Maintenant l'avenir.
Bonsoir à toutes et à tous.
Le conseil national du PS, réuni hier à Paris, a ratifié les têtes de liste aux élections municipales, dont bien entendu celle de Saint-Quentin. Les choses sont donc maintenant, hélas, très claires: Jean-Pierre Lançon, à la faveur des circonstances, après avoir refusé le dialogue autour d'une candidature unanime, se retrouve candidat officiel, avec le soutien discret mais actif de la députée européenne et l'approbation des instances fédérales. J'ai perdu, et avec moi tous ceux, nombreux, qui recherchaient le consensus, qui refusaient une candidature issue d'un courant. L'avenir dira qui avait raison. Et l'avenir, c'est dans moins de trois mois. Ce qui se passe en ce moment dans ma section, je n'y crois pas, je n'y adhère pas. Nous tournons le dos à l'exigence de rénovation, nous retombons dans les vieux schémas, les anciennes pratiques. J'ai cru longtemps que l'intelligence allait l'emporter, que les intérêts des uns et des autres finiraient par se concilier, que l'hyperpuissance de la droite saint-quentinoise nous forcerait au rassemblement. J'ai eu tout faux. Que faire maintenant?
J'ai toujours prôné le dialogue, "s'arranger", comme je dis. Avec les néofabiusiens, c'est très difficile. Leur conception du dialogue, c'est un revolver sur la table, c'est-à-dire après avoir dégainer leur candidature. C'est ainsi, ils ne changeront pas, c'est leur culture (que je n'étends pas à tous les fabiusiens, bien sûr, et qui existe aussi dans d'autres courants). Faut-il qu'à mon tour, j'adopte ces pratiques, au risque de me renier? Faut-il que j'entre dans une comptabilité de boutiquier, au nom du rassemblement autour du candidat officiel? Pour tout vous dire, je suis très embarrassé. L'action politique doit concilier le respect des principes et l'efficacité des résultats. Par nature, je pense qu'il faut discuter jusqu'au bout, mais par nature aussi, je pense qu'il faut aller jusqu'au bout d'une idée qu'on défend. Alors?
Trois réactions me viennent à l'esprit:
1- Un choix officiel a été fait, dans les conditions que l'on sait. Ce choix doit être entièrement assumé par ceux qui l'ont fait et qui doivent en porter la totale responsabilité. La liste sera la leur, et constituée selon les principes qui sont les leurs et que j'ai contestés.
2- Les rénovateurs de la section doivent demeurer unis dans leur difficile combat, Stéphane, Jean-Louis, Jacques, Michel et bien d'autres. La candidature néofabiusienne aura au moins eu cet avantage de ressouder la majorité de la section. C'est l'un des éléments inattendus de ces derniers mois. Cette majorité doit renforcer ses liens, s'élargir, recruter.
3- Nous devons nous projeter dès maintenant dans l'après-municipales. Les prochains rendez-vous électoraux seront les cantonales de 2010. Le PS se sera donné une majorité, on peut espérer raisonnablement que les effets négatifs de la politique gouvernementale se seront cette fois faits sentir. Nous devrons avoir alors nos candidats et user du rapport de forces. Je sais, je me contredis par rapport à mon analyse actuelle, par rapport à mon souci de rénover nos pratiques internes. Mais que voulez-vous que je fasse? Je n'ai pas vocation à avaler mon chapeau à chaque fois. J'ai un défaut parmi d'autres, qui serait une qualité si l'environnement était différent: mon approche de la politique est plutôt idéaliste. Mais les hommes sont les hommes. Un rapport de forces, même défavorable, est beaucoup plus simple qu'un dialogue raisonné. Alors, va pour le rapport de forces ... la prochaine fois. C'est terrible, mais comment parler un autre langage que celui de vos interlocuteurs? Ou alors, on se retrouve dans le soliloque, ce que m'ont reproché certains commentateurs de ce blog.
