L'Aisne avec DSK

13 novembre 2007

Dac et la loufoquerie.

Bonsoir à toutes et à tous.

De Pierre Dac, j'ai à l'esprit le sketch du voyant indien, avec Francis Blanche. Je me souviens aussi du feuilleton radiophonique "Bons baisers de partout", et puis quelques aphorismes irrésistiblement drôles, dans un style inimitable. J'apprends dans Le Monde des Livres du 02 novembre, sous la plume de Roger-Pol Droit, la réédition de la collection complète, introuvable jusqu'à maintenant, des 109 numéros de L'Os à moelle, le journal créé par Dac le 13 mai 1938, qui disparaît le 7 juin 1940 quand l'armée allemande envahit Paris. 400000 exemplaires de vendus dès le premier numéro de ce qui se présentait comme l' "Organe officiel des loufoques". On lui reproche alors sa "vulgarité indécente", et pendant l'Occupation, son "humour juif dégénéré".

Car ne vous y trompez pas: ce n'est pas seulement de grosse rigolade dont je vous parle, mais bien de politique. Droit le dit fort justement:

"Ce ne sont pas seulement les jeux de l'absurde et du décalage qui font le prix de cette collection. la loufoquerie s'y découpe sur fond de montée du nazisme et d'entrée de l'Europe en guerre. Pierre Dac ne cesse de moquer Hitler et Mussolini. Car ce comique est aussi, avec ses armes à lui, un combattant. Ne pas oublier qu'il rejoindra bientôt la France libre et Radio-Londres, d'où il mènera une lutte quotidienne contre la collaboration".

Eh oui, on a un peu oublié ce Dac-là, le résistant, dont l'humour à la radio est tellement efficace que Philippe Henriot s'en prend à lui, met en doute le patriotisme de sa famille, alors que le frère de Pierre Dac est mort au combat en 1915. Sa loufoquerie ne l'a pas empêché d'affronter la tragédie, elle lui a même permis de l'affronter, tant il est vrai que l'absurde est aussi une arme.

Et si c'était elle, la loufoquerie, l'arme suprême en politique? Prenez ma section socialiste, c'est à mourir de rire, Pierre Dac j'en suis sûr en ferait un sketch formidable. Se retrouve grand chef des socialistes quelqu'un qui a été exclu du parti pendant 10 ans et qui nous revient tout nouveau tout beau maintenant. Marrant non? Voilà un minoritaire qui prétend rassembler alors que la moitié de la section au moins ne se reconnaît pas en lui. C'est fort, et très comique. Ceux qui le soutiennent aujourd'hui n'avaient pas de mots assez durs contre lui il n'y a pas si longtemps. Et il est devenu aujourd'hui leur héros. Amusant. J'arrête là, nous n'en finirions pas de rigoler. Quoique ceux qui rient le plus, c'est la droite, à qui nous avons involontairement offert le plus beau cadeau de Noël.

En parlant de cadeau de Noël, si vous ne savez pas quoi offrir à qui, je suis preneur de L'Os à
moelle, 13 mai 1938-7 juin 1940, de Pierre Dac, paru chez Omnibus, au prix de 28 euros. Je vous communiquerai à la demande mon adresse pour l'envoi postal.


Bonne soirée loufoque.

11 Comments:

  • Quand meme il te reste ton ami Gérard non?

    By Anonymous Anonyme, at 9:26 PM  

  • Oui, un ami, un vrai, rien d'intéressé dans notre relation, et je trouve même qu'il a du mérite d'être à mes côtés, car il n'a rien à y gagner, et peut-être un peu à y perdre.

    Depuis 12 ans que je fais de la politique, je les vois à la manoeuvre, les "amis" des puissants ou de ceux qu'on croit puissants parce qu'ils détiennent provisoirement un bout de pouvoir. Les aristocrates ont quasiment disparu de notre République, mais les laquais sont toujours aussi nombreux.

    Peu importe, les suiveurs d'aujourd'hui sont les lâcheurs de demain, quand le pouvoir change de mains. Au milieu de tout ça, encore une fois oui, l'amitié est une belle chose, qui fait du bien. Il y a Gérard et quelques autres, plus discrets, sur qui je peux compter, qui savent que je n'attends d'eux aucune soumission, qui restent libres de penser ce qu'ils veulent de moi, de me suivre ou pas. Car c'est ainsi que je vois l'amitié, dans la liberté.

