, seul le discours comptera. Nous y sommes. La dernière campagne présidentielle l'a démontré. Les formules ont supplanté les projets. Sarkozy s'est laissé aller à une débauche étourdissante de mots, travail, sécurité, identité, Jaurès, etc. Un mot de travers peut tuer aujourd'hui une carrière politique. Pour convaincre, il suffit parfois de changer de vocabulaire. Pendant la campagne interne du PS, je défendais le "compromis social" prôné par DSK. L'expression faisait grincer des dents. En revanche, lorsque Ségolène a repris la même idée, mais sous la formule "gagnant-gagnant", amusante et chantante, le sourire d'adhésion a remplacé la moue dubitative.
- Ce sera, cet homme nouveau privé de corps mais au cerveau développé, un être désorienté, sans repères. Au-delà du corps et de l'espace, dans le monde purement cérébral, nous ne savons plus très bien où nous sommes parce que nous sommes partout et nulle part. L'homme nouveau, l'homme de l'internet et de la télévision, sera connecté partout et déconnecté du réel. Il sera mentalement "délocalisé", ce sera la plus profonde des délocalisations, après celle de la production et des services. Cet homme sera ainsi très fragile, très vulnérable. La révolution est en marche. Un train est-il stoppé la nuit en pleine campagne et c'est l'errance des passagers, qui ne savent plus se repérer dans l'obscurité, le froid, l'inattendu, l'inconnu. Avec la généralisation du GPS, il deviendra inutile de donner une adresse, les gens ne sauront plus s'orienter. Je le constate déjà.
Nous sommes en train de vivre une incroyable révolution anthropologique, équivalente peut-être à l'évolution de l'homme de Neandertal à l'Homo sapiens, au passage de l'âge de pierre à l'âge de bronze et de fer. La refondation du socialisme doit être à la hauteur de ce changement de civilisation.
Bonne soirée.
- Ce sera un être sans pieds ni mains, à peine aura-t-il un corps. Ce n'est pas du délire ou de la science-fiction. Les gens, avec l'automobile ou les escalators, marchent de moins en moins. Mes élèves, pourtant jeunes et robustes, sont vite fatigués après quelques centaines de mètres à pieds. Les portes s'ouvrent devant nous sans les toucher, seuls les doigts servent encore, pour appuyer sur les boutons ou les touches, la technologie se chargeant du reste. Bientôt, c'est la voix qui commandera aux machines. La voix sera le seul organe actif du corps (j'excepte l'organe du plaisir et de la reproduction).
- Ce sera, en conséquence, un être essentiellement cérébral. Je ne crois pas du tout en une société devenant de plus en plus "matérialiste", cliché plein de ressentiment envers le monde moderne. Nous sommes tous condamnés à devenir des "intellectuels". Il y a 30 ans, un manoeuvre ne sachant ni lire, ni écrire, ni compter avait sa place dans la société. Aujourd'hui, le moindre job exige des capacités intellectuelles. Le monde tend inexorablement vers l'abstraction. L'argent en espèces sonnantes et trébuchantes disparait au profit de la monnaie électronique, par exemple.
- Ce sera donc un être de langage. Les faits auront moins d'importance que les mots. La réalité n'aura plus guère de valeur, seul le discours comptera. Nous y sommes. La dernière campagne présidentielle l'a démontré. Les formules ont supplanté les projets. Sarkozy s'est laissé aller à une débauche étourdissante de mots, travail, sécurité, identité, Jaurès, etc. Un mot de travers peut tuer aujourd'hui une carrière politique. Pour convaincre, il suffit parfois de changer de vocabulaire. Pendant la campagne interne du PS, je défendais le "compromis social" prôné par DSK. L'expression faisait grincer des dents. En revanche, lorsque Ségolène a repris la même idée, mais sous la formule "gagnant-gagnant", amusante et chantante, le sourire d'adhésion a remplacé la moue dubitative.
- Ce sera, cet homme nouveau privé de corps mais au cerveau développé, un être désorienté, sans repères. Au-delà du corps et de l'espace, dans le monde purement cérébral, nous ne savons plus très bien où nous sommes parce que nous sommes partout et nulle part. L'homme nouveau, l'homme de l'internet et de la télévision, sera connecté partout et déconnecté du réel. Il sera mentalement "délocalisé", ce sera la plus profonde des délocalisations, après celle de la production et des services. Cet homme sera ainsi très fragile, très vulnérable. La révolution est en marche. Un train est-il stoppé la nuit en pleine campagne et c'est l'errance des passagers, qui ne savent plus se repérer dans l'obscurité, le froid, l'inattendu, l'inconnu. Avec la généralisation du GPS, il deviendra inutile de donner une adresse, les gens ne sauront plus s'orienter. Je le constate déjà.
Nous sommes en train de vivre une incroyable révolution anthropologique, équivalente peut-être à l'évolution de l'homme de Neandertal à l'Homo sapiens, au passage de l'âge de pierre à l'âge de bronze et de fer. La refondation du socialisme doit être à la hauteur de ce changement de civilisation.
Bonne soirée.
2 Comments:
ta vision de l'homme de demain est juste il y a trente ans déjà j'avais lu cela dans la revue scientifique "la recherche". c'est ce qui m'a fait devenir naturiste et hostile à la l'utilisation abusive des nouvelles technologies. je continue la tradition d'un jardin à l'ancienne sans pesticide ni engrais chimique, je fais de l'élevage pour ma consommation, je fais mon pain, je possède très peu de gadgets modernes.... et je vis bien.
je ne crois pas que le socialisme sera à la hauteur car notre civilisation est décadente et n'a plus ou peu de valeurs auxquelles s'accrocher. Il ne survivra bientôt plus que ceux qui ont conservé des rudiments de vie sauvage! l'homme nouveau comme tu l'appelles est trop fragile, et son cerveau si faible (et pourtant il restera que celà) qu'il faut pour n'importe quel événement un peu dérangeant une cellule psychologique!!
Quand tu dis qu'il existe en sus de la voix l'organe du plaisir et de la reproduction, même là j'ai des doutes (insimination artificielle, culture in vitro, clonage, péridurale pour avoir moins mal même quand c'est psysiologiquement inutile,...) L'homme est mal parti mais je ne verrai pas sa chute, je prends de l'âge et si notre civilisation continue à décliner, je partirai à l'âge de la retraite dans ma "retraite" et vivrai en autarcie avec le peu de pension que je toucherai mais je serai bien!
MD
By md, at 10:21 PM
Mais c'est un cauchemard...
Allez, demain une bonne douche, un café fort et une bonne promenade dans la campagne. Chaque fois qu'on va à Paris, c'est toujours dur de s'en remettre.
By jpbb, at 10:57 PM
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