Il faut que ces trois réactions fassent leur chemin dans ma tête, que je les confronte aux avis des camarades qui me font l'amitié de m'écouter avec bienveillance. Et puis on verra ... Mais quand je lis l'article d'hier dans Le Courrier Picard, qui relate la conférence de presse des têtes de listes des trois principales villes de l'Aisne, j'ai vraiment du mal à contenir ma colère. Après que le journaliste ait jugé "improbable" une victoire de la gauche à Saint-Quentin, voilà ce qu'il écrit:
"A Saint-Quentin, la candidature de Jean-Pierre Lançon laisse pour le moins dubitatif. Le militant joue gros. Il a regretté jeudi soir le manque de présence d'Odette Grzegrzulka dans les quartiers populaires d'Europe et du Vermandois, expliquant la correction des législatives. Le voilà donc condamné à faire mieux. Beaucoup mieux."
L'explication de notre défaite aux dernières législatives est vraiment ridicule. Personne n'aurait fondamentalement fait mieux que notre candidate d'alors. Vous le savez, j'ai été en conflit il y a quelques années avec Odette. Je ne prétends pas que c'était la chose la plus intelligente ni la plus productive de ma vie politique, mais c'était ainsi. Toujours est-il que je l'ai fait quand elle était députée, à l'époque de sa puissance, et les yeux dans les yeux. Aujourd'hui qu'Odette n'est plus que simple conseillère municipale, et qu'elle a dit ne pas vouloir renouveler son mandat, je n'apprécie pas, mais pas du tout, qu'on s'en prenne à elle. C'est lorsqu'elle était là, influente, qu'il fallait éventuellement le faire. C'est, excusez-moi, une question d'élégance. On ne s'en prend pas à quelqu'un qui a le dos tourné. Déjà, en septembre, dans Le Courrier Picard, la députée européenne avait pris à partie notre ancienne députée, après des années de silence. Non, pas de ça. Les règlements de compte, ça suffit! Il faut savoir faire l'effort de tendre la main aux camarades avec qui on a été en conflit. C'est psychologiquement difficile, j'en sais quelque chose, mais c'est politiquement profitable à tous. Mais j'arrête là parce que je sens que je retombe dans le défaut d'idéalisme. Et puis, je ne veux pas abuser de l'hospitalité de Martine, qui a sûrement autre chose à faire qu'attendre que j'ai terminé ce billet.
Bonne nuit et à demain, si Martine le veut bien.
Le conseil national du PS, réuni hier à Paris, a ratifié les têtes de liste aux élections municipales, dont bien entendu celle de Saint-Quentin. Les choses sont donc maintenant, hélas, très claires: Jean-Pierre Lançon, à la faveur des circonstances, après avoir refusé le dialogue autour d'une candidature unanime, se retrouve candidat officiel, avec le soutien discret mais actif de la députée européenne et l'approbation des instances fédérales. J'ai perdu, et avec moi tous ceux, nombreux, qui recherchaient le consensus, qui refusaient une candidature issue d'un courant. L'avenir dira qui avait raison. Et l'avenir, c'est dans moins de trois mois. Ce qui se passe en ce moment dans ma section, je n'y crois pas, je n'y adhère pas. Nous tournons le dos à l'exigence de rénovation, nous retombons dans les vieux schémas, les anciennes pratiques. J'ai cru longtemps que l'intelligence allait l'emporter, que les intérêts des uns et des autres finiraient par se concilier, que l'hyperpuissance de la droite saint-quentinoise nous forcerait au rassemblement. J'ai eu tout faux. Que faire maintenant?
J'ai toujours prôné le dialogue, "s'arranger", comme je dis. Avec les néofabiusiens, c'est très difficile. Leur conception du dialogue, c'est un revolver sur la table, c'est-à-dire après avoir dégainer leur candidature. C'est ainsi, ils ne changeront pas, c'est leur culture (que je n'étends pas à tous les fabiusiens, bien sûr, et qui existe aussi dans d'autres courants). Faut-il qu'à mon tour, j'adopte ces pratiques, au risque de me renier? Faut-il que j'entre dans une comptabilité de boutiquier, au nom du rassemblement autour du candidat officiel? Pour tout vous dire, je suis très embarrassé. L'action politique doit concilier le respect des principes et l'efficacité des résultats. Par nature, je pense qu'il faut discuter jusqu'au bout, mais par nature aussi, je pense qu'il faut aller jusqu'au bout d'une idée qu'on défend. Alors?
