L'Aisne avec DSK

21 novembre 2007

Punir ou guérir.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vais vous parler un peu de justice. Ce n'est pas dans l'actualité immédiate, mais je me moque de l'actualité immédiate, celle que nous imposent Sarkozy et TF1 pour nous faire oublier l'actualité permanente. Notre société se tourne de plus en plus vers la justice pour régler ses problèmes. Le citoyen fait appel aux tribunaux pour un rien. La droite gouvernementale épouse et alimente cette tendance, et c'est aussi cela qui la rend populaire. Jusqu'à maintenant, un malade mental n'était pas traduit devant la justice mais on le confiait à la médecine. Vous savez que Sarkozy veut juger les fous et les punir, au lieu de les contrôler et les soigner. Je vous dis tout ça parce que Cavanna nous en parle cette semaine dans sa rubrique de Charlie-Hebdo et que je trouve l'article intéressant. Jugez-en plutôt:

"La justice pénale est toujours et plus que jamais fondée sur la notion de punition bien plus que sur celle de réparation. Tu as commis tel délit, la peine prévue est de tant d'années de prison (...) Tu es diagnostiqué fou? La justice ne s'applique pas à toi. Ce dernier exemple nous conduit tout droit au curieux cas des pédophiles assassins qui, condamnés par la justice, sont libérés au bout de leur temps et, non guéris, recommencent aussitôt à sévir. Ce qui montre bien qu'ils étaient authentiquement fous et donc, suivant la loi, non justiciables de tribunaux. Traités en fous et soignés en des lieux adéquats ...
La justice, telle qu'on la pratique, est un reflet de la vieille conception d'une morale figée sur la notion de bien ou de mal "dans l'absolu", de faute et de punition, alors qu'elle devrait se fonder sur les notions d'utilité et de danger, et donc de prévention plus que de répression".

Ceux, nombreux, qui pensent qu'il faut juger et enfermer les pédophiles se trompent. Si on les considère comme de dangereux malades, de grands pervers, il faut les soigner, pas les juger. La loi, la sanction , la prison ne pourront jamais rien contre eux (sauf un emprisonnement à vie, que la loi rend quasiment impossible). Le tort, c'est de confondre la justice et la morale. La justice doit être efficace et protectrice, elle n'a pas à appliquer la loi morale du talion. Victor Hugo disait que lorsqu'on ferme une école, on ouvre une prison. J'ajouterai: quand on ferme aussi un hôpital. Ce qui me permet de revenir à l'actualité immédiate et à la grève d'hier: notre société n'a pas besoin de moins mais de plus de services publics.


Bon après-midi.

2 Comments:

  • Les pédophiles ne sont pas fous, ils ont des tendances et des pulsions qu'ils n'arrivent pas à contrôler. En ce sens on ne peut pas les guérir. Ils sont néanmoins responsables de leur actes. Et encore cette généralisation ne recouvre pas la complexité de la réalité. Tous ne deviennent pas assassins. D'autre part, la folie fait partie du réel, et se définie comme une singularité. La plupart des fous sont en liberté et ne sont pas dangereux, j'en croise régulièrement chaque fois que je sors de chez moi. Certains sont cinglés graves, et finissent à force de passer à l'acte par se faire choper. Il y a aussi un environnement qui favorise les pathologies mentales. Perdez votre emploi, vos proches, tombez gravement malade, et vous avez toutes les chances d'attraper une dépression en sus. La matière est donc complexe, et des tonnes de livres ne suffiront pas à l'épuiser. Punir pour une faute est éducatif, c'est la méthode répressive. Expliquer et faire comprendre les notions de danger et d'utilité est également éducatif. C'est donc la carotte et le bâton, et selon les cas, les individus, les circonstances, elles furent appliquées. Victor Hugo avait évidement raison, c'est d'abord la méthode douce qu'il faut utiliser, et faute de mieux, quand elle a échouée, il ne reste que l'enfermement. Mais même dans ce cas ultime, l'éthique nous indique que nous avons affaire à des humains, et que les conditions de vie, même enfermés doivent rester dignes. Plus de services publics, sans doute, mais surtout de meilleure qualité.

    By Blogger jpbb, at 4:04 PM  

  • Le problème de notre société, c'est qu'elle met en avant un modèle idéal, l'homme rationnel, responsable, maître de lui,qui ne correspond pas à la réalité humaine. La folie peut être douce et inoffensive, mais elle peut être aussi dangereuse (pour celui qui en est prisonnier) et douloureuse. Moi aussi, dans les rues de Saint-Quentin, je rencontre des gens qui ne vont "pas bien". Mais que faire pour eux? C'est aussi une question politique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:55 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home