L'Aisne avec DSK

31 octobre 2007

La "gauche de droite".

Retour à BHL et à son Grand cadavre à la renverse. Le philosophe s'en prend violemment à ce qu'il appelle bizarrement "la gauche de droite", c'est-à-dire une fausse gauche, qui se veut très à gauche et qui est en réalité "plus à droite que ne l'est la droite elle-même" (p. 184). Et là, Bernard nous reparle de son vieil ennemi, Chevènement (p. 174), dont l'idéologie lui semble depuis toujours un mélange de nationalisme, d'autoritarisme et d'ordre. Le grand regret de BHL, c'est que sa bête noire a été l'âme damnée de Ségolène, que lui, BHL, aurait voulu conseiller exclusivement. Le drapeau aux fenêtres, l'ordre juste, l'encadrement militaire pour les délinquants, BHL y voit la patte (la griffe?) de Chevènement. Ok, pourquoi pas, mais je trouve plus intéressante la description politique de cette étrange "gauche de droite", qui se reconnaît à quatre caractéristiques:

1- L'antilibéralisme (p. 187 et suivantes). Derrière le refus du libéralisme économique, c'est la démocratie politique qui est visée. BHL évoque l'engouement d'une partie des intellectuels de gauche pour le philosophe et "penseur nazi" (p. 210) Carl Schmitt (je ne peux pas vous dire ce que j'en pense, je ne l'ai pas lu), qui est mis en parallèle avec la mode Heidegger, autre penseur ayant trempé dans le nazisme, très en vogue il y a une quinzaine d'années.

2- L'anti-Europe (p. 213 et suivantes). La gauche est foncièrement internationaliste, la construction européenne est le premier étage de ce projet. La "gauche de droite" est obsédée par la nation, n'arrive pas à dépasser ce concept droitier.

3- L'anti-américanisme, le rejet d'une culture influencée par les Lumières, l'esprit républicain et la maçonnerie. L'extrême droite d'avant guerre, Maurras en tête, détestait l'Amérique, son métissage, son modernisme (p. 243 et suivantes).

4- L'antisionisme, forme nouvelle de l'antisémitisme, qui estime que toutes les occasions sont bonnes pour attaquer l'Etat d'Israël et rêver de son élimination (p. 328 et suivantes).

Pour les deux derniers points, j'apporte une précision qui lèvera toute ambiguïté: il est loisible de critiquer la politique américaine ou israëlienne, et c'est ce qu'on appelle la démocratie. Mais détester l'Amérique et Israël en tant qu'entité dont on souhaite, sans parfois le dire ouvertement, la disparition, voilà qui est contestable et qui s'enracine dans une authentique culture de droite, même quand elle prend un revêtement de gauche, quand ce n'est pas d'extrême gauche.


A plus tard.

3 Comments:

  • Ségolène a pris Chevènement pour éviter le remake de 2002 avec plétore de petits candidats dispersant les voix de gauche. Qu'il soit zarbi (Il a des idées fixes), tout le monde s'en rend compte, il n'y a pas que des gens lucides de par le monde, et pour adhérer au PS on ne demande pas un certificat médical, mais 20 euros.

    By Blogger jpbb, at 4:52 PM  

  • Philippe Val a décrit cette "gauche de droite", de manière comparable, dans son livre "les traîtres et les crétins" (c.à.d : les "sociaux-démocrates" et les antilibéraux).
    Extrait :
    (Allusion au "bon" et au "mauvais" cholestérol) : "Le mauvais poujadisme, le poujadisme de droite, celui qui fait du mal, il a horreur des Juifs. Tandis que le bon poujadisme, le poujadisme de gauche, celui qui fait du bien, il a horreur de l'état d'Israël".
    Ou encore :
    "Pourquoi et comment, depuis le début de l'histoire, les crétins ont-ils réussi à entretenir l'idée qu'ils étaient plus à gauche que les traîtres ?"
    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 8:52 AM  

  • J'ajoute que cette "gauche de droite" a convaincu qu'elle était le "mètre-étalon" de la Gauche. Résultat : TOUTE la Gauche a été disqualifiée aux yeux de nombreux sociaux-démocrates (partis chez Bayrou) et de nombreux juifs (partis chez Sarkozy).

    By Anonymous Anonyme, at 9:00 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home