La gauche à l'envers.
Bonsoir à toutes et à toutes.
Il y a des jours où l'on se demande si le monde n'est pas à l'envers. Le week-end dernier, Jean-Pierre Chevènement a tenu meeting commun contre le nouveau traité européen, avec Dupont-Aignan, un homme de droite, dissident de l'UMP, homme charmant au demeurant puisqu'il critique Sarkozy et son gouvernement, mais homme de droite tout de même, membre de l'UMP il y a encore quelques mois, et qui ne dit pas être passé à gauche. Certes, c'est un micro évènement qui n'a pas fait trembler le paysage politique. Et puis, Chevènement nous a habitués à pire, quand il se rapprochait en 2002 des républicains de "l'autre rive", c'est-à-dire de droite, et qu'il contribuait, avec eux, à la défaite du PS aux présidentielles. J'aimerais que mon parti n'est pas la mémoire courte. J'aimerais surtout que nous nous posions quelques questions:
1- Le MRC de Chevènement est-il réellement sur la même ligne politique que celle du PS? Sur l'Europe, non, à l'évidence. Et pour le reste? Il faudrait vérifier, si nous voulons des alliances sérieuses, solides et durables. Le MRC a profité de la campagne de Ségolène Royal pour se faire pardonner ses fautes et se faire en partie réintégrer dans le giron socialiste. Mais il me faut plus que ça pour que je regarde positivement ce courant qui se veut à gauche et dont le comportement parfois me déconcerte. Se vouloir antilibéral et devenir fan de Ségolène, désolé, mais c'est un peu étrange.
2- Imaginez qu'un strauss-kahnien organise une réunion publique avec un bayrouiste. Que ne dirait-on pas! La gauche du parti, donneuse de leçon, ferait à coup sûr les gros yeux, montrerait du doigt les méchants droitiers. Et aurait un peu raison. Quand je prône l'alliance avec le MoDem, ce n'est pas dans un rapprochement de circonstances, mais à partir d'un projet négocié en commun, d'une alliance en bonne et due forme, qui n'est pas pour le moment à l'ordre du jour, tant que Bayrou ne clarifie pas ses positions politiques et rejette autant la gauche que la droite.
3- Réfléchissez si vous le voulez bien au destin d'un courant de gauche du PS comme celui qu'a incarné longtemps Chevènement. Le CERES, dans les années 70, c'était ce qu'on trouvait de plus à gauche, de plus révolutionnaire au sein du parti. La social-démocratie, il ne fallait pas leur en parler! Rocard, c'était "la gauche américaine", selon l'expression de Chevènement, ce qui vous donne une petite idée de la grande subtilité de notre ex-camarade. Quand on est très à gauche, on évolue parfois d'une drôle de façon ... Que nos camarades d'aujourd'hui, qui occupe la place du CERES d'hier, en fasse un objet de réflexion, s'ils ont envie de réfléchir, très occupés qu'ils sont en ce moment par la recherche de places éligibles dans les listes municipales.
Le monde à l'envers, ce n'est pas que chez les socialistes. Quand je vois ce qui se passe à Lutte Ouvrière, j'ai beau m'accrocher, je tombe à la renverse. Les purs et durs du trotskysme, qui n'avaient pas de mots assez violents pour condamner les socialistes, tous des traîtres à la classe ouvrière, se tournent vers nous pour ... s'allier avec nous dans le cadre des municipales. Quand j'ai entendu ça, je me suis dit: restons calme, réfléchissons, il se passe quelque chose, il doit y avoir une raison, une explication, une cohérence à ce retournement complet de stratégie. Vous voulez savoir? J'ai réfléchi, j'ai beaucoup réfléchi, je n'ai pas trouvé. Le faible score d'Arlette à la présidentielle? Désolé, ce n'est pas une raison valable pour se rapprocher des "socio-traîtres". Au contraire, la marginalisation provoque généralement la radicalisation. Où est l'intérêt tactique, stratégique ou politique pour LO? Je ne vois toujours pas. La pure et intrépide Arlette se compromettre avec des socialistes acquis au capitalisme? Non, j'ai beau chercher, je ne trouve toujours pas.
