L'Aisne avec DSK

11 décembre 2007

Freddy le retour.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai reçu au courrier du matin ma première carte de voeux. Savez-vous de qui? Ne cherchez pas, la réponse est toute trouvée: de Pierre André et de la municipalité de Saint-Quentin! Les voeux, c'est comme les inaugurations: en apparence dérisoire, inutile, secondaire, c'est néanmoins une arme politique. Comme dans Lucky Lucke, celui qui dégaine le premier a gagné. La droite locale est très forte à ce jeu-là. Elle sera, début janvier, en tête de peloton pour les cérémonies du nouvel an. Puis viendront immanquablement, en fin de course, les faiblards. En politique, à la différences des Evangiles, les premiers restent les premiers, et les derniers ne remontent pas.

Après l'ouverture du courrier, la lecture de la presse locale n'est pas faite pour me remonter le moral. Freddy, représentant du RMC, est de retour, après plusieurs semaines de retrait médiatique. J'ai l'impression qu'il laissait les choses se décanter côté socialiste (mais dans un marécage, on peut toujours attendre, l'eau est rarement claire). Freddy, je l'aime bien: il est actif, fait de petites choses, sait communiquer. Bon, l'idéologie du MRC, ce n'est pas ma tasse de thé. Et puis, je suis irrité de voir la droite se servir de lui comme d'un petit poisson qu'elle agite goguenard sous le nez des socialistes. Freddy se prête souvent à ce petit jeu, prend l'habitude de critiquer les socialistes, et ça, je n'aime pas du tout.

Pourquoi est-il de retour? Pour dénoncer, c'est lui qui l'affirme dans L'Union et L'Aisne Nouvelle, les accords départementaux entre PS et MRC. Et pourquoi donc? Parce que ces accords ne prévoient pas de candidats MRC soutenus par le PS aux prochaines cantonales. Et que notre Freddy local aimerait bien être candidat à Moy-de-l'Aisne ou à Saint-Quentin sud. D'ailleurs, il annonce sa candidature dans l'un ou l'autre de ces cantons. Il n'y va pas de main morte, écoutez plutôt:

"Je ne suis pas très content des accords départementaux concernant les élections cantonales. Je me réserve le droit d'être candidat (...) Je ne peux pas accepter tout et n'importe quoi. Dans les accords entre MRC et PS, il n'y a aucune place pour un candidat MRC. Je trouve cela inadmissible, scandaleux ... J'ai averti ma direction et maintenant, les accords, je m'assois dessus."

Cinq remarques:

1- Il n'y a pas si longtemps, Freddy mettait en avant des accords fédéraux pour revendiquer dès maintenant, après démission d'un conseiller municipal socialiste, une place au conseil municipal. Il faut rester cohérent, ne pas avoir de stratégie à géométrie variable, un jour se ranger derrière des accords fédéraux, un autre jour dénoncer les accords fédéraux.

2- Freddy doit orienter sa colère contre les dirigeants départementaux du MRC. Ce sont eux qui ont signé l'accord, en toute connaissance de cause. Mais peut-être qu'eux aussi, devant la puissance de la droite saint-quentinoise, ont décidé de sacrifier Saint-Quentin?

3- Ce que Freddy oublie de dire (et le mensonge par omission reste un mensonge, dans la théologie catholique), c'est que ces accords avantagent fortement le MRC au niveau des élections municipales, et qu'un petit poisson ne peut pas jouer constamment au gros poisson.

4- Si j'étais Freddy, je laisserais tomber les cantonales, où il n'a aucune chance d'être élu, et je me concentrerais sur les municipales. Pourquoi ne le fait-il pas? Ce serait son intérêt et la démarche la plus rationnelle. Bizarre, non? Et inquiétant, car je ne vois qu'une explication: Freddy ne croit pas en un bon score de la gauche saint-quentinoise aux municipales, pas assez bon en tout cas pour que lui même se retrouve élu. Il joue le coup d'après, et en attendant, préfère se présenter en solo aux cantonales, peaufiner son image et ne pas se compromettre dans un possible mauvaise score de la liste de gauche. Je crois même qu'il redoute un échec pire qu'en 2001.

5- Tout ça confirme tristement mes intuitions et analyses: la gauche locale est mal en point, ne finit pas de se diviser, les socialistes unis doivent tenter leur chance de leur côté, sous leurs propres couleurs. Est-ce encore possible? Il ne faut jamais s'avouer battu, mais chaque jour qui passe rend l'avenir encore plus difficile. Nous verrons jeudi soir si les instances départementales du PS seront capables d'un sursaut de lucidité.


Bon après-midi.