Fascislamisme.
Bonjour à toutes et à tous.
Je vais vous donner mon dernier commentaire sur le livre de BHL, qui n'est certes pas un grand ouvrage de philosophie, au sens professionnel du terme, mais qui est politiquement utile car il donne à réfléchir sur ce que doivent être les grandes lignes de la gauche d'aujourd'hui.
Il propose un concept polémique mais pertinent, le "fascislamisme" (p. 335 et suivantes), auquel s'est ralliée la "gauche de droite" que j'ai décrite hier, et qui consiste à considérer la violence islamiste comme l'expression "des pauvres, des exploités et des damnés" (p. 336). Ce qui revient à justifier le terrorisme. Je me souviens qu'au moment des attentats du 11 septembre 2001, des amis de gauche m'expliquaient vicieusement que ces actes étaient odieux certes mais que les américains l'avaient bien un peu cherché, que le boomerang leur revenait en pleine figure, qu'à force de semer le vent on récolte la tempête, etc, bref un moyen détourné pour justifier l'injustifiable.
De la page 336 à 366, BHL se livre à une étude historique tout à fait convaincante sur les liens entre nazisme et arabisme (de même qu'en 1980, il dénonçait "l'idéologie française", imprégnée de fascisme vichyssois, il dissèque maintenant "l'idéologie arabe"), allant jusqu'à évoquer un "pacte germano-islamiste". Quand on pense au nazisme, on perçoit cette idéologie comme un racisme sans nuance exaltant exclusivement la race aryenne. C'est inexact. Le nazisme établit une hiérarchie au sommet de laquelle il installe les germains et tout en bas les juifs, avec entre les deux des distinctions et préférences. Les africains, les slaves et les tziganes sont rabaissés, mais les asiatiques, les indiens et les arabes sont jugés dignes de respect. Ce système est délirant et criminel, mais il faut en comprendre la perverse subtilité.
Le reproche philosophique (p. 369 et suivantes) que fait BHL à cette gauche indulgente et compréhensive à l'égard du "fascislamisme", c'est d'ériger la "différence" en valeur absolue, au nom de laquelle bien des crimes sont absous. A quoi notre philosophe oppose la défense de l'universalisme, de l'humanisme, des Droits de l'Homme. Finalement, rien n'a beaucoup changé sur le front des idées, depuis 1977, les "nouveaux philosophes", et la riposte de la "nouvelle droite", en 1979, faisant de la "différence" le concept majeur du renouveau de la pensée réactionnaire.
Dans son épilogue, BHL fait un éloge inattendu (pour l'auteur du "Testament de Dieu") de ... l'athéisme (p. 405) qu'il qualifie de "méthodologique" (p. 408), un peu comme Descartes pratique le "doute méthodologique", pour le distinguer du scepticisme absolu et destructeur. On est toujours athée de quelque chose. Certains ne croient pas en l'amour, d'autres en la justice, etc. BHL nous invite à ne plus croire aux idoles progressistes qui nous ont fait tant de mal, qui ont permis tant d'horreur, le Progrès, le Socialisme, le Prolétariat, ... Il nous invite à renouer, contre les idoles sanglantes ou décevantes, avec une gauche du réel, dont quatre dernières figures viennent clore son panthéon: Jean-Paul Sartre, Marcel Camus, Jean Moulin, Pierre Mendès-France.
Moi aussi, je veux, j'aspire à cette gauche du réel.
Bonne journée.
Je vais vous donner mon dernier commentaire sur le livre de BHL, qui n'est certes pas un grand ouvrage de philosophie, au sens professionnel du terme, mais qui est politiquement utile car il donne à réfléchir sur ce que doivent être les grandes lignes de la gauche d'aujourd'hui.
Il propose un concept polémique mais pertinent, le "fascislamisme" (p. 335 et suivantes), auquel s'est ralliée la "gauche de droite" que j'ai décrite hier, et qui consiste à considérer la violence islamiste comme l'expression "des pauvres, des exploités et des damnés" (p. 336). Ce qui revient à justifier le terrorisme. Je me souviens qu'au moment des attentats du 11 septembre 2001, des amis de gauche m'expliquaient vicieusement que ces actes étaient odieux certes mais que les américains l'avaient bien un peu cherché, que le boomerang leur revenait en pleine figure, qu'à force de semer le vent on récolte la tempête, etc, bref un moyen détourné pour justifier l'injustifiable.