    Le malheur de la politique, c'est qu'elle génère la servilité. Vous pourriez me demander pourquoi je fais encore de la politique? Vous auriez raison, la politique est chez moi une passion déçue. Je la vois trop grande pour les petits qui s'agitent autour d'elle. Que voulez-vous, elle est nécessaire, on ne peut pas s'en passer.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:39 PM  

  • Les laquais ont l'impression d'exister au travers de leur maître car ils ne sont rien. Ils n'apportent rien si ce n'est leur voix qui n'est pas fiable! Ils n'ont aucune idée, aucune idéologie, aucun raisonnement intelligent! A quoi servent-ils? Ils font la tapisserie! Comment un homme(ou une femme) un citoyen, un vrai peut il être dominé à ce point?
    Je ne trouverai jamais de mots assez durs pour les qualifier! Ce sont des êtres serviles et veules! des "putes" entretenues par quelques miettes par leur "mac" ( le puissant ou le pouvoir), j'ai l'impression de voir un groupe de singes dans la forêt rwandaise totalement asservi à leur chef!
    Emmanuel, tu ne perds rien sans cette bande de beni oui oui!
    J'ai remarqué en lisant les commentaires un anonyme t'attaquer et même attaquer tes lecteurs. Serait un de ces perroquets qui débitent le discours de leur maître, s'il en avait il se présenterait!!
    Tout cela serait risible si ce n'était si triste et déplorable!
    MD

    By Blogger md, at 7:58 AM  

  • Saint-Quentin, capitale de la foufoquerie ? Faut laisser la fermentation se faire. On ne peut pas arriver au parfait directement, il faut d'abord passer par l'épreuve du feu pour juger des personnes.

    By Blogger jpbb, at 11:40 AM  

  • A MD: peut-on imaginer la politique sans une forme de servilité de la part de ceux qui soutiennent tel ou tel leader? J'avoue ne pas avoir la réponse. Dans l'idéal, chaque militant devrait disposer de sa libre conscience politique. En réalité, c'est rarement le cas, quel que soit d'ailleurs le courant, même si certains cultivent plus volontiers la servilité que d'autres.

    Je ne serai pas aussi féroce envers les suiveurs, même si je sais tout le mal qu'ils font au parti, par leur attitude. Mais c'est une question de contexte, pas d'individu (sauf exception). Je suis persuadé que dans un environnement plus sain, une section forte, exerçant le pouvoir, les mêmes se comporteraient autrement, de façon plus autonome et plus responsable.

    A JPB: non, Saint-Quentin n'est pas la capitale de la loufoquerie. Partout où les socialistes sont faibles, divisés, sans leader et sans espoir, partout les comportements sont chaotiques, les décisions désordonnées, les réactions absurdes, le climat loufoque et parfois hystérique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:46 PM  

  • Que Mr MD veuille bien relire mes commentaires. J'ai simplement émis l'avis qu' il n'était pas bon de porter des attaques ad hominem et que si vous le souhaitiez vous pouviez continuer à soliloquer à 2 ou 3 ce qui serait bcp plus facile pour vous.
    Ce n'est pas moi Mr MD qui parle, comme vous le faites, de "laquais",d'"etres veules et serviles",de "putes entretenues par leur mac".Ce n'est pas mon langage et je vous le laisse volontiers.
    Je vous espère bien d'accord avec cette mise au point.

    By Anonymous Anonyme, at 10:54 PM  

  • Je crois que ce blog doit rester ce qu'il est depuis sa création, un lieu de libre parole. Pour ma part, j'accepte d'être critiqué, je crois même que c'est la base de la politique. Chacun le fait avec son style, le mien est plutôt retenu, mais je ne m'interdis pas les coups de griffres, qui font aussi partie de la vie.

    En revanche, cela va de soi, pas de remarques sur la vie privée. Mais la vie publique des uns et des autres, oui, il faut critiquer. Je rappelle aussi que la grande majorité de mes billets sont des analyses, et minoritairement des billets d'humeur plus personnels. Mais c'est la règle d'un blog de faire état de ses pensées et sentiments au jour le jour, de façon très spontanée.

