Fabius et l'Europe.
Bonjour à toutes et à tous.
Je viens d'entendre Laurent Fabius, invité du journal du matin sur France-Inter, s'exprimer sur le traité européen. Peut-être ai-je été hier trop optimiste sur la capacité des socialistes à se rassembler sur le sujet? Hollande dit oui au traité, Mélenchon dit non, Hamon s'abstient ... et Fabius préconise de ne pas aller voter! J'ai reconnu, hier encore, mon indécision de départ, aujourd'hui tranchée en faveur du oui, mais la démonstration de Fabius tout à l'heure ne m'a absolument pas convaincu:
1- Ne pas aller voter sur une question aussi majeure, non, ce n'est pas satisfaisant, et si je poussais un peu, je dirais que ce n'est pas responsable. Le rôle d'un parlementaire est de faire son métier de parlementaire, de prendre partie, pas de boycotter le vote. L'abstention déjà ne me plaisait pas, mais du moins exprime-t-elle quelque chose. Ne pas voter, c'est refuser de se prononcer.
2- Bien sûr, je n'oublie pas l'argument de Laurent: il faut que les parlementaires socialistes ne votent pas pour que tout le monde puisse aller voter, en réclamant un référendum, comme les socialistes s'y sont engagés. Je comprends et même j'approuve la demande de référendum. Le problème, c'est que la réponse ne dépend pas des socialistes mais du président de la République. Par conséquent, il est inutile d'exiger de quelqu'un quelque chose, le référendum, qu'il a dit qu'il ne ferait pas. On peut bien sûr imaginer Laurent Fabius à la tête d'un mouvement populaire, de manifestations de rue, demandant la tenue d'un référendum. Mais je n'y crois pas. On peut mobiliser pour ou contre un projet, mais pas pour une procédure. Laurent ne l'a d'ailleurs pas proposé ce matin. Bref, quand le vin est tiré, il faut le boire: la procédure parlementaire sera lancée, les parlementaires devront s'exprimer ... et voter.
3- Sur le fond, la position de Fabius m'est apparue imprécise et fragile (ce qui n'est pas dans ses habitudes!). Que pense-t-il du nouveau traité? Il n'est "pas satisfait", parce que le texte n'est pas foncièrement différent du précédent. Moi aussi, je ne suis pas satisfait (ce qui ne me prive pas d'un engagement clair en faveur du oui!), mais pour une raison inverse: le nouveau texte est trop éloigné de l'ancien. Ce que je reproche à Laurent, c'est de ne pas approuver ce qu'il avait pourtant demandé en 2005: un traité recentré sur l'institutionnel et débarrassé de sa troisième partie, économique. C'est l'actuel traité. Pourquoi alors ne pas y souscrire?
4- L'autre reproche que je fais à Laurent est de ne pas répondre (il ne l'a pas fait ce matin en tout cas) à la question suivante: s'il y avait référendum, quel serait ton vote? Oui, il ne semble pas, puisque le texte ne le satisfait pas, non, je ne crois pas, sinon il s'engagerait dès maintenant, aux côtés de son ami Mélenchon, dans la campagne du non. Je ne peux pas supposer qu'il n'irait pas voter, puisqu'il demande que les français puissent aller voter. Il reste une seule et dernière solution, l'abstention. Mais alors, pourquoi ne pas s'abstenir dès maintenant, comme le suggère Benoît Hamon? En vérité, je pense que Laurent est piégé. Au fond de sa conscience, il souhaite s'abstenir, mais cette position, respectable comme toute position, n'est pas politiquement mobilisatrice: on ne réclame pas un référendum pour finalement appeler les citoyens à s'abstenir.
Bonne matinée.
Je viens d'entendre Laurent Fabius, invité du journal du matin sur France-Inter, s'exprimer sur le traité européen. Peut-être ai-je été hier trop optimiste sur la capacité des socialistes à se rassembler sur le sujet? Hollande dit oui au traité, Mélenchon dit non, Hamon s'abstient ... et Fabius préconise de ne pas aller voter! J'ai reconnu, hier encore, mon indécision de départ, aujourd'hui tranchée en faveur du oui, mais la démonstration de Fabius tout à l'heure ne m'a absolument pas convaincu:
1- Ne pas aller voter sur une question aussi majeure, non, ce n'est pas satisfaisant, et si je poussais un peu, je dirais que ce n'est pas responsable. Le rôle d'un parlementaire est de faire son métier de parlementaire, de prendre partie, pas de boycotter le vote. L'abstention déjà ne me plaisait pas, mais du moins exprime-t-elle quelque chose. Ne pas voter, c'est refuser de se prononcer.
