L'Aisne avec DSK

30 octobre 2007

Nouvelles du front.

Bonsoir à toutes et à tous.

Quelques réflexions sur les batailles politiques en cours, et d'abord la réforme des régimes spéciaux. Il faut bien prendre la mesure de la stratégie gouvernementale, qui est purement idéologique. Cette réforme ne va rien régler au problème majeur des retraites et de leur financement, car les régimes spéciaux ne pèsent pas grand chose au regard du régime général. J'ajoute que le gouvernement, pour faire passer la réforme, va devoir lâcher quelques menus avantages qui auront, aussi menus soient-ils, un coût. Bref, c'est du côté de l'idéologie qu'il faut aller chercher la raison d'être de la réforme, pas du côté du pragmatisme et de l'efficacité.

Que veut Sarkozy? Satisfaire une revendication très ancienne de la droite la plus idéologue, la suppression des caisses de retraites des trois professions traditionnellement acquises à la gauche et aux syndicats, gaziers, électriciens, cheminots. Il y a de la revanche sociale dans l'air. Sarkozy prend d'autant plus un malin plaisir à cet objectif qu'il le mène au nom de la valeur chère à la gauche, l'égalité, les 40 ans de cotisations pour tous. A partir de là, Sarkozy est prêt à beaucoup de concessions, pourvu que le symbole soit appliqué et gravé dans les têtes: suppression des régimes spéciaux, égalité des durées de cotisations, voilà ce que Sarkozy veut qu'on retienne de lui. A la manoeuvre, il a son malin, le ministre du Travail, main de fer dans un gant de velours: décote, surcote, taux de cotisation, bonifications, taux de remplacement du salaire, pension minimum, pénibilité, progressivité de la réforme, tout cela est mis volontiers sur la table et discuté, puisque que seul compte le résultat symbolique dont je viens de vous parler, et qui sera la grande victoire de Sarkozy, que la gauche n'aura pas su empêcher parce qu'elle n'a pas engagé, au pouvoir, cette réforme.

Autre réforme, qui, elle, a plus de mal à s'imposer: celle de la Justice et des tribunaux de grande instance. Rachida Dati fait le tour des régions, justifie les suppressions prévues et affronte la fronde des magistrats. Au delà de la question administrative et technique, il y a un vrai problème politique entre la ministre et son administration, et plus généralement, entre la magistrature et le gouvernement. Sarkozy a tenu des propos envers la Justice et ses serviteurs qui le disqualifie en tant que premier magistrat de ce pays. Il est celui qui devrait défendre, soutenir cette institution, il a choisi de l'attaquer, de la caricaturer, parfois de l'insulter. En vérité, le monde de la Justice n'est pas celui de Sarkozy, d'où le malentendu entre les deux. Rachida Dati reproduit les excès du chef, en pire bien sûr, selon un processus psychologique bien connu. Son autoritarisme passe mal auprès d'une profession qui tient avant tout, et elle a raison, à son indépendance.

Dernier dossier, ouvert et aussitôt bouclé aujourd'hui: le salaire du président, qui va doubler pour atteindre le montant de celui du Premier ministre. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir, à tort sans doute (j'ai mauvais esprit), une vanité, une mesquinerie, une jalousie d'un président qui ne peut en aucun domaine accepter d'être inférieur à son "collaborateur", le Premier ministre. Mais ne soyons pas à notre tour mesquin: il est normal que le chef de l'Etat perçoive un salaire équivalent à ses homologues européens, ce qui n'est pas aujourd'hui le cas. Cependant, une condition doit être remplie, qui ne l'est pas pour le moment: jusqu'à maintenant, la rémunération du président n'est pas très élevée parce que toutes ses dépenses sont prises en charge par l'Elysée. Il serait juste qu'il assume lui-même ses frais avec un salaire revalorisé. Nous y gagnerions en clarté. Sur ce sujet, il faut lire les analyses très informées de René Dosière, qui a fait un remarquable travail sur l'argent de la présidence de la République.


Bonne nuit.

2 Comments:

  • bonjour
    deux jours sans pouvoir lire ton blog
    que de nouvelles! tu es prolixe en ce moment. Il est vrai que ta non candidature te laisse un peu de temps!
    Le PS a loupé le coche des retraites lorsqu'il était au pouvoir par peur de blesser son électorat, les titulaires des régimes spéciaux sont en majorité de gauche mais peu nombreux! dommage!
    le PS a trop se regarder le nombril et à se quereller pour des problèmes de personnes, de courants ou de pouvoir prend du retard! Qui n'avance pas recule ditle dicton!
    Allons en avant!! Il est temps!
    MD

    By Blogger md, at 8:45 AM  

  • Et deux jours sans pouvoir lire tes commentaires! Ma prolixité est liée aussi aux vacances scolaires!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:59 AM  

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