De la page 336 à 366, BHL se livre à une étude historique tout à fait convaincante sur les liens entre nazisme et arabisme (de même qu'en 1980, il dénonçait "l'idéologie française", imprégnée de fascisme vichyssois, il dissèque maintenant "l'idéologie arabe"), allant jusqu'à évoquer un "pacte germano-islamiste". Quand on pense au nazisme, on perçoit cette idéologie comme un racisme sans nuance exaltant exclusivement la race aryenne. C'est inexact. Le nazisme établit une hiérarchie au sommet de laquelle il installe les germains et tout en bas les juifs, avec entre les deux des distinctions et préférences. Les africains, les slaves et les tziganes sont rabaissés, mais les asiatiques, les indiens et les arabes sont jugés dignes de respect. Ce système est délirant et criminel, mais il faut en comprendre la perverse subtilité.
Le reproche philosophique (p. 369 et suivantes) que fait BHL à cette gauche indulgente et compréhensive à l'égard du "fascislamisme", c'est d'ériger la "différence" en valeur absolue, au nom de laquelle bien des crimes sont absous. A quoi notre philosophe oppose la défense de l'universalisme, de l'humanisme, des Droits de l'Homme. Finalement, rien n'a beaucoup changé sur le front des idées, depuis 1977, les "nouveaux philosophes", et la riposte de la "nouvelle droite", en 1979, faisant de la "différence" le concept majeur du renouveau de la pensée réactionnaire.
Dans son épilogue, BHL fait un éloge inattendu (pour l'auteur du "Testament de Dieu") de ... l'athéisme (p. 405) qu'il qualifie de "méthodologique" (p. 408), un peu comme Descartes pratique le "doute méthodologique", pour le distinguer du scepticisme absolu et destructeur. On est toujours athée de quelque chose. Certains ne croient pas en l'amour, d'autres en la justice, etc. BHL nous invite à ne plus croire aux idoles progressistes qui nous ont fait tant de mal, qui ont permis tant d'horreur, le Progrès, le Socialisme, le Prolétariat, ... Il nous invite à renouer, contre les idoles sanglantes ou décevantes, avec une gauche du réel, dont quatre dernières figures viennent clore son panthéon: Jean-Paul Sartre, Marcel Camus, Jean Moulin, Pierre Mendès-France.
Moi aussi, je veux, j'aspire à cette gauche du réel.
Bonne journée.
6 Comments:
L'éthique. (pour faire court)
By jpbb, at 7:24 PM
Oui, l'éthique. Mais éthique et politique vont-elles toujours bien ensemble? Il faut essayer de les faire aller, c'est évident, mais ce n'est pas toujours facile. BHL est un intellectuel, mais comment s'accomoderait-il d'une responsabilité politique? Tout le monde peut-il être un héros comme Jean Moulin, un sage comme Pierre Mendès-France, un moraliste comme Marcel Camus, un philosophe comme Jean-Paul Sartre?
(Quand on fait un peu plus long, ça devient un peu plus compliqué...)
By Emmanuel Mousset, at 7:33 PM
Bref ce n'est pas un grand livre de philosophie. On est tous bien d'accord.
By Anonyme, at 7:59 PM
Il n'y a pas que les grands livres de philosophie qui soient utiles et intéressants. Celui de BHL ne déshonore pas ni ne discrédite son auteur, et il fait réfléchir ses lecteurs. N'est-ce pas l'essentiel?
By Emmanuel Mousset, at 10:14 PM
BHL est 1 beau gosse, qui écrit bien et donne effectivement à réfléchir. mais son côté chevalier blanc me gave. je crois sincérement que le gros pb de notre société est l'identification, le besoin iconoclaste, la sujétisation des pensées , des idées, la verbalisation de l'inné.
parler de panthéon pour de simples mortels pensants est pour moi la 8ème plaie d'égypte. le grand architecte de l'univers nous a doté d'1 faculté inestimable : 1 cerveau développé, liant intelligence et affect.
pour moi les panthéonesques sont des simples prophétes voire des pyties.et là je suis gentille!!!!
je pense que l'homme est orgueilleux et ce besoin de représentation n'est rien d'autre qu'1 projection de lui même.
ce que j'aime dans 1 lecture, c'est occulter celui qui écrit et conserver le suc de la réflexion distillée.
le réel ne peut résurgir des lectures mais d'1 grande ouverture des yeux , du coeur et de l'esprit.VAL
By Anonyme, at 12:29 PM
Même un beau gosse ne peut pas satisfaire (intellectuellement) VAL. C'est désespérant!
By Emmanuel Mousset, at 1:13 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home