Génération d'après.
J'évoquais à midi les élections américaines. Je les suivrais avec autant d'attention que les élections municipales en France. D'abord parce que toute élection m'intéresse, ensuite parce que la vie politique américaine m'intéresse. Là-bas, c'est la fin de l'ère Bush, très impopulaire. Il n'y a plus que Sarkozy pour aimer se faire photographier à ses côtés. L'heure des démocrates est-elle arrivée? Je le souhaite. Deux fortes personnalités se partagent les voix des progressistes américains, ce qui est déjà un point positif, le Parti démocrate n'ayant pas toujours eu par le passé des candidats de poids. Hillary Clinton part auréolée du prestige de la double présidence de son mari, de son combat pour réformer le système de santé et, bien sûr, de son image de femme, possible première présidente de l'Etat le plus puissant du monde. Barack Obama représente la jeunesse (bien qu'il ait 46 ans) et surtout la minorité noire, et par delà, l'ensemble des minorités qui constituent ce grand pays d'immigration. Une femme ou un afro-américain à la Maison Blanche, dans l'un ou l'autre cas, ce serait une révolution pour l'Amérique et par conséquent pour le monde!
Et puisque je parle de révolution, je vous recommande le numéro spécial de Courrier international de décembre 2007, consacré au thème sur lequel je travaille pendant ces vacances, en vue de la commémoration que vous savez: "Que reste-t-il de 68?" Le 40ème anniversaire s'annonce particulièrement riche, la presse internationale en parle. Car 68 est un évènement mondial, qui passe par San Francisco, Prague ou le Japon. Ce que je regrette vivement dans ce magazine, c'est que la date de parution des articles cités n'apparaisse pas précisément. Parmi ces articles, un a retenu spécialement mon attention puisqu'il est consacré au match entre Hillary Clinton et Barack Obama sous un angle particulier, la différence des générations, les années 60 pour Hillary, les années 70 pour Barack. Extrait:
"La génération des années 1960 avait fait des vagues. La génération d'après a suivi un parcours relativement lisse. La génération des années 1960 avait dû se colleter à la complexité morale de la guerre du Vietnam. La génération d'après a observé d'un oeil goguenard l'invasion américaine de la Grenade [fin octobre 1983]. La génération des années 1960 avait fait du volontariat dans le Peace Corps [organisme d'aide au développement des pays du tiers-monde]. La génération d'après a rejoint les entreprises et les cabinets d'avocats. La génération des années 1960 s'est battue pour obtenir des droits. La génération d'après est partie du principe qu'ils étaient acquis. La génération d'après n'a pas d'histoires à raconter ... ni sur le Vietnam, ni sur les trips à l'acide, ni sur les manifs pour la paix, ni sur l'amour libre, et j'en passe ... Pis, nous n'avons même pas de musique dont nous pourrions être fiers. La génération des années 1960 avait les Beatles, Bob Dylan, Janis Joplin, Marvin Gave. La génération d'après a eu le disco."
Je vous ai cité cet extrait désenchanté parce que j'appartiens à cette "génération d'après" qui est redevable aux grands frères de 1968 et que je me reconnais dans ce désenchantement. En Mai, j'avais 8 ans et je n'ai pas eu conscience de l'évènement. En 1979, quand je suis étudiant dans la très gauchiste université de Vincennes, les slogans sur les murs sont fanés. Au début des années 80, Le Nouvel Observateur titre sur "la bof génération", Bernard Tapie devient une vedette et en 1984, c'est la fin de tout: je coupe mes cheveux qui flottaient fièrement sur mes épaules depuis 7 ans. Il n'y a que la création de SOS-Racisme en 1985, à laquelle je participe, qui redonne un goût de 1968. Pire que n'avoir pas connu 1968, être né à la politique juste après 1968! Mais pas de nostalgie: ce que sera peut-être Barack Obama, le premier noir président des Etats-Unis, il le devra à Hillary Clinton, celle qui sera peut-être la première femme présidente des Etats-Unis.
Good afternoon.
Et puisque je parle de révolution, je vous recommande le numéro spécial de Courrier international de décembre 2007, consacré au thème sur lequel je travaille pendant ces vacances, en vue de la commémoration que vous savez: "Que reste-t-il de 68?" Le 40ème anniversaire s'annonce particulièrement riche, la presse internationale en parle. Car 68 est un évènement mondial, qui passe par San Francisco, Prague ou le Japon. Ce que je regrette vivement dans ce magazine, c'est que la date de parution des articles cités n'apparaisse pas précisément. Parmi ces articles, un a retenu spécialement mon attention puisqu'il est consacré au match entre Hillary Clinton et Barack Obama sous un angle particulier, la différence des générations, les années 60 pour Hillary, les années 70 pour Barack. Extrait:
"La génération des années 1960 avait fait des vagues. La génération d'après a suivi un parcours relativement lisse. La génération des années 1960 avait dû se colleter à la complexité morale de la guerre du Vietnam. La génération d'après a observé d'un oeil goguenard l'invasion américaine de la Grenade [fin octobre 1983]. La génération des années 1960 avait fait du volontariat dans le Peace Corps [organisme d'aide au développement des pays du tiers-monde]. La génération d'après a rejoint les entreprises et les cabinets d'avocats. La génération des années 1960 s'est battue pour obtenir des droits. La génération d'après est partie du principe qu'ils étaient acquis. La génération d'après n'a pas d'histoires à raconter ... ni sur le Vietnam, ni sur les trips à l'acide, ni sur les manifs pour la paix, ni sur l'amour libre, et j'en passe ... Pis, nous n'avons même pas de musique dont nous pourrions être fiers. La génération des années 1960 avait les Beatles, Bob Dylan, Janis Joplin, Marvin Gave. La génération d'après a eu le disco."
Je vous ai cité cet extrait désenchanté parce que j'appartiens à cette "génération d'après" qui est redevable aux grands frères de 1968 et que je me reconnais dans ce désenchantement. En Mai, j'avais 8 ans et je n'ai pas eu conscience de l'évènement. En 1979, quand je suis étudiant dans la très gauchiste université de Vincennes, les slogans sur les murs sont fanés. Au début des années 80, Le Nouvel Observateur titre sur "la bof génération", Bernard Tapie devient une vedette et en 1984, c'est la fin de tout: je coupe mes cheveux qui flottaient fièrement sur mes épaules depuis 7 ans. Il n'y a que la création de SOS-Racisme en 1985, à laquelle je participe, qui redonne un goût de 1968. Pire que n'avoir pas connu 1968, être né à la politique juste après 1968! Mais pas de nostalgie: ce que sera peut-être Barack Obama, le premier noir président des Etats-Unis, il le devra à Hillary Clinton, celle qui sera peut-être la première femme présidente des Etats-Unis.
Good afternoon.
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