L'Aisne avec DSK

22 septembre 2007

Café, ciné, philo.

J'ai animé jeudi soir un café philo sur le thème, volontairement déconcertant: être ou ne pas être bourgeois? Comme toujours, je suis dans l'incapacité de synthétiser les réponses, tellement les réactions sont multiples. Cependant, j'ai retenu que la contestation économique et politique de la bourgeoisie n'apparaissait pas dans les propos tenus. Nous sommes loin des années marxistes! En revanche, ce qui provoquait la critique ou ce qui retenait beaucoup plus l'attention, c'était "l'esprit bourgeois", pour le dénoncer ou s'en féliciter. Les intervenant ont plutôt adopter cette perspective morale sur la bourgeoisie. J'ai eu finalement l'impression que nous étions tous, plus ou moins, bourgeois et que nous étions assez satisfaits de cette situation, sachant, cerise sur le gâteau, que rien n'est plus bourgeois que s'en prendre à la bourgeoisie. Je verrais bien cet après-midi à Soissons, où je traite du même thème, si les réactions seront similaires.

Hier soir, c'est un ciné philo que j'animais (que voulez-vous, je suis prof de philo!), à partir du film "4 mois, 3 semaines et 2 jours", Palme d'Or au Festival de Cannes de cette année. Sa sortie avait provoqué une petite polémique, laissant entendre que le ministre de l'Education nationale aurait pu interdire la projection aux élèves, le film évoquant crument l'avortement. En réalité, il va bien au-delà de la question pour ou contre, je ne pense même pas qu'il s'agisse du sujet principal. Cette oeuvre est fort riche. Elle relève autant de la philosophie morale (l'amitié, l'amour, le sexe, la famille, le mensonge, etc) que de la philosophie politique (la fin d'un régime communiste). A ce propos, je me souviens des années 70 et de la façon dont je (et beaucoup de gens) me représentais le "socialisme réellement existant", comme disaient les communistes d'alors: gris, froid, ennuyeux, triste, lugubre, pénible. Toute une esthétique dévalorisante et repoussante me dissuadait de devenir communiste, autant et peut-être plus que les préventions idéologiques.

Eh bien, ce film représente parfaitement cette image que je me faisais du communisme, sans être un "anticommuniste primaire", comme on disait aussi à l'époque: quelque chose qui pourrit la vie quotidienne, qui la rend insupportable. De ce point de vue, le communisme a tourné le dos à la civilisation alors qu'il se chargeait d'en construire une nouvelle. Il y avait quelque chose de mort, de morbide, de mortel dans le communisme, et il a d'ailleurs fini par en mourir. Le capitalisme a beau être féroce, cruel, injuste, odieux, il me semble qu'il est toujours du côté de la vie, de l'espoir, de l'avenir, ne serait-ce que parce qu'il est ouvert, de gré ou de force, à sa propre contestation. Je n'argumente pas mes propos, je vous livre des impressions et des idées qui me sont venues en regardant ce film éprouvant et en écoutant les interventions qui ont suivi pendant le ciné philo.


Bonne fin de matinée.

4 Comments:

  • Le capitalisme est comme un chien fou, il faut lui mettre une laisse et d'éduquer. Les communistes marxistes se proposaient de le piquer, grossière erreur, ils l'étaient et ne s'en rendaient pas compte. Pour voir la vie en rose, Michel Rocard:

    http://minilien.com/?SZXQjrpjJU

    By Blogger jpbb, at 12:34 PM  

  • Comme tu le dis voir le capitalisme du coté de l'espoir,de la vie ,de l'avenir relève d'une impression et non pas d'une argumentation.J'entendais récemment je crois à la radio ,une émission philo ou l'on argumentait justement sur le fait que le capitalisme porte en lui un instinct de mort qui le pousse à s'autodétruire parce qu'il n'a pas de limite et qu'il ira juqu'au bout. Il est parfaitement capable d'aller dans le gouffre seul parce qu'il est insatiable.
    Je ne suis pas là dans l'appréciation ou la comparaison d' un système économique par rappport à un autre et au jour le jour (je dis ça pour VAL par prudence car je n'ai pas les bases sans doute...je plaisante Val)mais dans une espèce de questionnement philosophique auquel il m'arrive de me livrer. Ne sois pas trop sévère EM.

    By Anonymous Anonyme, at 5:44 PM  

  • Le capitalisme est en effet un objet de questionnement philosophique. A ce propos, je conseille à AV un bouquin dont je ne partage pas toutes les analyses mais qui est intéressant et abordable: "Le capitalisme est-il moral?" d'André Comte Sponville, un de mes anciens profs à la Sorbonne.
    Je crois qu'on a diabolisé le capitalisme et que ce système est capable du meilleur comme du pire. Je sais que c'est un peu facile de le dire comme ça, mais sur le meilleur et le pire du capitalisme, je renvoie à mes réflexions de cet été sur ce blog (juillet).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:19 PM  

  • Café philo très enrichissant avec un très bon orateur! Merci beaucoup...

    By Anonymous Anonyme, at 9:07 PM  

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