Encore les chiens.
Bonjour à toutes et à tous.
Trois drames, dont un mortel, ont eu lieu cette semaine, à propos de chiens dangereux blessant gravement ou tuant. J'avais déjà évoqué cette question sur ce blog il y a quelques semaines, l'actualité m'oblige hélas à y revenir et à être ferme et clair:
1- La multiplication des chiens domestiques dans notre société n'est pas un épiphénomène anecdotique. C'est un fait de civilisation, étudié par les sociologues, et c'est un problème politique, car cette présence massive génère d'importantes nuisances et des problèmes de sécurité.
2- Jadis, les chiens étaient bien évidemment présents, mais beaucoup moins nombreux, et surtout bien intégrés à une société dans laquelle ils exerçaient un rôle (surveiller les moutons, garder la ferme, etc). Les aristocrates élevaient des chiens d'apparat (lévriers, ...).
3- Aujourd'hui, la conscience collective perçoit confusément que le chien n'est pas seulement un toutou mais un animal qui, en tant que tel, peut réagir de façon impulsive et devenir dangereux. Depuis longtemps, l'imagerie populaire se représente le brave facteur dont le bas du pantalon est tiraillé par un chien hargneux, quand ce ne sont pas les crocs qui s'enfoncent dans le mollet... Malgré ce pressentiment négatif, l'amour pour les chiens a été le plus fort dans les sociétés contemporaines.
4- Les drames où sont impliqués des chiens, comme les trois de la semaine, ont lieu généralement dans les familles. De ce point de vue, l'image du facteur attaqué ne rend pas service, elle laisse entendre que le chien est dangereux à l'extérieur, vis à vis de l'étranger. Non, c'est dans l'intimité du foyer, là où précisément le chien n'est pas considéré comme dangereux, là où existe même une forme d'amour, d'harmonie, entre les chiens et les humains, que les drames se produisent.
5- Nous aurions tort d'établir une frontière absolue, une distinction radicale entre chiens dangereux et chiens inoffensifs. Pédagogiquement, c'est inefficace. Un chien dit dangereux, je n'en doute pas, peut être généralement très doux. Un teckel ou un caniche, qui ne sont pourtant pas des fauves, peuvent à l'inverse mordre et blesser. Ce qu'il faut dire, mais je ne suis pas certain que la civilisation moderne soit prête à l'entendre, c'est qu'un chien est d'abord, avant tout et seulement une bête, un animal, qu'il est par conséquent imprévisible et qu'il peut devenir rapidement dangereux, surtout à l'égard des plus faibles.
6- Il faudrait dire aussi autre chose, mais là je crains vraiment que ça ne passe pas du tout: un animal ne peut pas, ne pourra jamais être un objet d'amour ou d'affection au même titre qu'un être humain. La sensibilité d'un enfant ne va pas se développer parce qu'il soigne un chiot. A partir de cette idée, il faut souligner combien il est anormal, parfois pathétique et peut-être même pathologique, de voir la présence de chiens dans des familles qui n'en ont pas besoin, dans lesquelles règnent, du moins en apparence, l'amour entre ses membres. Qu'un jeune célibataire, qu'une personne âgée ou qu'un couple sans enfant aillent chercher l'amour qui leur fait défaut à travers une présence animale qui compense l'absence humaine, je comprends et je trouve même cela émouvant, attendrissant. Sinon, je partage entièrement l'adage populaire: pourquoi aller chercher ailleurs (les chiens) ce qu'on a chez soi (ses enfants, son conjoint)? A moins que, justement, on n'y trouve pas ce qu'on espérait. Mais c'est alors une autre histoire...
Retenons simplement que les mesures administratives que va prendre le ministère de l'Intérieur, aussi nécessaires soient-elles, ne régleront pas totalement un problème de fond, qui est un problème de civilisation.
Bonne matinée.
Trois drames, dont un mortel, ont eu lieu cette semaine, à propos de chiens dangereux blessant gravement ou tuant. J'avais déjà évoqué cette question sur ce blog il y a quelques semaines, l'actualité m'oblige hélas à y revenir et à être ferme et clair:
1- La multiplication des chiens domestiques dans notre société n'est pas un épiphénomène anecdotique. C'est un fait de civilisation, étudié par les sociologues, et c'est un problème politique, car cette présence massive génère d'importantes nuisances et des problèmes de sécurité.