Dans l'Aisne, la ville de Laon pourrait être concernée par cet appel du pied, puisque Pernelle, de LO, est conseiller municipal et réalise un joli score pour un parti d'extrême gauche. J'ai lu dans la presse locale les déclarations du gaillard. C'est édifiant! Il explique, comme un brave notable de centre droit, que lorsqu'il s'agit de reboucher un trou dans une rue, ce n'est plus un problème de droite ou de gauche. Et puis qu'il est bon de représenter les intérêts des travailleurs où que ce soit. Bin voyons. S'il continue comme ça, Pernelle et ses camarades trotskystes, il va finir à l'UMP. Remarquez bien, les lambertistes, autre tendance du trotskysme, ont fait aussi fort: investir la taupe Jospin jusqu'à Matignon, une brave taupe qui a creusé non pour la révolution prolétarienne mais pour la social-démocratie!
A mes camarades socialistes qui se frottent les mains devant une aussi paradoxale alliance, je demande de se calmer et de réfléchir un peu: quel est notre intérêt, politique, idéologique, électoral, à nous afficher avec LO, organisation trotskyste? J'en vois qui s'excitent, qui exaltent l'union de toute la gauche. Ecoutez, Mitterrand, qui a fait l'union de la gauche, n'a pas une seconde pensé qu'elle pouvait s'étendre à l'extrême gauche. Prudence, donc. J'en vois d'autres, parmi mes camarades, qui font les comptes, additionnent les voix et se disent que c'est tout bon. Je leur dis: arrêtez la calculette, cessez l'opportunisme, on ne gagne une élection que sur des bases politiques très claires, et pas en mêlant l'eau et le feu.
Bonne nuit, à l'endroit, pas à l'envers.
Il y a des jours où l'on se demande si le monde n'est pas à l'envers. Le week-end dernier, Jean-Pierre Chevènement a tenu meeting commun contre le nouveau traité européen, avec Dupont-Aignan, un homme de droite, dissident de l'UMP, homme charmant au demeurant puisqu'il critique Sarkozy et son gouvernement, mais homme de droite tout de même, membre de l'UMP il y a encore quelques mois, et qui ne dit pas être passé à gauche. Certes, c'est un micro évènement qui n'a pas fait trembler le paysage politique. Et puis, Chevènement nous a habitués à pire, quand il se rapprochait en 2002 des républicains de "l'autre rive", c'est-à-dire de droite, et qu'il contribuait, avec eux, à la défaite du PS aux présidentielles. J'aimerais que mon parti n'est pas la mémoire courte. J'aimerais surtout que nous nous posions quelques questions:
1- Le MRC de Chevènement est-il réellement sur la même ligne politique que celle du PS? Sur l'Europe, non, à l'évidence. Et pour le reste? Il faudrait vérifier, si nous voulons des alliances sérieuses, solides et durables. Le MRC a profité de la campagne de Ségolène Royal pour se faire pardonner ses fautes et se faire en partie réintégrer dans le giron socialiste. Mais il me faut plus que ça pour que je regarde positivement ce courant qui se veut à gauche et dont le comportement parfois me déconcerte. Se vouloir antilibéral et devenir fan de Ségolène, désolé, mais c'est un peu étrange.
2- Imaginez qu'un strauss-kahnien organise une réunion publique avec un bayrouiste. Que ne dirait-on pas! La gauche du parti, donneuse de leçon, ferait à coup sûr les gros yeux, montrerait du doigt les méchants droitiers. Et aurait un peu raison. Quand je prône l'alliance avec le MoDem, ce n'est pas dans un rapprochement de circonstances, mais à partir d'un projet négocié en commun, d'une alliance en bonne et due forme, qui n'est pas pour le moment à l'ordre du jour, tant que Bayrou ne clarifie pas ses positions politiques et rejette autant la gauche que la droite.
