L'Aisne avec DSK

22 septembre 2007

Jospin, raison et tort.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai lu les bonnes feuilles du livre de Lionel Jospin, "L'impasse", parues dans le supplément du Monde du 22 septembre. Rien à dire, c'est clair, précis, froid, méthodique, distant, argumenté, convaincant, bref du Jospin de la meilleure époque. Sa déconstruction du "mythe " Royal, qui aura illusoirement suscité "ferveur et dévotion", tout cela me semble très juste, très vrai. Etait-il opportun de le dire maintenant, et même de le dire publiquement? Je ne crois pas que ce soit utile à quoi ou à qui que ce soient, et surtout pas à l'unité des socialistes. Mais ma critique va ailleurs, se concentre sur l'essentiel, avec lequel je suis en désaccord, sur deux points exactement:

1- La défaite de 2002: "La crise électorale de 2002 résulte avant tout de l'écroulement de la construction politique de la gauche plurielle, faite à la fois de synthèses et d'alliances" (c'est moi qui souligne).

Non, la crise électorale de 2002 n'a pas été pas causée par la multiplication des candidatures à gauche. Celle-ci a précipité et aggravé la défaite, elle ne l'a provoquée. Il faut aller voir du côté de la sociologie pour comprendre les évolutions de la société qui ont conduit à ce rejet.

2-La défaite de 2007: "Ségolène Royal a échoué parce que, insensiblement mais inexorablement, l'idée s'est inscrite dans l'esprit de nos concitoyens que la candidate n'avait pas la stature nécessaire pour être portée à la magistrature suprême" (idem).

Non, Sarkozy n'était pas meilleur que Royal en terme de "stature". D'ailleurs, en 2006, Royal l'emportait sur Sarkozy dans plusieurs sondages. Là encore, c'est la sociologie qui pourra nous expliquer pourquoi c'est Sarkozy et pas Royal qui a entraîné l'adhésion des français.

Ce que je reproche à Jospin, c'est qu'il a gardé un fond lambertiste. Il a théoriquement raison, sur le papier et à l'aide de chiffres. Mais la politique, ce n'est pas ça, c'est une dynamique qui provient du plus profond de la société et à laquelle il faut donner une forme. Avec Lionel Jospin, nous en sommes encore très loin. Ce qui nous a fait perdre en 2002, c'est plus les 35 heures et l'insécurité que Chevènement ou Besancenot (qui n'ont rien arrangé, c'est certain, j'en conviens). Ce qui nous a fait perdre en 2007, c'est plus le projet de Sarkozy que l'absence de projet ou les limites personnelles de Ségolène.


Bonne nuit.

13 Comments:

  • L'unité de façade des socialistes, on s'en fout. La cause de l'échec, des échecs est un devoir de vérité, sinon c'est la répétition fatalement. Or nous sommes un parti de gouvernement. Ségolène ne faisait pas le poids, c'était bourde sur bourde. Même au PS la majorité n'y croyait pas, tout le monde faisait semblant, alors que c'était plié dès le début de la campagne. Malgré toutes ses improvisations et son amateurisme, Royal n'a jamais pu rattraper Sarkozy. Ségolène n'a aucune vision, c'est en cela qu'elle est trop faible, il faut lui écrire ses discours pour qu'ils aient un semblant de cohérence. Encore une fois, rien à voir avec DSK par exemple qui est époustouflant quand il parle sans notes. Il déroule le fil de son raisonnement sous nos yeux, et c'est luisant d'intelligence. Ségolène à coté fait peine à voir. J'ai vu les deux, je sais donc de quoi je parle. La politique marketing ne marche pas, c'est une impasse.

    By Blogger jpbb, at 11:13 PM  

  • En dehors de la candidate et de son forcing à l'être, il y a bien sur un PS vieillot avec des courants qui font dans le mou, la hiérarchie qui conserve ses acquis, le vieillissement des cadres, et ce misérable appui bancal que l'on va chercher chez le PC et les autres pires, en n'ayant pas le courage de virer toute la quincaillerie marxiste qui donne un semblant d'unité à la gauche et fait fuir l'électeur normalement constitué. C'est pour cela qu'il y a la refondation:

    http://forumsdelarenovation.parti-socialiste.fr/

    By Blogger jpbb, at 11:29 PM  

  • Ce que Rocard en pense:


    http://minilien.com/?H2CAfzRtXe

    By Blogger jpbb, at 11:36 PM  

  • Je ne crois pas que c'est le projet de Sarkozy qui l'a fait gagner, car la plupart de ses électeurs le découvrent à peine (TVA sociale, franchises médicales, suppressions de fonctionnaires, ...).
    Par contre, quand je tractais pour Royal, on m'envoyait systématiquement à la figure que le PS est le parti des assistés (RMI) et des fainéants (35 heures).
    Royal donc a traîné les "boulets" nommés Mitterrand et, plus ironiquement, Jospin.
    Ce qui a fait gagner Sarkozy, c'est un rejet viscéral de la Gauche et de ses valeurs, dénigrées par la "droite décomplexée".
    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 12:11 AM  

