L'Aisne avec DSK

11 novembre 2007

La rénovation en marche.

Bonjour à toutes et à tous.

Eric Besson vient de lancer son mouvement, "Les Progressistes", en présence de Nicolas Sarkozy, François Fillon et Jean-Louis Borloo. Rien que ça! Nous pourrions sourire de l'opération, je crois au contraire qu'il faut être vigilant et méfiant. La droite continue d'organiser la fuite des voix de gauche vers elle et le ralliement de certaines personnalités. Il faut dire que la situation du PS, divisé et déboussolé, favorise ces manoeuvres.

A Saint-Quentin, ville du populaire et premier ministrable Xavier Bertrand, le choix de la tête de liste socialiste, si elle se confirme, va offrir un boulevard à la droite en direction du centre et du centre gauche. En effet, les élections municipales, partout en France, vont être l'occasion pour Sarkozy de poursuivre son "ouverture", qui est beaucoup plus habile et fondamentale qu'un simple débauchage, mais qui correspond à la volonté d'ancrer durablement à droite une partie de l'électorat de gauche. J'en sais quelque chose puisque Saint-Quentin est l'une des premières villes qui a expérimenté, avec grand succès, cette stratégie dès 2001.

La force de cette stratégie, elle se résume en une phrase, que Sarkozy a répétée devant les troupes de Besson: "Je ne demande à personne de renoncer à ce qu'il est". C'est une ruse, bien sûr, mais d'une grande finesse, qui rompt avec le pure et simple ralliement, où l'on adhère aux thèses de l'adversaire en le rejoignant. Je crois même que Sarkozy fait tout pour que Kouchner, Besson, Bockel et consorts restent ouvertement des socialistes. C'est ainsi qu'il y gagne électoralement. Puisque je viens de citer Bockel, ce sera à son tour, à la fin du mois, de lancer son propre mouvement, "Gauche moderne".

Face à cette stratégie, il faut que la gauche se rénove et non pas qu'elle se replie. C'est tout le sens du débat sous-jacent, implicite, qui anime ces derniers temps ma section, avec un résultat qui va vers le second terme de l'alternative. Mais Saint-Quentin, heureusement, n'est pas à l'image de ce qui se passe ailleurs dans le parti, où des rencontres se font, des passerelles s'établissent, des contacts fructueux s'opèrent, des échanges permettent, encore timidement mais sûrement, d'avancer. Un exemple ce week-end, la journée-débat sur "le clivage droite-gauche", organisée par quatre rénovateurs dont les réflexions me semblent prometteuses, Gaëtan Gorce, Manuel Valls, Patrick Bloche, Christophe Caresche.

Gorce a tenu de très fortes paroles, en distinguant chez les socialistes les "rénovateurs" et les "fondamentalistes". A propos de ces derniers, le jugement est sans appel: il faut "dresser l'acte de décès du socialisme traditionnel". Qu'est-ce qui séparent les rénovateurs et les fondamentalistes? Réponse: "Les fondamentalistes renvoient aux grands moments des années 70. Les rénovateurs pensent au contraire que nous sommes entrés dans un monde radicalement nouveau et que la fidélité à nos valeurs doit s'accompagner d'une révision complète et sans tabou de notre projet politique". Et Gaëtan Gorce fustige "l'attentisme" et "l'arrangisme", deux attitudes hélas classiques chez certains camarades, qui consiste à différer les question de fond au profit des questions de places. C'est vrai à Saint-Quentin comme en d'autres endroits. C'est ainsi que rien ne change, qu'on reprend les formules usées du passé, qu'on perd et qu'on se fait écraser par la droite. Pour Gorce, pas de synthèse mal fichue, pas d'équilibre précaire, pas de conciliation intéressée et donc artificielle: "Il existe dans notre Parti deux orientations distinctes et entre lesquels il faut choisir".

Tout est là, à Saint-Quentin comme ailleurs. Je pense même que nous avons à inventer une nouvelle culture politique. J'y crois, j'ai bon espoir, la rénovation se met lentement en marche.


Bonne matinée.

7 Comments:

  • La France doit s'adapter au monde et proposer sa vision au monde, les deux simultanément, c'est son identité. D'un point de vue économique, je partage votre point de vue. Pour la rénovation du PS, il faut par contre aller plus loin. La forme des courants est directement inspiré des rapports de force sensés exister, et quand il n'y en a pas, on se charge de les créer; C'est malheureusement la vision marxiste de l'histoire à l'intérieur même du PS. Il faut s'opposer et s'allier. C'est évidement en opposition totale avec le réformisme, basé sur le dialogue et ou l'on convainc par l'étude du réel et le dégagement d'une solution respectant les intérêts des parties en présence, le fameux donnant-donnant. La rénovation implique donc fatalement le dépassement des courants devenus obsolètes, et le passage à une démocratie moderne à l'intérieur du PS, sous la forme majorité-minorité. Donc dégager une majorité autour d'un projet réel de prise du pouvoir démocratique, avec respect du vote. Le pouvoir se gagne et se perd, l'alternance permettant de proposer un programme amélioré permettant de progresser au niveau politique. Sans cet aiguillon, rien ne force à se renouveler, et c'est bien ce que l'on a constaté du fonctionnement du PS, depuis la victoire de Mitterrand, le PS s'est contenté de roupiller.