3- Réfléchissez si vous le voulez bien au destin d'un courant de gauche du PS comme celui qu'a incarné longtemps Chevènement. Le CERES, dans les années 70, c'était ce qu'on trouvait de plus à gauche, de plus révolutionnaire au sein du parti. La social-démocratie, il ne fallait pas leur en parler! Rocard, c'était "la gauche américaine", selon l'expression de Chevènement, ce qui vous donne une petite idée de la grande subtilité de notre ex-camarade. Quand on est très à gauche, on évolue parfois d'une drôle de façon ... Que nos camarades d'aujourd'hui, qui occupe la place du CERES d'hier, en fasse un objet de réflexion, s'ils ont envie de réfléchir, très occupés qu'ils sont en ce moment par la recherche de places éligibles dans les listes municipales.
Le monde à l'envers, ce n'est pas que chez les socialistes. Quand je vois ce qui se passe à Lutte Ouvrière, j'ai beau m'accrocher, je tombe à la renverse. Les purs et durs du trotskysme, qui n'avaient pas de mots assez violents pour condamner les socialistes, tous des traîtres à la classe ouvrière, se tournent vers nous pour ... s'allier avec nous dans le cadre des municipales. Quand j'ai entendu ça, je me suis dit: restons calme, réfléchissons, il se passe quelque chose, il doit y avoir une raison, une explication, une cohérence à ce retournement complet de stratégie. Vous voulez savoir? J'ai réfléchi, j'ai beaucoup réfléchi, je n'ai pas trouvé. Le faible score d'Arlette à la présidentielle? Désolé, ce n'est pas une raison valable pour se rapprocher des "socio-traîtres". Au contraire, la marginalisation provoque généralement la radicalisation. Où est l'intérêt tactique, stratégique ou politique pour LO? Je ne vois toujours pas. La pure et intrépide Arlette se compromettre avec des socialistes acquis au capitalisme? Non, j'ai beau chercher, je ne trouve toujours pas.
Dans l'Aisne, la ville de Laon pourrait être concernée par cet appel du pied, puisque Pernelle, de LO, est conseiller municipal et réalise un joli score pour un parti d'extrême gauche. J'ai lu dans la presse locale les déclarations du gaillard. C'est édifiant! Il explique, comme un brave notable de centre droit, que lorsqu'il s'agit de reboucher un trou dans une rue, ce n'est plus un problème de droite ou de gauche. Et puis qu'il est bon de représenter les intérêts des travailleurs où que ce soit. Bin voyons. S'il continue comme ça, Pernelle et ses camarades trotskystes, il va finir à l'UMP. Remarquez bien, les lambertistes, autre tendance du trotskysme, ont fait aussi fort: investir la taupe Jospin jusqu'à Matignon, une brave taupe qui a creusé non pour la révolution prolétarienne mais pour la social-démocratie!
A mes camarades socialistes qui se frottent les mains devant une aussi paradoxale alliance, je demande de se calmer et de réfléchir un peu: quel est notre intérêt, politique, idéologique, électoral, à nous afficher avec LO, organisation trotskyste? J'en vois qui s'excitent, qui exaltent l'union de toute la gauche. Ecoutez, Mitterrand, qui a fait l'union de la gauche, n'a pas une seconde pensé qu'elle pouvait s'étendre à l'extrême gauche. Prudence, donc. J'en vois d'autres, parmi mes camarades, qui font les comptes, additionnent les voix et se disent que c'est tout bon. Je leur dis: arrêtez la calculette, cessez l'opportunisme, on ne gagne une élection que sur des bases politiques très claires, et pas en mêlant l'eau et le feu.
Bonne nuit, à l'endroit, pas à l'envers.
1 Comments:
C'est que la gauche extrémiste sent bien le vent du boulet de canon, et que cette fois elle ne sera pas épargnée. En nous repositionnant par rapport à nous valeurs, en mettant à plat tout notre système d'alliance, en tenant compte de la mondialisation et de la nécessaire prise en compte du marché nous coupons des liens inutiles. Abandonner le surmoi marxiste du PS fait que la ligne de clivage passe entre la sociale démocratie et l'aile gauche du PS qui devient minoritaire. Faire Bad Godesberg a un coût. L'extrême gauche entend donc bien récupérer nos irrécupérables, et certains rêvent déjà de s'allier à nous. C'est que dans un système bi-polaire qu'impose la vie présidentielle, si l'on est à la marge, on n'existe plus.
By jpbb, at 11:40 PM
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