Trois réactions me viennent à l'esprit:
1- Un choix officiel a été fait, dans les conditions que l'on sait. Ce choix doit être entièrement assumé par ceux qui l'ont fait et qui doivent en porter la totale responsabilité. La liste sera la leur, et constituée selon les principes qui sont les leurs et que j'ai contestés.
2- Les rénovateurs de la section doivent demeurer unis dans leur difficile combat, Stéphane, Jean-Louis, Jacques, Michel et bien d'autres. La candidature néofabiusienne aura au moins eu cet avantage de ressouder la majorité de la section. C'est l'un des éléments inattendus de ces derniers mois. Cette majorité doit renforcer ses liens, s'élargir, recruter.
3- Nous devons nous projeter dès maintenant dans l'après-municipales. Les prochains rendez-vous électoraux seront les cantonales de 2010. Le PS se sera donné une majorité, on peut espérer raisonnablement que les effets négatifs de la politique gouvernementale se seront cette fois faits sentir. Nous devrons avoir alors nos candidats et user du rapport de forces. Je sais, je me contredis par rapport à mon analyse actuelle, par rapport à mon souci de rénover nos pratiques internes. Mais que voulez-vous que je fasse? Je n'ai pas vocation à avaler mon chapeau à chaque fois. J'ai un défaut parmi d'autres, qui serait une qualité si l'environnement était différent: mon approche de la politique est plutôt idéaliste. Mais les hommes sont les hommes. Un rapport de forces, même défavorable, est beaucoup plus simple qu'un dialogue raisonné. Alors, va pour le rapport de forces ... la prochaine fois. C'est terrible, mais comment parler un autre langage que celui de vos interlocuteurs? Ou alors, on se retrouve dans le soliloque, ce que m'ont reproché certains commentateurs de ce blog.
Il faut que ces trois réactions fassent leur chemin dans ma tête, que je les confronte aux avis des camarades qui me font l'amitié de m'écouter avec bienveillance. Et puis on verra ... Mais quand je lis l'article d'hier dans Le Courrier Picard, qui relate la conférence de presse des têtes de listes des trois principales villes de l'Aisne, j'ai vraiment du mal à contenir ma colère. Après que le journaliste ait jugé "improbable" une victoire de la gauche à Saint-Quentin, voilà ce qu'il écrit:
"A Saint-Quentin, la candidature de Jean-Pierre Lançon laisse pour le moins dubitatif. Le militant joue gros. Il a regretté jeudi soir le manque de présence d'Odette Grzegrzulka dans les quartiers populaires d'Europe et du Vermandois, expliquant la correction des législatives. Le voilà donc condamné à faire mieux. Beaucoup mieux."
L'explication de notre défaite aux dernières législatives est vraiment ridicule. Personne n'aurait fondamentalement fait mieux que notre candidate d'alors. Vous le savez, j'ai été en conflit il y a quelques années avec Odette. Je ne prétends pas que c'était la chose la plus intelligente ni la plus productive de ma vie politique, mais c'était ainsi. Toujours est-il que je l'ai fait quand elle était députée, à l'époque de sa puissance, et les yeux dans les yeux. Aujourd'hui qu'Odette n'est plus que simple conseillère municipale, et qu'elle a dit ne pas vouloir renouveler son mandat, je n'apprécie pas, mais pas du tout, qu'on s'en prenne à elle. C'est lorsqu'elle était là, influente, qu'il fallait éventuellement le faire. C'est, excusez-moi, une question d'élégance. On ne s'en prend pas à quelqu'un qui a le dos tourné. Déjà, en septembre, dans Le Courrier Picard, la députée européenne avait pris à partie notre ancienne députée, après des années de silence. Non, pas de ça. Les règlements de compte, ça suffit! Il faut savoir faire l'effort de tendre la main aux camarades avec qui on a été en conflit. C'est psychologiquement difficile, j'en sais quelque chose, mais c'est politiquement profitable à tous. Mais j'arrête là parce que je sens que je retombe dans le défaut d'idéalisme. Et puis, je ne veux pas abuser de l'hospitalité de Martine, qui a sûrement autre chose à faire qu'attendre que j'ai terminé ce billet.
