L'Aisne avec DSK

01 septembre 2007

Le pouvoir est maudit?

Bonsoir à toutes et à tous.

Je vous ai parlé en me levant, ce matin, du pouvoir et de son amour quand on fait de la politique. Je ne sais si le déclin du soleil y est pour quelque chose, mais je suis à cette heure un peu moins optimiste. Il est vrai, et j'aurais dû le préciser ce matin, que la recherche, l'exercice et la conservation du pouvoir ne sont pas exempts de comportements pathologiques. C'est la réalité même du pouvoir qui les induit. Un homme qui devient supérieur aux autres de par la place qu'il occupe, qui peut les commander, influer sur leur existence, comment voulez-vous que cette situation inégalitaire ne favorise pas des abus, des dérives, des injustices, des paranoïas, des névroses, des crimes? L'Histoire le prouve aisément. Je me souviens d'un ouvrage à succès dans les années 70, à propos des chefs d'Etat: "ces malades qui nous gouvernent". La maladie mentale n'est pas loin quand on approche des sphères du pouvoir.

Finalement, il y a une part d'anarchiste qui sommeille dans le social-démocrate que je suis. Bien sûr, je n'irai pas jusqu'à m'écrier, avec Louise Michel: "le pouvoir est maudit", mais il y a du vrai dans cette réaction. Ce qui me sauve de l'anarchie, c'est la République. Je crois que la part maudite du pouvoir, à quelque échelle que ce soit (le pouvoir commence dans une association lorsque certains jouent aux petits chefs), peut être jugulée, maîtrisée, traitée, à quatre conditions: que le pouvoir soit limité, provisoire, partagé et délégué. Le quatrième point est particulièrement important. Le pouvoir ne doit pas s'engendrer lui-même, être sa propre origine, sinon c'est un pouvoir absolu, au sens propre du terme.

Psychologiquement, et c'est la précision que je veux souligner par rapport à mes affirmations de ce matin, il faut, en politique, aimer le pouvoir mais ne pas vouloir en jouir. Aimer est une passion qui implique l'autre, se porte sur lui. Jouir est le résultat d'une pulsion qui ne concerne que soi. Bref, aimez le pouvoir, mais n'en jouissez pas. J'ajouterai autre chose, à laquelle m'a fait penser Bertrand Delanoë dans ses propos à La Rochelle: le pouvoir, il faut le vouloir certes, mais ça se mérite. Et en démocratie, ce sont les citoyens qui décident. La République moralise l'accès au pouvoir. Je n'en conclurai pas qu'en démocratie le pouvoir est béni, mais contrairement à ce que disait Louise Michel, il n'est plus maudit.


Bonne soirée.

2 Comments:

  • Le pouvoir ne se donne pas, il se prend! De ce fait, il est très difficile de ne pas se situer dans une situation inégalitaire. Dans la mesure où il y a prise de pouvoir par quelqu'un, il y a perte par un autre, donc un déficit qui place le second sous la domination du premier!
    Comment dans ce cas peut on avoir à la fois les quatres qualificatifs, que tu cites : limité, provisoire, partagé et délégué. Il est forcément limité et provisoire car il suffit que quelqu'un d'autre plus "fort" le prenne, partagé (ce n'est pas possible)ce n'estpas une prise de guerre, délégué oui à des personnes de confiance mais comme la confiance n'exlut pas le contrôle, la risque de dérive vers le pourvoir absolu est certain. C'est la raison de la limitation du nombre de mandats ou de renouvellement de mandats,le législateur a prévu cette dérive!
    Difficile d'imaginer aujourd'hui un pouvoir à la grecque dans la cité, gestion partagée et discutée!
    MD

    By Blogger md, at 11:45 PM  

  • Mes quatre qualificatifs se comprennent dans le cadre de la démocratie, qui limite, partage et délègue le pouvoir. Il faudrait parler, en démocratie, du pouvoir au pluriel, "des" pouvoirs. Ce qui est aujourd'hui inquiétant, c'est que les français semblent croire qu'un homme, un seul, le chef de l'Etat, pourrait à lui seul tout faire, tout régler.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:34 AM  

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