L'Aisne avec DSK

17 novembre 2007

Etat de crise.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai mal dormi, couché tard, levé tôt, et mauvais rêves dans la nuit. Vous devinez pourquoi. Le vote hier soir s'est très mal passé. C'était inévitable, fatal, la logique d'autodestruction d'une section devait en arriver là. La presse était présente, mais c'est comme si elle n'avait pas été là: nous étions dans notre petit, très petit monde (46 votants!), oubliant que l'opinion publique nous regarde, qu'elle nous juge, qu'elle attend autre chose de la gauche saint-quentinoise.

Le résultat, comme c'était là aussi prévisible, est clair et net: 21 voix pour le candidat unique, 25 contre, sans compter une forte abstention (alors que généralement, dans ce genre de consultation, les camarades se déplacent facilement). Je redis après le vote ce que j'avais dit avant: un candidat qui n'a pas la majorité ne peut pas être tête de liste. Ou alors, c'est qu'il passe de l'autodestruction au suicide politique. La folie peut conduire jusque là, mais je pense que les uns et les autres ont suffisamment d'intelligence pour ne pas aller jusque là.

Le perdant hier soir, c'est nous tous, collectivement, car nous avons donné de nous une image désastreuse (vous comprenez pourquoi j'étais favorable à une candidature unanime et concertée, parce que je ne voulais pas en arriver là). Et la victime, c'est la députée européenne, vice-présidente du conseil régional, notre élue disposant des mandats les plus importants. Son intérêt évident était d'avoir une section rassemblée autour d'elle, que la droite saint-quentinoise marginalise impitoyablement. Son devoir, c'était de rechercher avec tous ses camarades, tout courant confondu, la candidature la meilleure possible pour mener la liste, comme je l'avais proposé lors de la réunion de section du 14 septembre. Elle était là, elle n'a rien dit, elle a préféré après présenter "son" candidat. C'était son droit le plus strict, indiscutable. Mais ce n'était pas son devoir, ni son intérêt. En faisant ce choix, elle compromet son avenir, se retrouve aujourd'hui, une fois de plus minoritaire. Et je vois que rien ne s'arrange, puisque que la même logique suicidaire a prévalu pour le canton sud.

Derrière cet autodestruction, il y a un problème de fond, qui vaut pour tout élu dans un scrutin de liste, régional ou européen. L'élu doit alors sa place moins aux électeurs qu'à son parti, qui lui assigne une place éligible. Cette place est négociée entre les courants, afin d'assurer à chacun sa juste représentativité. Du coup, le mandat de l'élu n'est pas tant attribué par les citoyens que par les membres de son courant. Vous connaissez la formule: "qui t'a fait roi?" Il faut toujours en revenir à la source d'un pouvoir. Quand on existe politiquement par la volonté d'un courant, on meurt aussi politiquement parce qu'on s'est enfermé dans ce courant. Mais ce n'est pas non plus une fatalité. Les grands politiques sont ceux qui ne restent pas seulement avec leurs partisans, qui même parfois ont le courage de rompre avec eux, s'il le faut.

Hier, dans les discussions agitées d'après vote, ce qui m'a surpris, c'est de constater à quel point l'idée pourtant simple de candidature unanime ne faisait pas ... l'unanimité. Pour certains camarades, il fallait que je me présente, aller à la bagarre, compter mes partisans. Ils comprennent mal que je puisse refuser cette logique qui leur semble naturel. Pour eux, je ne suis pas un "politique". Mais eux, le sont-ils plus que moi lorsqu'on constate le résultat d'hier?

Autre surprise: mes réflexions sur la compétence, qui sont pourtant très banales (relisez le billet d'il y a quelques jours, "La compétence en question") passent mal. Mais pourquoi? N'importe quel maire ou président de conseil général socialistes diraient la même chose que moi! J'ai le sentiment que certains camarades craignent pour eux-mêmes ce critère, sous-estimant leur propre valeur.

Voilà donc où nous en sommes, voilà d'où il faut très vite sortir. Mais je vous en reparlerai d'ici quelques heures, je dois aller regarder Anne Ferreira sur France 3 à 11h35 et c'est dans ... 10 minutes.


Bonne fin de matinée.

10 Comments:

  • la gauche saint quentinoise veut elle vraiment gagner? ne se contente -t'elle pas d'avoir des petits siéges d'opposition mais de grands titres honorifiques : je suis au conseil municipal , je suis invité aux célébrations? Mais je ne décide rien, je ne dis rien, surtout je ne pense pas...... VAL

    By Anonymous Anonyme, at 12:49 PM  

  • La politique, ce n'est pas les honneurs. N'importe qui peut avoir sa médaille ou un strapontin au conseil municipal. La politique, c'est le pouvoir, et ça, c'est une autre affaire, c'est sérieux et ce n'est pas permis à tous.

