L'Aisne avec DSK

29 octobre 2007

Anti-Sarko n°1.

J'ai terminé la lecture de BHL, Ce grand cadavre à la renverse, attendez-vous donc à me voir vous en parler durant les prochain jours! Je commencerai par les premières pages, l'avertissement, qui a suscité beaucoup de commentaires, et ce n'est immérité, car BHL dresse un portrait de Nicolas Sarkozy, "son ami", d'une finesse, d'une vérité et d'une cruauté extraordinaires, qui me font sans hésiter décerner à BHL le titre d'anti-Sarko n°1. A côté, le numéro spécial de Marianne sur celui qui allait finalement devenir président était d'une grossièreté et même d'une bêtise absolues. D'ailleurs, on a vu le résultat. L'attaque la plus juste et la plus efficace vient toujours de l'ami, de celui qui connaît bien son sujet.

Ce portrait est inspiré d'un coup de fil du candidat de l'UMP, en janvier de cette année, pour arracher le ralliement du philosophe, après que Glucksmann ait franchi le Rubicon. Le premier trait de caractère qui s'impose chez Sarkozy, selon BHL, c'est son infantilisme. Il insiste, trépigne, minaude comme un enfant qui veut son jouet ou un bonbon et qui s'exprime dans un français approximatif. Jugez-en plutôt à cette réplique: "C'est quand que tu me rejoins? c'est quand que tu me le fais, ton beau petit article?" Réaction purement infantile, besoin d'être aimé par un ami et honoré par un philosophe en vue, mais rien de politique, de tactique là-dedans: ce n'est pas un article de BHL qui peut contribuer à faire gagner à Sarkozy des voix!

BHL refuse tranquillement, Nicolas s'exaspère, en vient au chantage à l'amitié, passe aux menaces, devient colérique, violent, toujours comme un enfant qui n'a pas obtenu sa sucrerie. Le seul trait adulte, c'est quand les propos de l'homme politique vire au cynisme. Mais que de maladresse chez celui qui aspire à diriger la France et qui ne parvient pas à se diriger lui-même! Bernard ne fléchit pas, semble même s'amuser, prendre du plaisir à titiller sans peine ce prétendu "grand" de la politique qui se comporte comme un "petit", comme un sale gamin, un morveux.

Et puis vient le jugement définitif du philosophe, qui se fait moraliste, psychologue de l'âme présidentielle: "vision guerrière de la politique, hystérisation maximale des relations, si tu n'es pas avec moi c'est que tu es contre moi, on se moque des idées, seules comptent les relations entre les hommes, l'amitié..." (page 16). Après cette fiole de vitriol jetée au visage de son "ami", que va-t-il rester de l'amitié entre eux? Je recommande à Sarkozy, quand il aura cessé de faire l'enfant, de méditer cette maxime pour adulte mature: "Dans chaque ami, il y a la moitié d'un traître". C'est de Chamfort ou Rivarol, je ne sais plus.

Pourquoi BHL n'a-t-il pas cédé, comme Glucksmann, comme bien d'autres, de gauche, aux avances de Sarkozy? Pour une raison simple, forte, évidente, naturelle, qui est d'ailleurs contenue dans la question, pas besoin de chercher très loin: parce qu'il est de gauche, et quand on est de gauche, fidèle à soi, à son histoire, à ses idées, à ses valeurs, on ne rejoint pas un homme de droite, même un ami, même un homme avec lequel on peut sur certains points s'entendre. Ce n'est pas être obtu, fermé, sectaire, c'est être honnête avec soi-même, et quand on fait de la politique, avec les autres. BHL va nous expliquer pendant 414 passionnantes pages quelle est "sa" gauche, pour laquelle il a dit non à Sarkozy, alors qu'il aurait fort bien pu, lui aussi, se laisser aller, se laisser convaincre, dire oui. Je vous en reparlerai plus tard.


A bientôt.

2 Comments:

  • Lorsque l'on dit que la gauche du PS est fondamentalement de droite
    (voir ton billet sur les deux cultures)et que BHL est authentiquement de gauche,on est dans le ridicule et l'incohérence. Désolé.

    By Anonymous Anonyme, at 7:54 PM  

  • Je n'ai jamais dit que la gauche du PS était de droite, j'ai stigmatisé une culture politique qu'on retrouve aussi bien dans l'aile gauche que dans l'aile droite du parti. Je ne me permettrai pas de dire que le sectarisme est le privilège d'un seul courant. Il y a probablement des strauss-kahniens à l'esprit borné, revanchard. Ce n'est pas mon cas.
    Quant à BHL, qu'il est de bon ton de critiquer, je pense sincérement que c'est un authentique homme de gauche, et j'en parlerai dans mes prochains billets.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:28 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home