Staline, Poutine.
A la suite de mon précédent billet sur la Russie de Poutine, je vous engage à lire le dernier roman de Marc Dugain "Une exécution ordinaire". Le style très classique de l'écriture m'a ravi, même si l'histoire m'a semblé un peu compliqué (j'avoue avoir failli décrocher vers le milieu de l'ouvrage, mais l'écriture m'a sauvé). C'est dans la même veine que "La malédiction d'Edgar", que je préfère cependant. Celui-ci nous parlait de Kennedy et de la CIA, celui-là nous parle de Poutine et du KGB, avec en ligne de mire la tragérie du sous-marin nucléaire coulé dans la mer de Barents en 2000. Mais tout commence bien avant, avec Staline, et une constante d'un régime à l'autre: le culte du secret, la pratique du mensonge, comme seul un espion comme Poutine peut les pratiquer. A nouveau, Dugain nous entraîne dans une réflexion sur le pouvoir, dont la nature ne varie guère, à l'Est comme à l'Ouest. Je vous livre une pensée que l'écrivain met dans la bouche de Staline:
"Le bon dirigeant d'un empire doit être comme un gros chat, d'une infinie patience, regardant les uns et les autres s'agiter fébrilement. Et puis, alors que plus personne n'est capable d'imaginer cette grosse boule bondissante, elle se déploie. Le pouvoir exige de donner le sentiment qu'on élève une apparente médiocrité au niveau d'un art. Mais ma supériorité, puisqu'il faut bien la reconnaître, c'est d'avoir établi un nouveau rapport entre la vérité et le mensonge. Qu'une goutte de vérité soit versée dans un océan de mensonge, et cette vérité suffit à donner à l'ensemble la couleur de l'authentique. Je n'ai pas de plus grand ennemi que l'instinct élémentaire de chaque individu à vouloir connaître la vérité. Il en est de même de l'autonomie comme de l'indépendance. Je les punis sévèrement dans mon entourage, car elles sont le signe manifeste d'un manque de confiance en moi, donc dans le peuple." (page 33, éditions Gallimard)
Ne croyez pas que ces propos ne valent que pour Staline et sa tyrannie. J'y reconnais bien des traits de beaucoup de pratiques politiques: la médiocrité élevée au rang d'un art, le rejet de la vérité, de l'autonomie et de l'indépendance, pas besoin d'être en Russie soviétique pour les constater.
Bonne nuit.
"Le bon dirigeant d'un empire doit être comme un gros chat, d'une infinie patience, regardant les uns et les autres s'agiter fébrilement. Et puis, alors que plus personne n'est capable d'imaginer cette grosse boule bondissante, elle se déploie. Le pouvoir exige de donner le sentiment qu'on élève une apparente médiocrité au niveau d'un art. Mais ma supériorité, puisqu'il faut bien la reconnaître, c'est d'avoir établi un nouveau rapport entre la vérité et le mensonge. Qu'une goutte de vérité soit versée dans un océan de mensonge, et cette vérité suffit à donner à l'ensemble la couleur de l'authentique. Je n'ai pas de plus grand ennemi que l'instinct élémentaire de chaque individu à vouloir connaître la vérité. Il en est de même de l'autonomie comme de l'indépendance. Je les punis sévèrement dans mon entourage, car elles sont le signe manifeste d'un manque de confiance en moi, donc dans le peuple." (page 33, éditions Gallimard)
Ne croyez pas que ces propos ne valent que pour Staline et sa tyrannie. J'y reconnais bien des traits de beaucoup de pratiques politiques: la médiocrité élevée au rang d'un art, le rejet de la vérité, de l'autonomie et de l'indépendance, pas besoin d'être en Russie soviétique pour les constater.
Bonne nuit.
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