Débat à Crouy.
Bonsoir à toutes et à tous.
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas participé à une réunion politique comme celle d'hier soir à Crouy, organisée par la section socialiste et son secrétaire mon ami Pierre Lenoble: calme, tolérante, réfléchie. Bien sûr, j'étais en terrain conquis, beaucoup de camarades là-bas sont strauss-kahniens, mais pas tous! Et puis, adhérer aux idées de DSK, ce n'est pas faire allégeance à un homme, comportement détestable, surtout lorsqu'on se prétend de gauche. Mais c'est s'inscrire dans un courant de pensée dont j'ai rappelé qu'il remontait à Mendès-France et se retrouvait chez Rocard puis Jospin avant d'aboutir à DSK. Car la refondation que j'ai encore hier appelé de mes voeux n'est pas la table rase. Au contraire, je crois que le socialisme doit se chercher une histoire.
Oui, j'aime ces réunions, hélas trop peu nombreuses, qui m'éloignent de ma section où, vraiment, je ne me sens pas bien du tout. De quoi avons-nous parlé hier? De tout, mais surtout du trouble actuel des socialistes, qui ne voit plus très clairement la ligne de leur parti. Les "débauchages" de Sarkozy ont manifestement marqué les esprits. Ce qui me fait dire, hélas, qu'il a réussi son coup puisque les militants socialistes en sont affectés. Ce trouble vient, selon moi, de notre difficulté que nous avons à parler à notre électorat. Nous n'avons plus les mots qu'il faut, les expressions qui font mouche, nous ne savons pas parler la langue du socialisme moderne. Sarkozy, lui, est parvenu à prononcer les slogans qui font mouche. La politique comme l'amour commencent par des mots...
J'ai défendu l'idée, qui n'est pas propre aux strauss-kahniens, que le cycle ouvert à Epinay en 1971 était désormais refermé. A l'époque, le PCF faisait 20%, la société individualiste de consommation n'avait pas encore changé les mentalités. En 1983, nous avons opté pour le marché, sans l'admettre et sans en tirer toutes les conséquences. Il faut maintenant le faire, en se référant au seul socialisme qui ait largement réussi, la social-démocratie. Il faut aussi assumer notre engagement dans la mondialisation, ne pas se soumettre à celle-ci comme à une fatalité mais réactiver à cette occasion notre internationalisme. Car le problème est bien là, et j'y ai insisté: qu'est-ce qui nous permet de nous différencier absolument de la droite? J'ai proposé trois pistes:
- L'héritage de Mai 68, que Sarkozy a voulu "liquider" à 48 heures des présidentielles, un héritage que nous devons revendiquer parce qu'il est au coeur de la société moderne et de son aspiration à plus de liberté.
- La recherche de l'égalité, en ne nous contentant pas de redistribuer des prestations sociales qui ne satisfont pas vraiment leurs bénéficiaires, dans une société où tout est dédié à la consommation. C'est le "capital culturel" de chacun qu'il faut surtout accroitre.
- Le dépassement de la nation, car celle-ci cristallise encore trop d'illusions. L'Europe et le monde doivent rappeler à la gauche son internationalisme foncier. Il y a encore du travail dans cette direction.
Le plus intéressant dans cette réunion, c'est que nous avons abordé des problèmes de société, sur lesquels le PS peut retrouver le clivage droite-gauche. Nous devons être à la fois des sociaux-démocrates réalistes et une force de contestation. Car sans colère ni contestation, il n'y a plus de socialisme. C'est ce que nous appelons, dans le "Manifeste pour un socialisme nouveau", le "réformisme radical". François Bayrou peut nous y rejoindre, s'il décide de s'inscrire dans une nouvelle perspective de gauche. Mais il n'en prend pas pour le moment le chemin.
Dernier sujet de débat, autant politique que philosophique: le rôle de la raison et du raisonnable dans une société médiatique qui exacerbe les réactions, les sentiments, les émotions, les peurs. Nous aussi, socialistes, nous devons savoir faire rêver, ne pas en rester au citoyen conscient, rationnel, car l'homme vit aussi avec un imaginaire.
Bonne soirée.
