L'Aisne avec DSK

19 novembre 2007

Veille de grève.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai distribué dans chaque casier de mes collègues, lycées, collège et BTS, l'appel à la grève pour demain de mon syndicat, le SE-UNSA. J'avais demandé la réunion d'une assemblée générale des personnels à mes camarades du SNES. Inutile, m'a-t-on répondu, les collègues ne viennent pas aux AG. Ce n'est pas faux, mais sur 170 enseignants, on est tout de même à chaque fois une trentaine. Il faut faire avec. En tout cas, je ne vois pas comment faire sans. Je n'allais pas organiser moi-même l'AG. Le SE est minoritaire dans l'établissement (comme souvent dans le second degré). Car pour le coup, il y aurait eu très peu de monde. Dans le syndicalisme comme en politique, quand on est minoritaire, on agit en minoritaire, on ne se met pas en avant quand il y a peu de personnes derrière soi.

J'ai donc proposé (il faut toujours proposer!) un tract commun appelant à la grève et à la manifestation. Réponse: non, ça ne sert à rien (rien ne sert jamais à rien; mais alors on fait quoi? rien?), et puis, ça contribue à la déforestation que de gaspiller deux ramettes de papier (je n'invente pas la réponse!). La responsable du SNES a une trentaine d'années, elle fait partie d'une jeune génération de collègues syndiqués mais plutôt méfiant envers les structures collectives, assez corpos (les mots d'ordre généraux, ce n'est pas leur truc, ils veulent du "concret"), aussi individualistes que la société dans laquelle ils ont grandi (les années 90), très réactifs, impulsifs, spontanés (certains enseignants du collège ont décidé un peu sauvagement d'une grève jeudi prochain contre la dégradation de leurs conditions de travail, alors qu'ils pouvaient s'intégrer dans le mouvement de demain). Ces jeunes collègues sont au SNES parce que c'est le syndicat le plus puissant et celui qui répond le mieux à leur corporatisme. Mais leur coeur, j'en suis sûr, est du côté du Sud-Education, un syndicalisme virulent, contestataire, faisant feu de tout bois, transgressant les méthodes traditionnelles de revendication.

A 47 ans, je fais partie d'une génération intermédiaire, encore militante et politique, ce qu'on ne trouve quasiment plus chez ceux qui ont autour de 30 ans. J'ai assisté, ces derniers années, au départ des "piliers" du syndicalisme traditionnel, formés dans les années 60 et 70, le SNALC d'un côté, mené par un prof d'histoire-géo, gaulliste de bon aloi, et FO de l'autre côté, conduit par un prof de maths lambertiste rigoureux. Je ne dis pas que c'était mieux, je dis que je m'y reconnaissais mieux, et que nous avons changé d'époque en une dizaine d'années. Là encore, il faudra bien faire avec.


Bonne journée.

5 Comments:

  • J'ai du mal à comprendre, en France, le peu d'adhérents aux syndicats et aux partis politiques alors que dans d'autres pays européens germanophones leur taux d'adhésion dépasse les 80% et les conflits sociaux sont peut être plus durs mais nettement plus rares! Serait ce le côté anarchiste, raleur et égocentrique du français?
    MD

    By Blogger md, at 7:48 PM  

  • Il faudrait y regarder de près mais dans les pays à fort taux de syndicalisation la carte syndicale ouvre droit à un certain nombre de prestations...

    La cogestion !

    Pourquoi pas !

    Ca nécessiterait en franc ue évolution culturelle.
    JPL

    By Anonymous Anonyme, at 9:28 AM  

  • Plusieurs réponses à l'interrogation de MD:

    1- Ces pays sont souvent des social-démocraties qui ont prouvé, en mettant la négociation au coeur de leur action, qu'adhérer à un syndicat pouvait être payant pour tous. En France, on a trop souvent l'impression qu'adhérer à un syndidat ne sert à rien.

    2- L'adhésion dans certains pays nordiques est obligatoire à l'embauche. Il y a même des pays où les avantages obtenus par les syndicats ne vont qu'à leurs adhérents! C'est évidemment un encouragement à adhérer.

    3- Dans ces pays, la puissance économique et sociale des organisation syndicales, très liées aux partis sociaux-démocrates, favorise l'adhésion. A côté, le syndicalisme français, qui se targue pourtant de son histoire sociale, a une importance dérisoire.

    4- il y a enfin ce que souligne MD. Je dis souvent que le parti le plus puissant en France, mais aussi le plus faible parce qu'il s'ignore, c'est le parti anarchiste de droite: tout critiquer, ne rien proposer, ne jamais être satisfait de rien, vanter la débrouille individuelle, rejeter toute autorité mais être séduit par un autre anarchiste de droite, conservateur-populiste, Nicolas Sarkozy, voilà l'esprit majoritaire en France, qui traverse la droite comme la gauche.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:36 AM  

  • Jeune trentenaire et responsable su SNES dans mon établissement, je ne peux que réagir...tu t'en doutes!

    Ma vision est différente car je suis dans un petit collège de 25 profs et qu'on ne peut pas parler de courant syndical, on n'est pas assez nombreux.

    Quand j'organise une AG syndicale, tout le monde vient mais rien à voir avec un pouvoir d'attraction du SNES, je serai du SNACL que ce serait pareil... C'est l'occasion de débattre sur la vie de l'établissement et de s'informer sur les projets de réforme en cours.

    La puissance du SNEs se nourrit d'elle même. comme il est puissant, il attire les nouveaux (pour les mut' soyons clair...) et les anciens (pour leur retraite soyons encore plus clair...) renforçant ainsi sa puissance.

    Par contre, je n'ai pas l'impression que les adhérents seraient tenter par sud. Je ne les sens pas très révolutionnaires, loin de là...

    En fait, la plupart ne lisent jamais la presse syndicale.Ils sont syndiqués par principe et au SNES pour sa puissance car les gens rejettent l'emmiettement syndicale. Et puis, le SNES, loin d'être parfait, a le mérite d'être identifiable. C'est ainsi que je le ressens.

    Si tu savais le nombre de collègues qui sont venus me trouver à quelques mois d'une CPA ou d'une retraite pour se syndiquer pensant à tord que cela allait les aider... tu vois, rien de politique ou d'idéologique la dedans, bien au contraire...

    Sylvain

    By Anonymous Anonyme, at 10:37 AM  

  • Sylvain,

    Je suis entièrement d'accord avec toi, sauf peut-être pour la tentation Sud, qui s'est ressentie ces dernières années dans les élections professionnelles pour les CAPA. Pour le reste, oui, l'idéologie, c'est fini (hélas ou tant mieux?).

    Ma vision est un peu déformée par le fait que j'enseigne dans un grand lycée de centre ville, à recrutement cependant populaire et rural, avec toute une histoire (les deux syndicats pendant longtemps les plus puissants ont été le SNALC et FO). Il y a un fond idéologique étrangement "conservateur-révolutionnaire" (si j'ose dire!).

    Ton collège doit être plus représentatif de ce que sont les réactions du corps enseignant.

    Bonne grève, et bonne correction de copies (moi, j'en ai fait 10 ce matin; plus que 105!).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:29 PM  

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