La Russie de Poutine.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je ne sais pas trop quoi penser de la Russie de Poutine, qui s'est rendue aux urnes dimanche et qui a plébiscité son président. Est-ce une nouvelle forme de dictature? Il y a des faits, violents, choquants, des atteintes aux droits de l'homme, qui conduiraient à penser que oui. En même temps, le pays le plus vaste du monde "s'occidentalise", si j'ose dise. Sa télévision et bon nombre de ses comportements sont modernes, donc porteurs de liberté et de démocratie. Et puis, il y a des institutions, qui interdisent d'ailleurs à Poutine de renouveler son mandat l'an prochain. On verra bien comment il réagira, ce sera un test. S'il se soumet à la loi de son pays en laissant le pouvoir, la démocratie aura fait un grand pas.
Poutine justement. L'homme ne plaît pas, passe mal dans les médias occidentaux. Ce n'est pas le brave Eltsine, image du russe bon vivant, ou le studieux Gorbatchev, l'intellectuel voulant moderniser le communisme. Poutine est plutôt à rapprocher d'Andropov: pas de charisme, un modeste employé du KGB qui a franchi patiemment tous les échelons du pouvoir. Mais Bush père, n'avait-il pas été directeur de la CIA? Surtout, Poutine est très populaire dans son pays. Même avec des irrégularités, les urnes ont parlé et exprimé un fort soutien au président russe. Ce qu'on lui reconnait, c'est d'avoir fait surgir une classe moyenne qui constitue maintenant sa base électorale. En contrepoint, il y a la guerre en Tchétchénie, qui ternit incontestablement le tableau.
Ce qui me gêne dans les critiques actuelles de la société russe, c'est qu'elles tendent parfois à exonérer le communisme (70 ans de pouvoir soviétique, tout de même) de ses responsabilités. On nous décrit les ravages de la mafia, de la corruption, des oligarques, de la pauvreté, du capitalisme sauvage: mais à qui la faute? Quelle monde a engendré celui d'aujourd'hui? Le monde d'hier. Je crois aussi que cette description sans indulgence est en partie caricaturale. Bien sûr le crime organisé se développe en Russie, et même en dehors (allez voir le dernier et magnifique film de David Cronenberg, "Les promesses de l'ombre"). Mais la démocratie américaine connaît, depuis longtemps, le même phénomène qui inspire cette fois beaucoup plus d'indulgence (c'est "American gangster " qu'il faut aller voir et qui montre la corruption de la police new-yorkaise dans les années 70). La Russie de Poutine nous est presque aussi méconnue que celle de Brejnev, qui elle aussi, déjà, donnait lieu à caricature (des peuples soumis dans une grisaille sans fin).
De là à ce que Nicolas Sarkozy s'empresse de féliciter Vladimir Poutine pour sa réélection, alors que les autres chefs d'Etat européens sont restés beaucoup plus réservés, il y a un pas (ou plutôt une main!) à ne pas franchir. Il est vrai que notre président s'apprête à accueillir lundi Kadhafi, qui n'est pas, lui non plus, un modèle de démocrate. Mais il y a une vente d'avions Rafale dans la balance! France, patrie des Droits de l'Homme, où es-tu?
Bonne soirée.
Je ne sais pas trop quoi penser de la Russie de Poutine, qui s'est rendue aux urnes dimanche et qui a plébiscité son président. Est-ce une nouvelle forme de dictature? Il y a des faits, violents, choquants, des atteintes aux droits de l'homme, qui conduiraient à penser que oui. En même temps, le pays le plus vaste du monde "s'occidentalise", si j'ose dise. Sa télévision et bon nombre de ses comportements sont modernes, donc porteurs de liberté et de démocratie. Et puis, il y a des institutions, qui interdisent d'ailleurs à Poutine de renouveler son mandat l'an prochain. On verra bien comment il réagira, ce sera un test. S'il se soumet à la loi de son pays en laissant le pouvoir, la démocratie aura fait un grand pas.
Poutine justement. L'homme ne plaît pas, passe mal dans les médias occidentaux. Ce n'est pas le brave Eltsine, image du russe bon vivant, ou le studieux Gorbatchev, l'intellectuel voulant moderniser le communisme. Poutine est plutôt à rapprocher d'Andropov: pas de charisme, un modeste employé du KGB qui a franchi patiemment tous les échelons du pouvoir. Mais Bush père, n'avait-il pas été directeur de la CIA? Surtout, Poutine est très populaire dans son pays. Même avec des irrégularités, les urnes ont parlé et exprimé un fort soutien au président russe. Ce qu'on lui reconnait, c'est d'avoir fait surgir une classe moyenne qui constitue maintenant sa base électorale. En contrepoint, il y a la guerre en Tchétchénie, qui ternit incontestablement le tableau.
Ce qui me gêne dans les critiques actuelles de la société russe, c'est qu'elles tendent parfois à exonérer le communisme (70 ans de pouvoir soviétique, tout de même) de ses responsabilités. On nous décrit les ravages de la mafia, de la corruption, des oligarques, de la pauvreté, du capitalisme sauvage: mais à qui la faute? Quelle monde a engendré celui d'aujourd'hui? Le monde d'hier. Je crois aussi que cette description sans indulgence est en partie caricaturale. Bien sûr le crime organisé se développe en Russie, et même en dehors (allez voir le dernier et magnifique film de David Cronenberg, "Les promesses de l'ombre"). Mais la démocratie américaine connaît, depuis longtemps, le même phénomène qui inspire cette fois beaucoup plus d'indulgence (c'est "American gangster " qu'il faut aller voir et qui montre la corruption de la police new-yorkaise dans les années 70). La Russie de Poutine nous est presque aussi méconnue que celle de Brejnev, qui elle aussi, déjà, donnait lieu à caricature (des peuples soumis dans une grisaille sans fin).
De là à ce que Nicolas Sarkozy s'empresse de féliciter Vladimir Poutine pour sa réélection, alors que les autres chefs d'Etat européens sont restés beaucoup plus réservés, il y a un pas (ou plutôt une main!) à ne pas franchir. Il est vrai que notre président s'apprête à accueillir lundi Kadhafi, qui n'est pas, lui non plus, un modèle de démocrate. Mais il y a une vente d'avions Rafale dans la balance! France, patrie des Droits de l'Homme, où es-tu?
Bonne soirée.
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