L'Aisne avec DSK

25 octobre 2007

Deux cultures politiques.

Bonjour à toutes et à tous.

Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte qu'il existe, en politique, deux cultures militantes, qui se distinguent sur trois points:

1- La politique considérée comme un jeu ou comme un travail. La première culture croit à la tactique, aux alliances, aux retournements de dernière minute, aux effets de surprise, aux faux semblants, aux postures avantageuses. La compétence alors importe peu, mais la capacité à ruser ou à bluffer. La politique devient un théâtre. La deuxième culture a une vision plus austère de la politique, perçue comme une activité de dossiers, reposant sur des convictions qui ne sont pas négociables.

2- Le secret ou la clarté. La première culture estime que moins on fait part de ses intentions véritables, mieux on réussit en politique. Celle-ci consiste alors à naviguer à vue, en levant un brouillard autour de soi, qui ne se dissipe qu'au dernier moment. Charles Pasqua résumait cette attitude en une formule: "en politique, on ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépends". Cultiver le secret, entraîner l'adversaire ou le concurrent sur de fausses pistes, voilà la démarche. La deuxième culture parie sur les vertus de la clarté: annoncer très tôt ce qu'on veut, mettre cartes sur table, considérer que la vérité est plus simple, plus efficace que les détours compliqués, les sous-entendus qui se transforment très vite en malentendus.

3- Se compter ou se rassembler. La première culture ne croit qu'aux rapports de force, y compris les plus sommaires, les plus brutaux, jusqu'à aller au coup de force. Elle voit la politique comme un pur et simple calcul, une arithmétique primitive de croix et de bâtons sur un bout de papier dans un coin de table. Les militants sont réduits à des barres qu'on additionne et à des pions qu'on utilise. La deuxième culture croit en la dynamique de l'union, qui passe par la discussion raisonnée et le compromis raisonnable. Elle pratique, non pas l'addition, mais la multiplication des forces. Car la politique n'a rien à voir avec les mathématiques: quand on additionne, en réalité on soustrait et en définitive on divise. Il faut multiplier pour que le résultat final soit positif, gagnant.

Ma culture politique, vous l'avez compris, c'est la deuxième. Et pour une seule raison: la première culture est fondamentalement de droite, même quand elle tient un discours de gauche, et souvent très à gauche. En gros, c'est Machiavel, en moins intelligent tout de même: c'est plutôt, généralement, un étalage de grosses ficelles. La deuxième culture a d'autres références, elle est authentiquement de gauche en ce sens qu'elle veut rompre avec la démarche politique traditionnelle et en inventer une nouvelle.


Bonne matinée.

2 Comments:

  • Tout dépend de l'intelligence de la personne et de la situation. En cas de guerre, pour tromper l'adversaire, les plus grosses ficelles sont de mise, d'où l'expression « à la guerre, comme à la guerre » où on ne s'embarrasse pas de finauderies, il faut frapper vite et fort, et la formule de Charles Pasqua convient alors parfaitement. Il n'y a pas de guerre de gauche ou de guerre de droite, c'est toujours la même horreur. En temps de paix, quand on est là pour améliorer les choses, alors il vaut mieux expliquer clairement les choses, car il faut que le peuple adhère librement au changement si on veut que les projets proposés aboutissent. Encore une fois, ce n'est ni de gauche ni de droite, c'est efficace comme méthodologie. Ainsi, selon les circonstances, les choses étant ce qu'elles sont et le monde ce que nous en savons (je suis très gaullien aujourd'hui) on choisit l'une ou l'autre des alternatives, sachant cependant que quand on ne sait faire que la guerre, on ne sait pas faire la paix, et construire. Un homme politique doit fondamentalement promouvoir la paix, mais en temps de guerre, il doit accepter momentanément de modifier de stratégie.
    C'est bien d'inventer et d'innover, c'est ainsi que l'on modifie le paysage du futur. Au moins nous savons exactement ce que nous voulons, et nous ne craignons pas de l'afficher, bien au contraire. ;-)

    By Blogger jpbb, at 9:44 AM  

  • je ne pense pas qu'il faille être aussi catégorique ni que la politique se prête à 1 classification. la politique est la politique et la fin justifie les moyens. je pense qu'il y a maturité à droite ( plus long exercice du pouvoir) et crise d'adolescence à gauche. le seul soucis est qu'à force d'être adolescent , on devient étudiant attardé.... VAL

    By Anonymous Anonyme, at 11:06 AM  

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