La fronde des avocats.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je suis à nouveau devant mon ordinateur, internet fonctionne. Ouf! Merci à Martine de m'avoir accueilli pendant deux jours.
La presse locale annonce une grève unanime des avocats du barreau de Saint-Quentin, très remontés contre la politique judiciaire de gouvernement. Après la refonte de la carte des tribunaux, c'est le divorce devant le notaire qui suscite leur colère. Les avocats sont prêts à aller sur le marché pour défendre leur point de vue, c'est dire leur exaspération! Un avocat distribuant des tracts, c'est pas très fréquent. Le mouvement de grève se poursuivra jusqu'au 2 janvier. Ecoutez les propos sévères et définitifs du bâtonnier, Maître Vignon:
"Cette fois, c'est l'ensemble de la profession qui exprime son ras-le-bol (...) Avec cette réforme, qui a été définie sans la moindre concertation, c'est le justiciable qui sera pénalisé. Nous, avocats, sommes représentants d'une justice équitable. C'est pourquoi nous faisons ce métier. Si demain, les notaires traitent des divorces de consentement mutuel, nul doute que ce qui sera mis en avant, c'est avant tout le pouvoir économique (...) Ce n'est qu'une question d'argent, rien de plus!" (L'Aisne Nouvelle)
"Le notaire ne verra avant tout que les intérêts économiques du couple. Il est à craindre que le plus faible ne soit plus dans les mêmes droits que le plus fort. " (L'Union)
"Dans toute la France, les différents barreaux suivent le mouvement. C'est une mobilisation sans précédent en France." (Le Courrier Picard)
Maître Vignon a parfaitement raison. La politique judiciaire du gouvernement est inique, elle privilégie le fort au détriment du faible, elle repose sur un seul critère, l'argent. J'ajouterai: elle est à l'image de la politique Sarkozy. C'est la France des notaires, soucieux des intérêts des plus puissants, contre la France des avocats, défenseurs des faibles. Je sais, je caricature, mais il y a une vérité dans ce que j'affirme.
Mais il faut que je vous dise quelque chose: Philippe Vignon est aussi engagé politiquement, centriste et conseiller municipal dans la majorité de Pierre André et de Xavier Bertrand. Et aujourd'hui, dans le domaine qui est le sien, il est un farouche opposant à la politique du gouvernement, dans laquelle un homme de centre droit comme Vignon ne peut pas se reconnaître. Pourtant, il restera, j'en suis persuadé, dans l'équipe municipale, et il soutiendra la droite sarkozienne. Par fidélité, bien sûr, mais surtout parce qu'aucun débouché ne lui sera offert à gauche.
C'est là où je voulais en venir. A gauche se prépare une liste constituée par des socialistes de notre aile gauche, néofabiusiens et toujours poperénistes, des communistes tendance Gremetz, un MRC très antilibéral et anticentriste. Comment voulez-vous qu'un tel attelage puisse séduire des électeurs de centre droit du type de Maître Vignon? Une élection se gagne au centre. A Saint-Quentin, l'enjeu devrait être celui-là, si l'on voulait vraiment se donner les moyens de gagner, et non pas se contenter de quelques places supplémentaires. Regardez la composition actuelle de la majorité du conseil municipal; les hommes et les femmes de centre droit et de centre gauche sont nombreux. Pierre André sait que ce sont eux et elles qui sont la clé de la victoire.
La gauche locale ne le sait toujours pas, enfermée qu'elle est dans une vision de "l'union de la gauche" qui date des années 70. Après avoir absorbé les radicaux de gauche, Pierre André va, c'est certain, attirer à lui quelques socialistes, et il saura choisir, malin comme il est, ceux qui représente un peu quelque chose sur Saint-Quentin, alors que notre liste, je le crains, sera constituée d'adhérents sans influence ni représentativité. Ceci dit, je souhaite de tout coeur me tromper, mais je suis plutôt pessimiste. Quand je vois le tollé qu'ont provoqué mes remarques pourtant banales sur la compétence ...
Bonne soirée.
Je suis à nouveau devant mon ordinateur, internet fonctionne. Ouf! Merci à Martine de m'avoir accueilli pendant deux jours.
