L'Aisne avec DSK

16 décembre 2007

L'homme qui sourit.

Bonjour à toutes et à tous.

Angoisse totale depuis hier matin, où je me suis heurté à l'impossibilité d'accéder à internet. Ce blog, c'est un peu mon deuxième cerveau. Le premier, je le mets à disposition de qui en aurait besoin! Ok, c'est une mauvaise plaisanterie (personne ne s'est senti visé, au moins?). Mais que voulez-vous, c'est dimanche, il fait froid mais beau et surtout, grâce à Martine qui a bien voulu m'accueillir et me laisser accéder à son ordinateur, je peux enfin vous recontacter, l'angoisse se dissipe un peu (il faudra attendre mardi pour qu'un technicien chez moi essaie la remise en fonction).

Je vais vous parler de Xavier Bertrand, l'homme qui monte, qui monte, qui monte, parce qu'il jouit de trois qualités, d'après Marianne du 24 novembre (page 34): le sourire, le peu de sommeil, l'habileté. A une époque pas si lointaine, pour "monter" en politique, il fallait avoir une forte personnalité, de solides convictions, une vision de l'avenir. Il fallait s'appeler, à gauche, Mauroy ou Rocard, à droite, Juppé ou Séguin. Alors, on pouvait songer à Matignon, et parfois y accéder. Aujourd'hui, c'est fini: il faut être un communiquant et un malin (Raffarin avait annoncé la couleur), il suffit de s'appeler Bertrand. Je vous cite l'article de Marianne:

"Quels que soient les vents contraires, le ministre du Travail est ... au travail. C'est-à-dire qu'il sourit. Il sourit sur les plateaux de télévision d'abord. Il sourit dans les négociations. Il sourit partout. C'est sa mission, frère Sourire: ne rien céder, ou le moins possible, mais avec bonhomie (...) Le regard est mutin, chaleureux, sous un front bas qui a l'avantage de tromper les hauts persuadés de leur supériorité. Même son nom est un trompe-intelligent, un double prénom, Xavier Bertrand. Ca fait double ration de Ricard, pétanque, belote et populo."

Et il y a quelque chose que le journaliste ne sait pas et qui complète le portrait, c'est que Bertrand est membre d'une équipe municipale qui a donné pour slogan à la ville: "Saint-Quentin, la ville qui sourit". La totale, comme on dit aujourd'hui! Qui aurait cru qu'une mimique, une chose aussi stupide qu'un sourire pouvait devenir un argument de campagne, une arme électorale, un atout politique? Si je proteste, c'est aussi, je l'avoue, parce que sourire n'est pas dans ma nature.

Mais si Bertrand sourit tout le temps (la nuit aussi, pendant ses quatre heures de sommeil?), il ne fait pas sourire tout le monde, en particulier les ouvriers licenciés du fabricant de radiateurs de Zehnder Group, à Vaux-Andigny, dans l'Aisne. Si j'en crois, à nouveau, Marianne, mais du 1er décembre cette fois (page 42), sur 44 agents de production licenciés, il y a 14 syndicalistes, dont le secrétaire CGT du Comité d'entreprise, Gilles Lefèvre, une figure locale du syndicalisme. L'inspection du travail de l'Aisne avait recommandé de garder 7 des licenciés, dont Lefèvre. Le ministère du Travail n'a pas suivi. L'entreprise se trouve à 30 km de la "ville qui sourit"!

Il y en a d'autres aussi qui sourient un peu moins en voyant Bertrand intervenir en conseil des ministres et s'imposer de plus en plus. Fillon et Lagarde, par exemple. Autrefois, il fallait se méfier des "jeunes loups du RPR". Aujourd'hui, les dents se montrent sans vergogne, les carnassiers ont le sourire aux lèvres. On est passé du loup à la hyène, qui paraît-il ricane. J'arrête là le bestiaire. Tout ça bien sûr est psychologique, mais ça compte aussi dans la vie. J'aime bien Pierre André, sénateur-maire UMP, il est franc du collier, parfois jusqu'à la brutalité, il fait du boulot pour sa ville, il ne cherche pas à plaire, il n'a pas aux lèvres de sourire artificiel et trompeur. Je n'aime pas Xavier Bertrand, qui vous passe la main dans le dos avec un poignard dans l'autre main. J'aime, j'aime pas, c'est la vie ... Mais tous les deux, bien sûr, je les combats politiquement.

A ce soir peut-être, si Martine veut bien me recevoir à nouveau.

Et bon après-midi.

2 Comments:

  • juste une remarque pour compléter ce que je disais hier au sujet de la situation à Chateau-Thierry et qui illustre un peu ton billet du jour : L'association de Jacques Krabal se nomme "sourire ensemble".

    Sans commentaire...

    Sylvain

    By Anonymous Anonyme, at 4:44 PM  

  • Le sourire est à la mode en ce moment, manifestement ... Je crois qu'on sourit quand on n'a rien à dire. C'est aussi une influence américaine. Dans ce pays (que par ailleurs j'aime beaucoup), le sourire y tient une place très particulière.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:10 PM  

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