Bonne nuit et à demain, si Martine le veut bien.
5 Comments:
il est temps,Emmanuel, que je te dise combien je suis tout à fait d'accord avec tes analyses et commentaires.
Inutile de polémiquer avec Lançon (même sur ce qu'il dit de moi).
Il n'est qu'un porte-parole béat(porte-flingue)d'une pseudo élue(nommée?)pseudo-picarde. Laissons les manoeuvriers et les fossoyeurs à leurs basses oeuvres. Dans qq semaines l'avenir nous donnera raison.Pourvu que d'ici là les copains ne déchirent pas leur carte du Ps!!!!!!!!!!!!!!!!
Vivement l'année prochaine. Odette
By Anonyme, at 9:05 PM
S'il n'y a pas de bonne volonté unanime et si on se refuse à organiser un "putsh", je ne vois qu'une seule solution : changer le système de l'intérieur, après en avoir accepté les règles.
Le risque, on le connaît bien : c'est renoncer à changer "le système", une fois qu'il nous a permis de gagner...
By Thierry D., at 8:41 AM
Les basses oeuvres , par journaliste interposé, n'émanent pas de moi.En aucun cas , pendant la conférence de presse, je nai parlé d'Odette , ni de son manque de présence dans les quartiers, ni du score des législatives.
Cette presse, que l'on dit parfois entre nous, soumise à la droite a encore prouvé qu'elle est friande de désinformation pour mettre de l'huile sur le feu.
Et nous serions assez naïfs pour nous en servir en interne!
Ce journaliste a dû se rapprocher d'un de nos amis éternel.
Jean-Pierre
By jpl, at 8:54 AM
Il y a un point qui me gêne, car je n'arrive pas à trouver une cohérence.
Comme toi, j'aimerais qu'on puisse dépasser les "courants". Mais comme toi, je soutiens des personnalités "majoritaires", proches de ma sensibilité.
Alors, quand on fait valoir que ses candidats sont "majoritaires" (et qu'on les oppose aux "minoritaires") :
- n'est-ce pas une manière déguisée de soutenir un courant ?
- n'est-ce pas aussi mettre "le revolver sur la table" (je suis majoritaire, dégagez !) ?
Je pose la question sans sous-entendu, car je n'ai pas la réponse...
By Thierry D., at 8:55 AM
A Odette:
As-tu déjà, après toutes ces années au sein du PS, déchiré ta carte? Non. Alors, personne ne le fera. Il faut rester et faire avancer le parti, c'est-à-dire le rénover. Il n'y a plus très longtemps à attendre, il suffit d'être patient et voir au-delà des municipales.
A Thierry:
Aujourd'hui, aucun courant n'est majoritaire au sein du PS. Pour constituer une majorité, il faut donc dépasser les courants. Je crois que c'est possible. Il y a aujourd'hui une aspiration majoritaire à la rénovation, qui ne se réduit pas à un courant. L'opposition majorité-minorité ne reproduit donc pas la lutte entre les courants. Et je la préfère à la synthèse qui oblige à des concessions artificielles et ne génère rien de solide. la distinction majorité-opposition, c'est la base même de la démocratie.
A JPL:
Je prends acte de son explication et je veux bien le croire, mais je fais deux remarques:
- Il faut maîtriser la communication. Une conférence de presse des trois têtes de liste ne doit laisser s'exprimer que les trois têtes de liste. Si chacun ajoute son grain de sel, c'est le bazar. Le premier fédéral, qui est un ancien journaliste, devrait le savoir.
- Il est trop facile de s'en prendre à la presse, de la condamner pour complicité avec la droite. C'est faux. Beaucoup de journalistes (mais pas tous, c'est vrai) ont une sensibilité de gauche. Le Courrier Picard a prouvé à maintes reprises son indépendance à l'égard de la municipalité. Prenons-nous en à nos propres faiblesses, et pas à la presse.
By Emmanuel Mousset, at 9:07 PM
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