2- Jadis, les chiens étaient bien évidemment présents, mais beaucoup moins nombreux, et surtout bien intégrés à une société dans laquelle ils exerçaient un rôle (surveiller les moutons, garder la ferme, etc). Les aristocrates élevaient des chiens d'apparat (lévriers, ...).
3- Aujourd'hui, la conscience collective perçoit confusément que le chien n'est pas seulement un toutou mais un animal qui, en tant que tel, peut réagir de façon impulsive et devenir dangereux. Depuis longtemps, l'imagerie populaire se représente le brave facteur dont le bas du pantalon est tiraillé par un chien hargneux, quand ce ne sont pas les crocs qui s'enfoncent dans le mollet... Malgré ce pressentiment négatif, l'amour pour les chiens a été le plus fort dans les sociétés contemporaines.
4- Les drames où sont impliqués des chiens, comme les trois de la semaine, ont lieu généralement dans les familles. De ce point de vue, l'image du facteur attaqué ne rend pas service, elle laisse entendre que le chien est dangereux à l'extérieur, vis à vis de l'étranger. Non, c'est dans l'intimité du foyer, là où précisément le chien n'est pas considéré comme dangereux, là où existe même une forme d'amour, d'harmonie, entre les chiens et les humains, que les drames se produisent.
5- Nous aurions tort d'établir une frontière absolue, une distinction radicale entre chiens dangereux et chiens inoffensifs. Pédagogiquement, c'est inefficace. Un chien dit dangereux, je n'en doute pas, peut être généralement très doux. Un teckel ou un caniche, qui ne sont pourtant pas des fauves, peuvent à l'inverse mordre et blesser. Ce qu'il faut dire, mais je ne suis pas certain que la civilisation moderne soit prête à l'entendre, c'est qu'un chien est d'abord, avant tout et seulement une bête, un animal, qu'il est par conséquent imprévisible et qu'il peut devenir rapidement dangereux, surtout à l'égard des plus faibles.
6- Il faudrait dire aussi autre chose, mais là je crains vraiment que ça ne passe pas du tout: un animal ne peut pas, ne pourra jamais être un objet d'amour ou d'affection au même titre qu'un être humain. La sensibilité d'un enfant ne va pas se développer parce qu'il soigne un chiot. A partir de cette idée, il faut souligner combien il est anormal, parfois pathétique et peut-être même pathologique, de voir la présence de chiens dans des familles qui n'en ont pas besoin, dans lesquelles règnent, du moins en apparence, l'amour entre ses membres. Qu'un jeune célibataire, qu'une personne âgée ou qu'un couple sans enfant aillent chercher l'amour qui leur fait défaut à travers une présence animale qui compense l'absence humaine, je comprends et je trouve même cela émouvant, attendrissant. Sinon, je partage entièrement l'adage populaire: pourquoi aller chercher ailleurs (les chiens) ce qu'on a chez soi (ses enfants, son conjoint)? A moins que, justement, on n'y trouve pas ce qu'on espérait. Mais c'est alors une autre histoire...
Retenons simplement que les mesures administratives que va prendre le ministère de l'Intérieur, aussi nécessaires soient-elles, ne régleront pas totalement un problème de fond, qui est un problème de civilisation.
Bonne matinée.
2 Comments:
Ce n'est pas un problème de civilisation mais uniquement d'éducation. Comme un enfant (voire un adulte) agit dans un cadre, le chien doit également apprendre son environnement et agir dans un cadre strict. Quiconque définit des règles peut détenir un chien! (pas uniquement les seuls en manque d'amour c'est d'ailleurs là le hic! Un chien est un chien, un animal sauvage avec un atavisme de chasseur et de tueur et non un substitut d'humain). Il suffit de voir l'éducation laxiste et lamentable que reçoivent nos enfants pour comprendre les accidents! Il n'y a aucune raison qu'une personne incapable de s'occuper de ses enfants soit capable d'élever (dresser) un chien! Comment peut on laisser un enfant seul sans surveillance d'un adulte que ce soit dans la rue ou dans sa cour avec des chiens ou autres (jeunes délinquants, adultes pervers,....)? C'est de l'inconscience! Aucun texte ne peut obliger un individu à être un éducateur et responsable! Les textes proposés par le Ministre n'auront donc aucun autre effet que de se donner bonne conscience!
MD
By md, at 7:20 PM
Civilisation et éducation, oui, je crois que nous sommes d'accord, moi toujours un peu plus optimiste que toi.
By Emmanuel Mousset, at 9:40 PM
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