    Son idéologie est d'essence sociale démocrate, il est temps que son mode fonctionnement le devienne également.

    By Blogger jpbb, at 11:42 AM  

  • Dans mon message précédent, le post que j'ai commis à l'instant sur le « Forum de la Rénovation ». Comme on peut le constater, c'est la même problématique qui nous travaille, à Saint-Quentin comme dans le reste de la France. J'opposerai donc sous des vocables différents, (progressiste-dinosaures), (réformistes-extrémistes), (modernes-anciens), (intelligence-gâtisme), (rénovateurs-fondamentalistes), (sociaux démocrates-marxistes).

    C'est évident que cela condamne à terme ceux qui occupent les places de pouvoir à les céder à la nouveauté qui débarque. DSK a initié la chose en laissant sa place libre au bureau national du PS, forçant ainsi les autres à être embarqué dans ce mouvement. Dans les petites villes comme dans les petites sections, on y tient à son petit morceau de pouvoir chèrement acquis à coup de pinceaux de colle les veilles d'élection, et on ne s'en sépare pas facilement pour de jeunes militants brillants. Mais le but, ce n'est pas soi, c'est l'utilisation du PS pour désaliéner l'humanité et la rendre plus heureuse qu'elle n'est. Il faut donc accepter d'un coeur serein la rénovation que cela implique, seule possibilité de sortir de l'impasse actuelle ou le PS se vautre.

    By Blogger jpbb, at 11:56 AM  

  • D'accord bien sûr avec JPB, dont je me permets de commenter le commentaire::

    Il faut favoriser la culture du dialogue contre celle du rapport de forces (et le dialogue est une vertu éminemment social-démocrate). Dans notre section, nous avons tenté ce dialogue, jusqu'à ce qu'il soit interrompu, au dernier moment, par la logique de courant, qui n'accepte le "dialogue" que sous la menace du rapport de forces. En bref: ok pour discuter, mais on dépose les candidatures avant. Ca me fait penser à la blague du gars qui dit: on frappe d'abord, on cause ensuite!

    La solution, c'est de dépasser les courants parce que ce ne sont plus des courants mais des clans, des "écuries", des niches pour les élus, pour préserver leur pouvoir et pour l'étendre. Dans ma section, il faut utiliser une autre métaphore: le courant est devenu depuis quelques jours le tombeau de l'élue qui le dirige.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:13 PM  

  • On joue sur les mots non?
    Dépasser les courants par le passage à une démocratie sous la forme majorité-minorité!...Existe t il une seule section en france ou un groupe majoritaire refuse de présenter un candidat ou retire sa candidature au dernier moment sous prétexte que peut etre il y aura une autre candidature comme cela semble etre le cas à St Quentin. Mais pourquoi EM ne dit pas cela?
    Pourquoi est ce qu'il ne dit pas que le seul candidat ayant déposé sa candidature a proposé plus de places à tous les candidats potentiels y compris EM qu à ses propres partisans? et que ce candidat a dit que le probleme n'était pas de se compter ni de se situer dans un rapport de force?
    Pourquoi est ce qu EM ne dit pas qu'hier en section il n'a pas dit un seul mot et qu'il n'a adressé la parole à aucun camarade? Pourquoi dans ces conditions parle t il d'amitié,de camaraderie voire de fraternité?
    Si on ne dit pas cela personne ne peut comprendre.D'ailleurs meme les amis d'EM sur son propre blog ne le comprennent pas puisqu'ils lui disaient:"tu dois te présenter,c'est le jeu normal de la démocratie.." Il se touve qu'en plus c'est la stricte application des statuts et des régles du PS.
    Par ailleurs quel que soit le candidat du PS il sera confronté stictement au meme problème et il lui faudra le meme courage.

    By Anonymous Anonyme, at 4:42 PM  

  • La section de Saint-Quentin est profondément divisée, le candidat choisi par défaut ne fait pas l'unanimité, nous allons vers la catastrophe électorale, la droite se marre. Voilà la vérité, le reste n'est que mauvaise foi, attaques personnelles ou bavardage. Mais j'aurais l'occasion, dans les semaines qui viennent, de reprendre dans le détail la situation locale. Nous pourrons alors en discuter sereinement.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:40 PM  

  • Je ne pense pas qu'il faille des semaines pour répondre à qqs questions simples .Je ne vois pas non plus ou sont les attaques personnelles, la mauvaise foi et le bavardage.Ce ne sont que quelques faits que tout le monde peut comprendre.

    By Anonymous Anonyme, at 9:02 PM  

  • J'ai répondu aux questions. Dans les semaines qui viennent, il va falloir agir, tranquillement mais fermement, pour sortir la gauche de la crise dans laquelle elle est plongée, de par l'intransigeance du candidat par défaut.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:38 PM  

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