La presse locale annonce une grève unanime des avocats du barreau de Saint-Quentin, très remontés contre la politique judiciaire de gouvernement. Après la refonte de la carte des tribunaux, c'est le divorce devant le notaire qui suscite leur colère. Les avocats sont prêts à aller sur le marché pour défendre leur point de vue, c'est dire leur exaspération! Un avocat distribuant des tracts, c'est pas très fréquent. Le mouvement de grève se poursuivra jusqu'au 2 janvier. Ecoutez les propos sévères et définitifs du bâtonnier, Maître Vignon:
"Cette fois, c'est l'ensemble de la profession qui exprime son ras-le-bol (...) Avec cette réforme, qui a été définie sans la moindre concertation, c'est le justiciable qui sera pénalisé. Nous, avocats, sommes représentants d'une justice équitable. C'est pourquoi nous faisons ce métier. Si demain, les notaires traitent des divorces de consentement mutuel, nul doute que ce qui sera mis en avant, c'est avant tout le pouvoir économique (...) Ce n'est qu'une question d'argent, rien de plus!" (L'Aisne Nouvelle)
"Le notaire ne verra avant tout que les intérêts économiques du couple. Il est à craindre que le plus faible ne soit plus dans les mêmes droits que le plus fort. " (L'Union)
"Dans toute la France, les différents barreaux suivent le mouvement. C'est une mobilisation sans précédent en France." (Le Courrier Picard)
Maître Vignon a parfaitement raison. La politique judiciaire du gouvernement est inique, elle privilégie le fort au détriment du faible, elle repose sur un seul critère, l'argent. J'ajouterai: elle est à l'image de la politique Sarkozy. C'est la France des notaires, soucieux des intérêts des plus puissants, contre la France des avocats, défenseurs des faibles. Je sais, je caricature, mais il y a une vérité dans ce que j'affirme.
Mais il faut que je vous dise quelque chose: Philippe Vignon est aussi engagé politiquement, centriste et conseiller municipal dans la majorité de Pierre André et de Xavier Bertrand. Et aujourd'hui, dans le domaine qui est le sien, il est un farouche opposant à la politique du gouvernement, dans laquelle un homme de centre droit comme Vignon ne peut pas se reconnaître. Pourtant, il restera, j'en suis persuadé, dans l'équipe municipale, et il soutiendra la droite sarkozienne. Par fidélité, bien sûr, mais surtout parce qu'aucun débouché ne lui sera offert à gauche.
C'est là où je voulais en venir. A gauche se prépare une liste constituée par des socialistes de notre aile gauche, néofabiusiens et toujours poperénistes, des communistes tendance Gremetz, un MRC très antilibéral et anticentriste. Comment voulez-vous qu'un tel attelage puisse séduire des électeurs de centre droit du type de Maître Vignon? Une élection se gagne au centre. A Saint-Quentin, l'enjeu devrait être celui-là, si l'on voulait vraiment se donner les moyens de gagner, et non pas se contenter de quelques places supplémentaires. Regardez la composition actuelle de la majorité du conseil municipal; les hommes et les femmes de centre droit et de centre gauche sont nombreux. Pierre André sait que ce sont eux et elles qui sont la clé de la victoire.
La gauche locale ne le sait toujours pas, enfermée qu'elle est dans une vision de "l'union de la gauche" qui date des années 70. Après avoir absorbé les radicaux de gauche, Pierre André va, c'est certain, attirer à lui quelques socialistes, et il saura choisir, malin comme il est, ceux qui représente un peu quelque chose sur Saint-Quentin, alors que notre liste, je le crains, sera constituée d'adhérents sans influence ni représentativité. Ceci dit, je souhaite de tout coeur me tromper, mais je suis plutôt pessimiste. Quand je vois le tollé qu'ont provoqué mes remarques pourtant banales sur la compétence ...
Bonne soirée.
4 Comments:
"Une élection se gagne au centre." Entièrement d'accord. La Gauche doit enfin se reformer et revendiquer ses valeurs et ses idéaux. L'aggiornamento concernant le Marché et l'Etat Providence doit être fait. Bayrou le fait comprendre (et je vous soutiens ardemment dans votre démarche de trouver de nouveaux partenaires électoraux comme ce dernier), la France ne doit plus incarner l'assistance publique, mais doit être un pays compétitif dans le concert mondialisé des nations.