    Pour obtenir le pouvoir, c'est-à-dire gagner les élections, il faut partir gagnant, avoir l'esprit à la victoire. Ce n'est pas le cas actuellement dans la gauche saint-quentinoise, qui ne vise qu'à améliorer sa représentation dans l'opposition. Ce qui n'est pas bien difficile puisqu'elle part de très bas.

    Il faudrait un autre état d'esprit, de l'enthousiasme, de l'ambition, de l'unité, un esprit combatif et conquérant. Tout cela est pour le moment absent, ou à petites doses.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:46 PM  

  • bah c'est kestce ke je dis . humour. VAL

    By Anonymous Anonyme, at 2:04 PM  

  • Vu de l'extérieur et compte tenu qu'il n'y avait qu'un seul candidat on peut penser ceci:
    1-le score est plutot équilibré et honorable:21/25
    2-On ne peut pas parler de minoritaire et de majoritaire lorsqu'il n'y a qu'un seul candidat
    3-Ce résultat équilibré montre qu'une candidature unanime n'avait pas de réalité politique, pas de sens ni de logique politique.
    4-Ce qui compte c'est quand meme le projet et le but à atteindre et pas seulement les hommes.De meme pour la compétence,c'est mieux d'en avoir (mais de quelle compétence s'agit-il?qui en décide? qui la controle?)mais ce qui compte encore une fois ce sont les idées et pas les hommes.
    5-Je ne comprends pas cette logique procédurière et comptable de EM qui voudrait qu'à 4 voix près on passe d'une logique de soutien sans état d'ame à une logique d'affrontement et de destruction absolue.Toute autre analyse serait d'une stupidité achevée.
    Puis-je vous inviter à méditer cette pensée de Albert Einstein:
    "Il n'existe que deux choses infinies sur terre:l'univers et la bétise humaine....,mais pour l'univers, je n'ai pas de certidude absolue..."
    Bon WE àtous.

    By Anonymous Anonyme, at 3:03 PM  

  • Einstein était un grand physicien mais un piètre philosophe. En l'homme, ce que je retiens, c'est l'intelligence, et pas la bêtise. Si j'avais une vision aussi pessimiste et élitiste de l'homme, je ne ferai pas de politique et je ne serai pas socialiste. Mais notre commentateur ne fait peut-ête pas de politique et n'est peut-être pas socialiste, auquel cas je respecte sa misanthropie. Je reprends cependant ses arguments:

    1- Le score est en effet "honorable" pour ceux qui se sont opposés à cette candidature unique et qui sortent renforcés de la consultation. Nous verrons bien maintenant quelle décision sera prise par nos instances fédérale et nationale.

    2- Ni majorité, ni minorité, là encore je suis d'accord. Pour être précis et juste, il faut parler de vote pour et de vote contre. S'il y avait majorité et minorité, elles pourraient coexister. Là, ça n'est pas le cas: c'est un vote de refus, de rejet, de désaveu, qui oblige le candidat à se retirer.

    3- Là, je ne suis pas d'accord, je pense même l'inverse. A partir du moment où il y a 21 pour et 25 contre, c'est la preuve que la section est divisée en deux parts "équilibrés". La remarque du commentateur est juste mais sa déduction est fausse. C'est au contraire parce que le résultat est à peu près "équilibré" (quoique 21 et 25, ce ne soit pas exactement la même chose)que la candidature unanime était indispensable. Si la section était capable de dégager une très nette majorité en faveur d'untel ou d'untel, je ne serai pas un chaud partisan de la candidature unanime (ce point de vue, je le défends depuis plus d'un an!).

    4- A moitié d'accord: les idées oui, c'est très important, mais dans la présente phase, on ne délibère pas sur le projet mais sur la tête de liste, c'est-à-dire le choix d'un homme ou d'une femme. Ce qui ne nous empêche pas, au contraire, de réfléchir dès maintenant à notre projet municipal.
    Sur la compétence, je me suis déjà exprimé mais je veux bien me répéter: la compétence n'est pas décrétée par celui qui croit être compétent, elle est appréciée collectivement par les adhérents. Si je m'étais contenté exclusivement de mon avis sur ma candidature, je me serais entêté à être candidat, puisque j'estimais être le meilleur.

