L'Aisne avec DSK

31 octobre 2007

Le poker et les échecs.

Il n'y a pas de politique sans tactique, même si, bien sûr, il ne faut pas réduire la politique à la tactique. La tactique politique exige beaucoup de tact (d'où la racine du mot!), c'est-à-dire de la finesse. Le mauvais tacticien, c'est le balourd, qui devient vite un ballot. Il y a deux façon de pratiquer la tactique en politique: le joueur de poker et le joueur d'échecs. Je vous préviens dès maintenant: la mauvaise tactique, c'est le poker, la bonne, c'est le jeu d'échecs. Ecoutez moi un peu:

Le poker, comme la plupart des jeux de cartes, repose sur trois présupposés:
1- Le hasard du jeu. On peut, au départ, avoir un "bon" jeu ou un "mauvais" jeu, on ne choisit pas, il faut faire avec.
2- La dissimulation des cartes. L'adversaire ne doit pas connaitre votre jeu, votre force est dans votre capacité à tromper l'adversaire. Voilà pourquoi, au poker, la tricherie est une tentation (et une pratique!) permanente.
3- Le bluff, abattre ses cartes au bon moment, au dernier moment, créer la surprise.

Voilà l'état d'esprit d'un joueur de poker, voilà ce qui l'excite tant dans ce jeu. Transposez cette mentalité à la tactique politique, vous retrouverez les mêmes comportements:
1- La croyance au hasard, le pari sur les circonstances.
2- Le secret dans ses intentions véritables.
3- La décision au dernier moment, afin de jouer sur l'effet de surprise.

A cette tactique, que je juge mauvaise, j'oppose celle des échecs, en trois points exactement contraires à ceux du poker:
1- Le hasard est proscrit, il n'y a que le calcul, et le plus rationnel possible.
2- Rien n'est caché, le jeu n'est pas derrière les mains, il est sur l'échiquier, visible de tous.
3- Pas de "coup" de dernière minute, mais la préméditation de ce que le joueur va faire et l'anticipation de ce que son adversaire va tenter.

Pour illustrer ma théorie sur la bonne tactique, je vais vous raconter une petite fable politique sur un échiquier local:

Il y a le fou, qui se croit bien parti, sûr de sa force, entouré de quelques pions et surtout de la reine qui trouve bien facile d'avancer son fou afin de se protéger. Le fou est en réalité manipulé, il ne peut rien, sera vite isolé. Le camp adverse laisse faire. Il est sage de ne pas agir. L'objectif est de laisser le fou se découvrir, ce qu'il fait sans qu'on le force beaucoup, devenir vulnérable et entraîner dans sa chute la reine. Bien joué, non? Mais le roi dans tout ça? Là, vous m'en demandez trop. Regardez l'échiquier, je vous ai dit que toutes les pièces étaient visibles, qu'il suffisait d'un peu de réflexion pour saisir le sens de la partie, son issue et donc le gagnant.


Bonne réflexion et bon après-midi.

8 Comments:

  • Le roi est à Washington, au FMI... c'est lui qui a les clefs du coffre fort. ;-)

    By Blogger jpbb, at 3:17 PM  

  • L'échiquier est local, pas mondial. Réponse fausse.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 3:59 PM  

  • Serais tu le fou que tes ami(e)s ont laissé venir en première ligne pour te balancer, à la dernière minute, une candidature minoritaire!! une partie d'échecs menteur!!
    à moins que tu ne sois le roi qui a été rappelé, le minoritaire restant sur sa minorité!!
    MD

    By Blogger md, at 9:40 PM  

  • Si Emmanuel est le roi, il semble pat. Incapable de bouger, bloqué sur une case, la partie est finie bien qu'il ne soit pas mis échec et mat.

    C'est ça la situation locale ?

    Obligé de refaire une partie...

    By Blogger jpbb, at 10:24 PM  

  • Pas mal, pas mal, les hypothèses de MD et JPB. Une certitude: je ne suis pas le fou, mon jeu est clair, je n'ai pas été poussé par la reine. Suis-je le roi? Disons que je l'ai été, que j'avais la main, et puis je l'ai perdu... pour l'instant. Car le jeu n'est pas terminé. C'est la grande différence entre une partie d'échecs et la vie politique: celle-ci ne s'arrête qu'à la mort biologique des participants.

    Vous avez oublié une hypothèse, la plus terrible (la plus probable?): le roi, c'est le maire UMP de Saint-Quentin, qui se rit de nos divisions, qui doit prendre un malin plaisir devant la situation "ubuesque" (dixit "L'Aisne Nouvelle") dans laquelle nous nous trouvons.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:05 PM  

  • pour ton information, les bons joueurs d'échec sont d'excellents joueurs de poker. j'irai même jusqu'à dire qu'1 maître aux échecs est 1 véritable tueur au poker. quel est ce besoin de tout cloisonner? VAL

    By Anonymous Anonyme, at 9:02 AM  

  • Dans une partie d'échecs, il y a deux rois...

    Se faire coincer par sa propre équipe, le pire des échecs. ;-)

    By Blogger jpbb, at 11:22 AM  

  • VAL, je cloisonne parce qu'il me semble que le poker et les échecs sont régis par des règles complètement différentes, qui engendrent des mentalités différentes. Je ne doute pas qu'il y ait, au poker comme en politique, des "tueurs", mais il y a aussi des gens qui se tirent une balle dans le pied ... ou en plein coeur. On appelle ça un "suicide", je ne sais pas si ça existe au poker, mais en politique, oh que oui!

    JPB, d'accord pour reconnaitre qu'il y a deux rois, mais ... un seul vainqueur, comme en politique. Quant à "être coincé par sa propre équipe", c'est une règle en politique que de se méfier de ses proches. Les adversaires au moins vous respectent.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:03 PM  

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