De même, je vous rejoins dans votre analyse concernant l'ouverture pratiquée par PA. Assez de ces gauchistes sans projet électoraux, ne sachant que contester. Oui, revendiquons le haut et fort comme vous le faites, le bilan de PA est bon (bien que je ne le soutienne pas). Enfin, la ville sourit grâce à ce maire mais également grâce à des gens comme vous qui nous font l'immense plaisir d'assister aux réelles manifestations que les les saint-quentinois attendent (comme l'ouverture du village de noël) et non à ces pseudos manifestations revendicatives et geignardes (pour preuve, il est tellement rare de vous y croiser).
Bonne continuation et ne perdez pas courage dans votre combat pour reformer la Gauche.
Cordialement.
By Anonyme, at 3:25 AM
la possibilité de divorcer devant notaire me met hors de moi. j'ai des doutes sur la légitimité " déontologique" de la réaction des avocats . en définitive c'est leur fond de roulement qu'ils défendent. 1 couple sur 3 divorce en province et 1 sur 2 à paris .
pour moi cette réforme revient à tomber de charydbe en scylla.
la véritable réforme aurait été de raccourcir les délais, accéder au juge aux affaires familiales sans recours à 1 juriste, dés lors que les futurs ex époux sont tombés d'accord sur tout ....
une simple question : comment ouvrir à des personnes extérieures lorsque la tendance est 1 verrouillage total de l'intérieur ?
VAL
By Anonyme, at 9:19 AM
Je remercie l'anonyme pour ses propos sympathiques à mon égard, mais je ne me reconnais pas entièrement dans quelques jugements qu'il porte, et à propos desquels je voudrais lever tout malentendu éventuel. En toute sincérité et clarté, comme d'habitude:
1- "L'assistance publique" est nécessaire ... faute de mieux. Certes, l'objectif politique, c'est la dignité et l'autonomie à travers le travail. Mais quand la société est incapable momentanément d'attribuer un travail à tous, l'assistance est indispensable et ne doit pas être dévalorisée. Mais je lui préfère le mot de solidarité.
2- Des gauchistes, je n'en connais pas beaucoup parce qu'il y en a peu. En revanche, les opportunistes sont une espèce plus fréquente en politique.
3- Le bilan de Pierre André, comme n'importe quel bilan, peut être critiqué. C'est le rôle de l'opposition, en démocratie, de se livrer à cette critique. Ce que je reproche à la gauche saint-quentinoise, ce n'est pas son opposition à Pierre André, c'est ... le contraire, son manque d'opposition, son peu de combattivité. L'opposition est nécessaire, y compris pour la droite, qui aurait tout à gagner d'une opposition intelligente qui jouerait pleinement son rôle, qui critiquerait et proposerait. Car le bilan de Pierre André, je crois que c'est ce que vous voulez dire, est bien perçu par la population, y compris par les électeurs de gauche. Une attaque frontale de ce bilan, hormis qu'elle ne serait pas respectueuse de la vérité, serait tactiquement déplorable, contre-productive. Je crains hélas qu'on ne se dirige dans cette direction.
4- Je ne sais pas ce que vous appelez les "manifestations revendicatives et geignardes". Expliquez-vous, donnez un exemple. Si vous visez les manifestations syndicales, vous avez tort. Elles sont, elles aussi, tout comme l'opposition municipale, une expression indispensable dans une démocratie. Il ne faut pas opposer les manifestations officielles et les défilés politiques ou syndicaux. Il faut être présent aux deux. Trop souvent, la gauche saint-quentinoise n'est présente ni aux unes, ni aux autres. Je prends un exemple: cet été, j'ai participé, devant la sous-préfecture, à la manifestation contre l'instauration d'un service minimum en cas de grève dans les transports. Eh bien, en tant que socialiste, j'étais tout aussi seul que lors de l'inauguration du marché de Noël.
Tout malentendu dissipé, et en plein accord avec plusieurs de vos remarques, j'aurai plaisir à poursuivre la discussion avec vous.
Bonne journée.
By Emmanuel Mousset, at 1:16 PM
Simple question de VAL, simple réponse:
André réussit l'ouverture parce qu'il anticipe, organise et "verrouille". Une liste municipale, ce n'est pas des tendances qui se déchirent pour obtenir la meilleure représentativité, ou alors, c'est l'échec assuré. Mais c'est une équipe disciplinée autour d'un leader reconnu et respecté. La gauche locale n'a ni leader, ni équipe. Elle se divise et se replie sur des clans. C'est ce qui la condamne à l'échec.
By Emmanuel Mousset, at 2:14 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home