  • et l'on retrouve le travers du PS, un bon constat chiffré mais une mauvaise analyse et interprétation.
    - rejet de l'échec sur l'autre (les autres candidats, Sarkozy, Royal...)
    - interférence des courants
    - soutien mou aux candidats (trop d'arrière pensée à courte vue)
    - non analyse de la sociologie des français en général et de l'électorat de gauche (le PS est un parti d'élite (c'est peut être un peu fort!) trop éloigné de sa base)
    - absence de marketing sérieux et de communication positive
    - pas de dynamique de victoire
    C'est dommage car le parti a les compétences et les propositions pour gouverner mais doit se contenter d'être dans l'opposition à croire qu'il aime celà!!
    MD

    By Blogger md, at 12:14 AM  

  • Je ne crois pas être en désaccord fondamental avec Thierry. Si notre projet a été rejeté, c'est aussi parce qu'un autre a séduit. C'est vrai, le coup des 35 heures et de "l'assistanat" a fait des dégâts, c'est pourquoi les électeurs (qui bien sûr ne retenaient pas tout du projet Sarkozy) ont été séduit par le "travailler plus pour gagner plus". Ce slogan a fait des ravages dans notre électorat.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:24 AM  

  • Pour taquiner MD, j'ai envie de dire combien j'aimerais que le PS soit un "parti d'élite" ... surtout chez moi, à Saint-Quentin! Hélas, nous en sommes très éloignés. A ma connaissance, il n'y a pas un médecin, un banquier, un notaire, un professeur d'université dans notre section (mais nous avons quand même un avocat, un commercant, un chef de petite entreprise, un directeur d'établissement public...). Le drame, c'est que nous n'avons pas non plus d'ouvriers de grande entreprise. Bref, nous sommes trop peu nombreux, et le ton des discussions n'est pas donné par l'élite, c'est le moins qu'on puisse dire.

    Le problème soulevé par MD est majeur: les sections socialistes sont généralement isolées du reste de la société, peu représentatives. Là où nous avons des élus, où nous dirigeons des municipalités, c'est évidemment différent.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:41 AM  

  • Le PS n' a pas su imposer son slogan: « Travailler mieux pour gagner plus ». Il faut d'abord qu'il se l'applique à lui même, et c'est bien le but de la refondation-rénovation.

    By Blogger jpbb, at 1:12 PM  

  • Bon évidemment la ça intéresse tout le monde.Que Jospin est un fond Lambertiste ne me dérange pas du tout, au contraire.
    Si en plus il a théoriquement raison , c'est parfait.
    Pour ma part je pense que le programme nous a fait davantage perdre en 2007 qu'en 2002.Chevènement Besancenot et autres ont qd mm fait perdre Jospin c'est mathématiquement imparable.

    By Anonymous Anonyme, at 8:34 PM  

  • En matière d'élections les mathématiques sont inutiles (heureusement d'ailleurs!!) sinon cela se saurait et il ne serait plus nécessaire d'aller voter!
    MD

    By Blogger md, at 8:46 PM  

  • Le lambertisme, c'est le culte de la théorie pure, du raisonnement glacé qui est vrai sur le papier, comme peut être vraie une démonstration mathématique, mais qui se révèle faux dans la réalité, parce que la réalité, c'est la vie, et que la vie ne se soumet pas aux torsions théoriques que lui font subir les lambertistes.

    Qui s'émerveille devant cette école de pensée? Ceux qui y sont passés et qui généralement en sont sortis (comme Jospin). Au lieu de s'extasier avec nostalgie sur leurs amours d'antan, il ferait mieux de réfléchir sur l'extrême marginalité du PT, ex PCI, ex MPPT, ex OCI, ex je ne sais plus bien trop quoi quand on entre dans les années 50. Pour des militants qui prétendent détenir mathématiquement la vérité, ils ne sont pas très convaincants pour la faire partager aux autres.

    J'écoutais tout à l'heure Jospin sur RTL, au Grand Jury. J'ai apprécié sa clarté, sa précision, ses raisonnements, toute chose qu'il doit en partie au lambertisme. Il n'empêche que les français l'ont rejeté, que je suis le premier à le regretter mais que c'est ainsi. Argumenter pour les 35 heures, c'est très bien, je l'ai fait et j'ai eu raison de le faire. Le problème, c'est que la vie n'est pas faite que de raisons, que c'est plus compliqué, plus obscur, plus irrationnel. Et là, les lambertistes ne peuvent plus rien dire sinon réciter Marx et rajouter vainement de la théorie à la théorie.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:01 PM  

  • OK je suis entièrement d'accord sur ton analyse du lambertisme. J'en suis sorti d'ailleurs mais j'ai lgtps été séduit par leur rigueur intellectuelle, leur coté réponse à tout,leur habileté à tout théoriser etc...

    By Anonymous Anonyme, at 1:54 PM  

  • mais qui connait lionel jospin? je lance un quête : membre du ps, vous qui avez connu LJ, svp faites quelque chose pour lui . cotisez vous et payez lui une thérapie longue, longue, trés longue..... VAL

    By Anonymous Anonyme, at 11:23 AM  

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