    5- Là encore, je suis en partie d'accord, mais en partie seulement: je ne voulais pas de "logique procédurière" puisque je ne voulais pas qu'on en vienne à se compter. Mais le mal est fait, je n'en suis pas la cause, c'est l'entêtement du candidat unique à vouloir faire cavalier seul, à se déclarer au dernier moment, à se réclamer d'un courant (lire l'article du "Courrier Picard" du samedi 16 novembre), c'est cela qui nous a plongés dans la situation de crise et de blocage. Maintenant, nous sommes obligés de respecter le vote des adhérents: ils ne veulent pas, par 25 voix contre 21, le candidat qui leur était proposé. La page est maintenant tournée, il faut avancer et passer à autre chose.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:24 PM  

  • j'ai beaucoup de mal à suivre la logique d'anonyme!
    Pour moi quand il n'y a qu'un candidat (donc pas d'opposants) et qu'il ne recueille pas la majorité des voix exprimées ( et de plus quel pourcentage (du nombre d'adhérents) cela représente-t-il!!)la seule remarque que l'on puisse faire est qu'il ne doit en aucun cas se maintenir. Il est désavoué et sa stratégie est mauvaise ou du moins non adaptée.
    Le fort taux d'abstention montre clairement le désintérêt qu'il provoque et le nombre d'opposants déclarés plus importants (même si l'écart est faible) que les soutiens ne lui laisse aucune perspective valable. J'en parle d'autant plus librement que je ne sais pas de qui il s'agit n'étant pas du coin!
    Un coup pour rien mais qui laissera des traces tant dans les relations dans la section que dans l'opinion publique!!
    Dommage, le PS n'a pas besoin de cela
    MD

    By Blogger md, at 8:19 PM  

  • On revient toujours à la meme question pourtant simple. Comment fait on lorsqu'il n'y a qu' un seul candidat? et pas d'autre candidat?Le taux d'abstention en pareille hypothèse signifie simplement que peu de gens se déplacent puisque le candidat sera de toute façon élu.
    C'est une situation que l'on rencontre dans toutes les élections et l'on ne peut pas inventer des règles qui n'existent pas.Sinon aucune élection ne serait jamais terminée et l'on serait dans l'incertitude permanente.Dans toute société ou association ou parti il y a un minimun de règles à respecter.
    Sauf à faire preuve évidemment d' un esprit particulièrement procédurier mais là c'est une autre histoire.

    By Anonymous Anonyme, at 10:24 PM  

  • Honnêtement, la réflexion de MD relève du bon sens, tout le monde devrait la partager. Voilà précisément ce que je n'aime pas dans "l'esprit de courant": on défend le "copain" parce que c'est le "copain", quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse. Parce qu'il faut défendre avant tout le courant.

    En ce qui me concerne, je n'aurais aucune hésitation à dire publiquement qu'un strauss-kahnien déconne quand je considère qu'il déconne (et cela vaut pour DSK lui-même, si j'étais en désaccord avec ses propos!). Là, je crois que nous sommes, comme j'ai souvent eu l'occasion de le dire, dans deux cultures politiques différentes. Un strauss-kahnien mis en minorité par ses propres camarades, je ne serai pas content, c'est sûr, mais je ne persisterai pas à soutenir sa candidature (comme la corde soutient le pendu!).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:06 PM  

  • Et voila comment on ne répond pas à la question elle aussi de bon sens.COMMENT ON FAIT QUAND IL N'Y A QU'UN CANDIDAT? Heureusement le code électoral l'a fait.
    Et voila pourquoi contester cela relève d'un esprit exclusivement procédurier.

    By Anonymous Anonyme, at 11:42 PM  

  • Je ne comprends pas la précédente remarque. Ma contestation n'est pas procédurière, elle est politique. Un seul candidat, ça ne me dérange pas, bien au contraire, je le souhaitais (et pour moi!). Mais pas de cette façon-là: je voulais que la candidature unique soit aussi et surtout unanime, c'est-à-dire au préalable concertée entre tous. Ce qui n'a pas été possible avec l'actuel ex candidat.

    La question est peut-être: qu'est-ce qu'on fait maintenant avec une telle candidature, qui aurait pu être validé avec une seule voix, celle par exemple du candidat!? Il y a deux solutions:

    1- Le candidat désavoué se maintient malgré tout. C'est administrativement possible (son courant va le pousser dans cette position de fermeté aveugle), c'est politiquement intenable. La crise va miner la section pendant des semaines, le candidat sera affaibli aux yeux de l'opinion, il perdra toute crédibilité au regard de nos partenaires de gauche, la droite aura la partie belle et la victoire assurée.

    2- Le candidat a la sagesse et l'humilité de s'effacer quoi moi-même je l'ai fait, alors la situation est débloquée, la discussion redémarre et s'élargit, l'avenir peut être envisagé un peu plus positivement. Avec l'ex candidat, mais à sa juste place, qui selon moi ne peut pas être la première, parce qu'il n'est pas assez consensuel.

    Voilà, j'espère avoir répondu de mon mieux à la question posée, comme je me fais un devoir de le faire à chaque fois. Sinon, je suis prêt à recommencer ... mais pas ce soir, il se fait tard, je vais me coucher.

    A demain, bonne nuit.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:07 AM  

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