Feu le CNE.
Bonsoir à toutes et à tous.
Vous vous souvenez du CNE? Le Contrat Nouvel Embauche avait été lancé pendant l'été 2005, par le nouveau gouvernement dirigé par Dominique de Villepin, dans lequel figuraient plusieurs ministres actuels, dont Xavier Bertrand et ... Nicolas Sarkozy. Le CNE se voulait l'une des mesures phares de la nouvelle équipe, un peu comme le "travailler plus" d'aujourd'hui. Les syndicats n'avaient guère bougé (en plein coeur des vacances, c'est difficile), et le mouvement "antilibéral" du printemps, rejetant le traité constitutionnel européen, n'avait pas créé un nouveau front.
Quelques mois plus tard, ce CNE appliqué aux entreprises de moins de 20 salariés trouvait une nouvelle version, adaptée cette fois aux jeunes, le CPE, le Contrat Première Embauche. On se souvient de la puissance du mouvement, essentiellement porté par la jeunesse, des reculs successifs du gouvernement, jusqu'à la suppression du CPE. Je m'étais réjoui de ce dénouement, tout en regrettant qu'il faille attendre un mouvement de jeunes pour qu'un dispositif néfaste soit abandonné. De plus, je ne comprenais pas que le combat s'arrête là, puisque le "père" du CPE, le CNE, n'était pas inquiété.
Ce CNE était particulièrement scandaleux, puisqu'il portait atteinte au droit du travail en allongeant la période d'essai à deux ans, durant lesquels le salarié pouvait sans autre façon se faire licencier. L'objectif, bien connu à droite, était de relancer la création d'emplois. Les résultats n'ont pas été probants. A ce jour, 200000 CNE ont été signés, c'est-à-dire 8% de l'ensemble des contrats de travail. 60000 se sont transformés en CDI. Bref, pas de quoi pavoiser. Et puis, il y a eu cette violation, disons cette distorsion du droit du travail. Deux ans plus tard, c'est-à-dire ces jours-ci, c'est l'Organisation Internationale du Travail (OIT)qui vient de condamner le CNE, qui va donc disparaitre. Je tire de cette victoire quelques leçons:
1- A l'heure où les revendications s'expriment à travers grèves et manifestations, l'annulation du CNE prouve qu'une autre voie existe, celle du droit, et non pas du rapport de force.
2- Ce droit est international. Notre "modèle social français" n'a pas su faire barrage au CNE. Trop souvent, nous décrions les grandes institutions internationales, accusées d'impuissance ou de néolibéralisme. Là, l'une d'entre elles a su être plus sociale que notre propre droit.
3- L'action syndicale et politique ne sont efficaces que dans la durée. Nous vivons trop dans la demande immédiate. Deux ans, c'est finalement court.
Il faut se battre, mais avoir de la mémoire et garder espoir.
Bonne soirée.
Vous vous souvenez du CNE? Le Contrat Nouvel Embauche avait été lancé pendant l'été 2005, par le nouveau gouvernement dirigé par Dominique de Villepin, dans lequel figuraient plusieurs ministres actuels, dont Xavier Bertrand et ... Nicolas Sarkozy. Le CNE se voulait l'une des mesures phares de la nouvelle équipe, un peu comme le "travailler plus" d'aujourd'hui. Les syndicats n'avaient guère bougé (en plein coeur des vacances, c'est difficile), et le mouvement "antilibéral" du printemps, rejetant le traité constitutionnel européen, n'avait pas créé un nouveau front.
Quelques mois plus tard, ce CNE appliqué aux entreprises de moins de 20 salariés trouvait une nouvelle version, adaptée cette fois aux jeunes, le CPE, le Contrat Première Embauche. On se souvient de la puissance du mouvement, essentiellement porté par la jeunesse, des reculs successifs du gouvernement, jusqu'à la suppression du CPE. Je m'étais réjoui de ce dénouement, tout en regrettant qu'il faille attendre un mouvement de jeunes pour qu'un dispositif néfaste soit abandonné. De plus, je ne comprenais pas que le combat s'arrête là, puisque le "père" du CPE, le CNE, n'était pas inquiété.
Ce CNE était particulièrement scandaleux, puisqu'il portait atteinte au droit du travail en allongeant la période d'essai à deux ans, durant lesquels le salarié pouvait sans autre façon se faire licencier. L'objectif, bien connu à droite, était de relancer la création d'emplois. Les résultats n'ont pas été probants. A ce jour, 200000 CNE ont été signés, c'est-à-dire 8% de l'ensemble des contrats de travail. 60000 se sont transformés en CDI. Bref, pas de quoi pavoiser. Et puis, il y a eu cette violation, disons cette distorsion du droit du travail. Deux ans plus tard, c'est-à-dire ces jours-ci, c'est l'Organisation Internationale du Travail (OIT)qui vient de condamner le CNE, qui va donc disparaitre. Je tire de cette victoire quelques leçons:
1- A l'heure où les revendications s'expriment à travers grèves et manifestations, l'annulation du CNE prouve qu'une autre voie existe, celle du droit, et non pas du rapport de force.
2- Ce droit est international. Notre "modèle social français" n'a pas su faire barrage au CNE. Trop souvent, nous décrions les grandes institutions internationales, accusées d'impuissance ou de néolibéralisme. Là, l'une d'entre elles a su être plus sociale que notre propre droit.
3- L'action syndicale et politique ne sont efficaces que dans la durée. Nous vivons trop dans la demande immédiate. Deux ans, c'est finalement court.
Il faut se battre, mais avoir de la mémoire et garder espoir.
Bonne soirée.
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