L'Aisne avec DSK

20 juillet 2007

Comment battre Sarkozy.

Bonjour à toutes et à tous.

Comment battre Sarkozy? C'est la question principale que doit se poser une opposition digne de ce nom, c'est-à-dire bien décidée à ne pas demeurer dans l'opposition. J'ai cinq observations à faire:

1- Sarkozy sera difficile à battre, autant le reconnaître tout de suite, parce que sa stratégie médiatique est insaisissable. Elle repose sur la méthode du zapping. On passe d'un sujet à un autre sans s'arrêter sur aucun. Cette idéologie de l'action pure interdit le temps de la réflexion et donc celui de la contestation. Je prends un exemple, la suppression de la carte scolaire, mesure fondamentale aux conséquences immenses. Plus personne n'en parle, et surtout pas Sarkozy, à six semaines pourtant de la rentrée. Aujourd'hui, c'est-à-dire pour quelques jours tout au plus, ce dont on parle, c'est du service minimum. Pour combien de temps? Quelle nouvelle mesure aura chassé celle-ci?

2- Nous savons au moins ce qu'il ne faut pas faire: de l'anti-Sarkozy, des attaques sur sa personne, son style, sa psychologie, ses pathologies... On a vu les résultrats désastreux d'une telle attitude pendant la campagne. Sarkozy est populaire, il plaît parce qu'il agit et qu'il répond à des aspirations contemporaines, très mal de mon point de vue, mais il répond tout de même. Il faut donc distinguer l'homme de sa politique, épargner le premier et attaquer la seconde.

3- Ne nous faisons pas d'illusion: il n'y aura pas, sur le court terme, de rejet global de la politique de Sarkozy. Son libéralisme est l'expression, notamment, de l'américanisation des moeurs, et contre cela, nous ne pourrons rien, sauf à se marginaliser. Sarkozy est "moderne", de la plus mauvaise façon qui soit, mais il est de fait "moderne", en phase avec la société, et personne ne pourra le lui enlever. J'ajouterai que l'époque n'est plus aux adhésions ou aux rejets globaux, les grandes idéologies ayant disparu. Sarkozy l'a bien compris quand il a mélangé, durant la campagne, des références politiques tout à fait hétérogènes. Une certaine gauche n'a rien compris quand elle a cru que le rejet de la Constitution européenne en 2005 exprimait une vague antilibérale.

4- Sarkozy périra par où il a péché, le zapping politique et médiatique. Un jour viendra, inéluctable, où une mesure suscitera l'antipathie, soulèvera la réprobation, sanctionnera le sarkozysme et entraînera sa défaite électorale. Sera-ce la loi sur le service minimum, qui restreint non le droit mais la pratique de la grève? Le gouvernement mériterait ce camouflet, mais ce serait trop beau, et c'est trop tôt. D'autant que beaucoup de français ne sont pas hostiles au projet. Je vois plutôt le vent se lever, quand le projet arrivera, à partir des franchises médicales, système compliqué et injuste qui touche à l'intime et au sacré contemporain, le corps et sa santé. Je crois en un tel retournement d'opinion, sur les franchises médicales ou tout autre sujet (je ne suis prophète), parce qu'il y a un petit mais réel précédent, le débat sur la TVA social entre les deux tours des législatives. Il a suffi de quelques jours, sur un sujet assez technique et a priori pas bien méchant, pour que les socialistes retrouvent un peu les faveurs de l'opinion, à cause de cette crainte: les prix vont augmenter!

5- Par où le sarkozysme va-t-il se fissurer et craquer? Je vais vous le dire: par l'augmentation insupportable de la dette publique. C'est par l'économie et les finances que la barque va prendre eau et couler. Je ne m'en réjouis pas, cette barque s'appelle la France et nous sommes les naviguants. Le sarkozysme ne périra pas politiquement, il est trop habile pour cela, trop à l'écoute de l'opinion, trop soucieux de la satisfaire. Son naufrage sera budgétaire, quand l'Etat aura été tellement privé de recettes qu'il ne pourra plus rembourser ses dettes et financer ses infrastructures. C'est pourquoi j'ai pensé que le seul socialiste qui pouvait battre Sarkozy était un économiste, DSK, même si les sondages donnaient l'avantage à Ségolène. Mais bon, on ne va pas refaire l'Histoire...

Vous savez maintenant comment battre Sarkozy, à vous, à nous de jouer.

Bonne matinée.

3 Comments:

  • je suis tout à fait d'accord avec votre analyse concernant le côté finances du gouvernement et ce n'est pas par hasard si notre "cher" président à choisi DSK pour le FMI - il sait aussi pour notre malheur s'entourer de pointure, on en viendrai "presque" à regretter que sarko ne soit pas socialiste !!

    By Anonymous Anonyme, at 12:08 PM  

  • Si Sarkozy arrive à créer de la richesse, donc à produire des entreprises innovantes qui font rentrer du cash dans les caisses de l'état, il sera indestructible ?

    By Blogger jpbb, at 1:05 PM  

  • Je rappelle au premier intervenant que ce n'est pas le président de la République française qui "choisi" le directeur du FMI. Il soutient une candidature décidée collectivement.

    Ce n'est pas un "malheur" mais au contraire une chance pour la France et la social-démocratie d'avoir l'un des nôtres dans une institution financière prestigieuse et influente.

    Il n'y a pas à "regretter" que Sarkozy ne soit pas socialiste. Il est ce qu'il est, un homme de droite, point final.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 3:34 PM  

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