    Soliloquer, non, je me fais un point d'honneur (et de politesse) de répondre à presque tous les commentaires. Et puis, je l'ai souvent dit: ce qui m'intéresse, c'est de me confronter à des gens qui ne pensent pas comme moi.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:49 PM  

  • Anonyme demande de lire son commentaire et attend ma réponse ce que je fais volontiers.
    Selon le dictionnaire
    veule : qui manque de volonté et d'énergie
    servile : qui a un caractère de soumission excessive
    laquais : homme d'une soumission avilissante
    il y a avait donc redondance mais elle exprime parfaitement l'idée de ceux qui suivent les courants. Pour avoir été secrétaire de section quelques années, j'ai en effet constaté que la base lisait peu les documents, les motions et encore moins les comprenait. Pour son vote elle s'appuie sur le(s) leader(s). Il est très facile de savoir, avant le vote, le résultat du vote, il suffit de savoir qui est avec qui et ce que vote le "chef"!
    En ce qui concerne la phrase qui pourrait porter à polémique, j'ai utilisé une image mais qui se rapproche de la réalité. Que fait le leader pour asseoir son pouvoir? Il assure son autorité en accordant sa protection. Il distille les récompenses et engrange les revenus de son soutien. Que fait le suiveur? Il se soumet (il n'a ni le choix ni le moyen de faire autrement) à son tuteur en échange de son soutien. Il apporte en obole, contraint et forcé, sa voix sinon son existence est menacée. En revenant sur la logique des courants, le leader offre des places en échange de voix qui n'ont qu'un seul intérêt le placer en avant, le suiveur offre sa voix en échange d'une reconnaissance! Où est la différence?
    Mon vocabulaire a peut être choqué et pour cela je m'en excuse mais l'idée est juste et je ne la renie pas.
    MD

    By Blogger md, at 3:11 PM  

  • Oui, MD y est allé un peu fort avec des mots pas très gentils (mais en politique, j'en ai vu d'autres, et des pires!). Cependant, l'analyse qu'il vient de faire est en tout point remarquable. C'est un tableau d'une criante vérité. Et je précise que les reproches que lui et moi faisons au système des courants visent tous les courants, à partir du moment où ils cessent d'être des courants de pensée pour devenir des clans autour d'un élu, chargés en quelque sorte de sa garde rapprochée. Si des strauss-kahniens fonctionnaient ainsi, je les condamnerais avec la même sévérité.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:28 PM  

  • La famille de pensée à laquelle j'appartiens ne se reconnait pas dans les descriptions qui précèdent.En effet quand je parle de soliloque,sans regarder le dictionnaire, c'est exactement cela,c'est à dire un monologue.Vous vous parlez à vous meme et vous déroulez un film qui vous arrange ,en n'écoutant pas l'autre,en le niant et nécessairement en répondant à coté des questions posées.
    A titre d'exemple je n'ai pas besoin de protection,ni de récompense,mon existence n'est pas menacée et je ne cherche pas de place. Alors de quoi parlez vous?
    Tout cela est vraiment hors sujet mais je crois que c'est votre vie et votre raison d'exister.
    Bonne soirée à tous.

    By Anonymous Anonyme, at 9:10 PM  

  • De quoi je parle? Pas de "garde rapprochée" comme dans les films policiers. Ce n'est qu'une image. Je veux dire qu'un élu, quel que soit sa sensibilité, a besoin d'adhérents qui le soutiennent, c'est-à-dire qui votent pour lui le moment venu. Ces adhérents en question ne recherchent en effet ni place, ni récompense, ils sont simplement considérés comme des bulletins de vote fort précieux pour la pérennité du "courant". Eventuellement, on leur demande d'intervenir en réunion de section pour défendre le "courant", mais cela ne concerne que ceux qui en ont les moyens intellectuels, et ils sont rares. Qui accepterait en effet de jouer un tel rôle subalterne quand il dispose d'un peu de maturité intellectuelle et de liberté personnelle?

    Bref, ce système des courants est néfaste pour tout le monde, y compris pour les élus qui sont à sa tête, qui se coupent ainsi de la population et mettent en péril leur propre avenir. Regardez ce qui se passe à Saint-Quentin, la principale élue est tristement marginalisée dans sa ville, et ce qui se passe en ce moment dans la section va aggraver sa situation. Les plus lucides parmi les socialistes, au niveau national, ont bien compris qu'il fallait rompre avec ce système. Alors, pourquoi pas à Saint-Quentin?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:33 PM  

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