USA = SS?
Parmi mes découvertes littéraires de la semaine, il y a le roman d'un des plus grands écrivains américains contemporains, Philippe Roth, "Le complot contre l'Amérique", paru en 2004, qui est un incroyable docu-fiction sur une Amérique devenue ... pro nazie. Inattendu parce que les Etats-Unis semblent être, quels que soient leurs défauts, étrangers à tout fascisme. Etonnant parce que l'auteur enracine son récit dans des faits réels, qui entrainent le roman vers l'oeuvre politique. Mais comment la croix gammée pouvait-elle flotter sur la Maison Blanche?
Le point de départ (véridique), c'est un héros américain, le plus grand d'entre tous dans la première moitié du siècle, Charles Lindberg, qui a fait de l'aviation la grande aventure (victorieuse) des temps modernes. Mais ce profil à la Kennedy avant l'heure a des sympathies pour le régime hitlérien. Un autre culte des héros? Et puis, il n'aime pas les juifs, le dit publiquement, prend fait et cause pour la paix, le non engagement américain dans la guerre. Il a pour ami un autre héros américain, mais de l'industrie celui-là, le génial et très antisémite, lui aussi, Henri Ford. A cela s'ajoute l'image du père martyr, puisque Lindberg a perdu son enfant, kidnappé puis tué. En 1941, pour la présidentielle, certains ont poussé Lindberg à se présenter, tellement sa popularité était grande. Il aurait pu, puisqu'il défendait des positions politiques très précises, mais il n'a pas franchi le pas.
C'est là qu'intervient Philip Roth. C'est le privilège de l'écrivain de pouvoir faire franchir ce pas, et de se poser la question, littéraire et politique: que se serait-il passé? Pas de doute, Lindberg, avec son aura, sa jeunesse, son héroïsme, son pacificisme, aurait été élu président des Etats-Unis d'Amérique, battant Roosevelt. Et qu'aurait-il fait? Ce qu'il a promis. D'abord un pacte de non agression avec les puissances fascistes, ensuite une politique d'assimilation des juifs à la nation américaine (c'est-à-dire de discrimination à leur égard). Du coup, un climat d'antisémitisme se développe dans la plus grande, la plus ancienne et la plus solide démocratie au monde. Invraisemblable? Pas plus que la patrie des Droits de l'Homme, la République française, inventant son propre fascisme sous couvert de pétainisme. Mais pour de vrai cette fois.
Finalement, Lindberg va disparaitre dans un accident d'avion au bout d'un an de mandat et les nouvelles élections vont amener cette fois Roosevelt à la présidence, l'Histoire reprenant le cours qu'on lui connait. Cette parenthèse fasciste, aussi fictive soit-elle, nous fait réfléchir sur le destin d'un pays, sur les germes réellement présents qui peuvent ou non se développer et conduire au pire. Bien sûr, Lindberg et Ford, ces deux grands américains, n'étaient pas idéologiquement des nazis. Mais ils étaient notoirement antisémites, et prêts à tout au nom du pacifisme. Pétain non plus n'était pas idéologiquement nazi. Il avait combattu les allemands et ne se montrait pas hostile à la République. On a vu comment tout cela a fini.
Bon après-midi.
Le point de départ (véridique), c'est un héros américain, le plus grand d'entre tous dans la première moitié du siècle, Charles Lindberg, qui a fait de l'aviation la grande aventure (victorieuse) des temps modernes. Mais ce profil à la Kennedy avant l'heure a des sympathies pour le régime hitlérien. Un autre culte des héros? Et puis, il n'aime pas les juifs, le dit publiquement, prend fait et cause pour la paix, le non engagement américain dans la guerre. Il a pour ami un autre héros américain, mais de l'industrie celui-là, le génial et très antisémite, lui aussi, Henri Ford. A cela s'ajoute l'image du père martyr, puisque Lindberg a perdu son enfant, kidnappé puis tué. En 1941, pour la présidentielle, certains ont poussé Lindberg à se présenter, tellement sa popularité était grande. Il aurait pu, puisqu'il défendait des positions politiques très précises, mais il n'a pas franchi le pas.
C'est là qu'intervient Philip Roth. C'est le privilège de l'écrivain de pouvoir faire franchir ce pas, et de se poser la question, littéraire et politique: que se serait-il passé? Pas de doute, Lindberg, avec son aura, sa jeunesse, son héroïsme, son pacificisme, aurait été élu président des Etats-Unis d'Amérique, battant Roosevelt. Et qu'aurait-il fait? Ce qu'il a promis. D'abord un pacte de non agression avec les puissances fascistes, ensuite une politique d'assimilation des juifs à la nation américaine (c'est-à-dire de discrimination à leur égard). Du coup, un climat d'antisémitisme se développe dans la plus grande, la plus ancienne et la plus solide démocratie au monde. Invraisemblable? Pas plus que la patrie des Droits de l'Homme, la République française, inventant son propre fascisme sous couvert de pétainisme. Mais pour de vrai cette fois.
Finalement, Lindberg va disparaitre dans un accident d'avion au bout d'un an de mandat et les nouvelles élections vont amener cette fois Roosevelt à la présidence, l'Histoire reprenant le cours qu'on lui connait. Cette parenthèse fasciste, aussi fictive soit-elle, nous fait réfléchir sur le destin d'un pays, sur les germes réellement présents qui peuvent ou non se développer et conduire au pire. Bien sûr, Lindberg et Ford, ces deux grands américains, n'étaient pas idéologiquement des nazis. Mais ils étaient notoirement antisémites, et prêts à tout au nom du pacifisme. Pétain non plus n'était pas idéologiquement nazi. Il avait combattu les allemands et ne se montrait pas hostile à la République. On a vu comment tout cela a fini.
Bon après-midi.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home