2- Bien sûr, je n'oublie pas l'argument de Laurent: il faut que les parlementaires socialistes ne votent pas pour que tout le monde puisse aller voter, en réclamant un référendum, comme les socialistes s'y sont engagés. Je comprends et même j'approuve la demande de référendum. Le problème, c'est que la réponse ne dépend pas des socialistes mais du président de la République. Par conséquent, il est inutile d'exiger de quelqu'un quelque chose, le référendum, qu'il a dit qu'il ne ferait pas. On peut bien sûr imaginer Laurent Fabius à la tête d'un mouvement populaire, de manifestations de rue, demandant la tenue d'un référendum. Mais je n'y crois pas. On peut mobiliser pour ou contre un projet, mais pas pour une procédure. Laurent ne l'a d'ailleurs pas proposé ce matin. Bref, quand le vin est tiré, il faut le boire: la procédure parlementaire sera lancée, les parlementaires devront s'exprimer ... et voter.
3- Sur le fond, la position de Fabius m'est apparue imprécise et fragile (ce qui n'est pas dans ses habitudes!). Que pense-t-il du nouveau traité? Il n'est "pas satisfait", parce que le texte n'est pas foncièrement différent du précédent. Moi aussi, je ne suis pas satisfait (ce qui ne me prive pas d'un engagement clair en faveur du oui!), mais pour une raison inverse: le nouveau texte est trop éloigné de l'ancien. Ce que je reproche à Laurent, c'est de ne pas approuver ce qu'il avait pourtant demandé en 2005: un traité recentré sur l'institutionnel et débarrassé de sa troisième partie, économique. C'est l'actuel traité. Pourquoi alors ne pas y souscrire?
4- L'autre reproche que je fais à Laurent est de ne pas répondre (il ne l'a pas fait ce matin en tout cas) à la question suivante: s'il y avait référendum, quel serait ton vote? Oui, il ne semble pas, puisque le texte ne le satisfait pas, non, je ne crois pas, sinon il s'engagerait dès maintenant, aux côtés de son ami Mélenchon, dans la campagne du non. Je ne peux pas supposer qu'il n'irait pas voter, puisqu'il demande que les français puissent aller voter. Il reste une seule et dernière solution, l'abstention. Mais alors, pourquoi ne pas s'abstenir dès maintenant, comme le suggère Benoît Hamon? En vérité, je pense que Laurent est piégé. Au fond de sa conscience, il souhaite s'abstenir, mais cette position, respectable comme toute position, n'est pas politiquement mobilisatrice: on ne réclame pas un référendum pour finalement appeler les citoyens à s'abstenir.
Bonne matinée.
3 Comments:
une simple question: à quoi sert le droit de vote dés lors que l'abstention existe? le vote blanc d'accord et il devrait être comptabilisé pour éventuellemnt invalider le résultat. VAL
By Anonyme, at 10:10 AM
Fabius a cru qu'en se positionnant contre l'Europe, il aurait les voix de gauche lui permettant de devenir Président, selon la formule mitterandienne (le parti se prend à gauche), et qu'une fois au pouvoir, il pourrait mettre en oeuvre une politique réelle sur l'Europe. Il s'est servi du thème européen pour son ambition personnelle et se retrouve maintenant piégé à faire des demandes impossibles à satisfaire. Être honnête avec soi-même et laisser les choses advenir si elle doivent se concrétiser aurait été un meilleur choix.
By jpbb, at 11:11 AM
A VAL: l'abstention a un sens politique, elle signifie que rien ne satisfait dans ce qui est proposé. Les votes blancs ou nuls, dans une élection, sont comptabilisés, mais ils ne sont pas pris en compte dans le résultat final. L'idée, c'est que le citoyen doit se déterminer, s'engager. C'est ce que je reproche à Fabius de ne pas faire. L'abstention, quelle que soit la question posée, c'est un non choix, la voie de la facilité. J'essaie de ne jamais m'abstenir en politique, sauf quand je n'ai pas le choix (quand il y a un seul candidat par exemple, ce qui va m'arriver prochainement...).
A JPB: l'histoire ne repasse pas les mêmes plats. Fabius ne pourra pas refaire en 2008 ce qu'il a fait en 2005, et qui ne l'a nullement aidé à devenir président de la République. Je me demande même si son attitude ne l'a pas desservi.
By Emmanuel Mousset, at 12:29 PM
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