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas participé à une réunion politique comme celle d'hier soir à Crouy, organisée par la section socialiste et son secrétaire mon ami Pierre Lenoble: calme, tolérante, réfléchie. Bien sûr, j'étais en terrain conquis, beaucoup de camarades là-bas sont strauss-kahniens, mais pas tous! Et puis, adhérer aux idées de DSK, ce n'est pas faire allégeance à un homme, comportement détestable, surtout lorsqu'on se prétend de gauche. Mais c'est s'inscrire dans un courant de pensée dont j'ai rappelé qu'il remontait à Mendès-France et se retrouvait chez Rocard puis Jospin avant d'aboutir à DSK. Car la refondation que j'ai encore hier appelé de mes voeux n'est pas la table rase. Au contraire, je crois que le socialisme doit se chercher une histoire.
Oui, j'aime ces réunions, hélas trop peu nombreuses, qui m'éloignent de ma section où, vraiment, je ne me sens pas bien du tout. De quoi avons-nous parlé hier? De tout, mais surtout du trouble actuel des socialistes, qui ne voit plus très clairement la ligne de leur parti. Les "débauchages" de Sarkozy ont manifestement marqué les esprits. Ce qui me fait dire, hélas, qu'il a réussi son coup puisque les militants socialistes en sont affectés. Ce trouble vient, selon moi, de notre difficulté que nous avons à parler à notre électorat. Nous n'avons plus les mots qu'il faut, les expressions qui font mouche, nous ne savons pas parler la langue du socialisme moderne. Sarkozy, lui, est parvenu à prononcer les slogans qui font mouche. La politique comme l'amour commencent par des mots...
J'ai défendu l'idée, qui n'est pas propre aux strauss-kahniens, que le cycle ouvert à Epinay en 1971 était désormais refermé. A l'époque, le PCF faisait 20%, la société individualiste de consommation n'avait pas encore changé les mentalités. En 1983, nous avons opté pour le marché, sans l'admettre et sans en tirer toutes les conséquences. Il faut maintenant le faire, en se référant au seul socialisme qui ait largement réussi, la social-démocratie. Il faut aussi assumer notre engagement dans la mondialisation, ne pas se soumettre à celle-ci comme à une fatalité mais réactiver à cette occasion notre internationalisme. Car le problème est bien là, et j'y ai insisté: qu'est-ce qui nous permet de nous différencier absolument de la droite? J'ai proposé trois pistes:
- L'héritage de Mai 68, que Sarkozy a voulu "liquider" à 48 heures des présidentielles, un héritage que nous devons revendiquer parce qu'il est au coeur de la société moderne et de son aspiration à plus de liberté.
- La recherche de l'égalité, en ne nous contentant pas de redistribuer des prestations sociales qui ne satisfont pas vraiment leurs bénéficiaires, dans une société où tout est dédié à la consommation. C'est le "capital culturel" de chacun qu'il faut surtout accroitre.
- Le dépassement de la nation, car celle-ci cristallise encore trop d'illusions. L'Europe et le monde doivent rappeler à la gauche son internationalisme foncier. Il y a encore du travail dans cette direction.
Le plus intéressant dans cette réunion, c'est que nous avons abordé des problèmes de société, sur lesquels le PS peut retrouver le clivage droite-gauche. Nous devons être à la fois des sociaux-démocrates réalistes et une force de contestation. Car sans colère ni contestation, il n'y a plus de socialisme. C'est ce que nous appelons, dans le "Manifeste pour un socialisme nouveau", le "réformisme radical". François Bayrou peut nous y rejoindre, s'il décide de s'inscrire dans une nouvelle perspective de gauche. Mais il n'en prend pas pour le moment le chemin.
Dernier sujet de débat, autant politique que philosophique: le rôle de la raison et du raisonnable dans une société médiatique qui exacerbe les réactions, les sentiments, les émotions, les peurs. Nous aussi, socialistes, nous devons savoir faire rêver, ne pas en rester au citoyen conscient, rationnel, car l'homme vit aussi avec un imaginaire.
Bonne soirée.
1 Comments:
Je m'entends bien avec des sociaux démocrates, on est ouvert, on peut parler, on adopte les idées des autres si elles sont bonnes, et il n'y a pas de dogmatisme dans le réformisme. Par contre sur le forum de la rénovation du PS, je croise des idolâtres, des dinosaures marxistes qui veulent faire une impasse dans l'impasse, des militants qui en sont resté au dernier référendum sur l'Europe et qui ont à nouveau envie de voter "non". C'est très hétéroclite finalement le monde des militants au PS. Il y a un gros travail d'éducation et de mise à jour à faire. Finalement, c'est logique que l'on perde régulièrement, on a pris trop de retard par rapport à la société civile. Les petites luttes de pouvoir au sein des sections bloquent l'évolution de l'ensemble des mentalités. Vaste programme à initier.
By jpbb, at 7:58 PM
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